chap cinq

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Il n'y avait personne d'autre que Godefroy qui détestait Vidia à ce point.

On lui avait dit qu'il n'était pas obligé de passé les qualifications physique et stratèges puisqu'il n'était à l'Institut S.-H. que depuis deux jours, donc déjà très peu qualifié à la base, mais il avait insisté. Ce dimanche matin, il rentra dans la salle de cours de combat avec confiance, sa musique préférée jouant en boucle dans ses écouteurs.

I, I wish you could swim

Like the dolphins

Like dolphins can swim

Though nothing, nothing will keep us together

We can beat them, forever and ever

Oh, we can be heroes just for one day

- Hey! Les téléphones sont interdits! l'averti un examinateur.

- C'est un mp3, corrigea Godefroy.

- Peu importe. C'est interdit. Confisqué!

Il remit son mp3 à l'examinateur, en étouffant quelques jurons, puis parti rejoindre les autres mutants.

- Jokes on him! Je connais les paroles par cœur. J'ai juste à les chanter dans ma tête, ça fera la même chose, se-dit-il.

Godefroy s'installa à l'écart du groupe pour observer. Il n'aimait pas se mélanger à la foule. Surtout pas quand la foule était un ramassis aussi déplorable de mutants. Il valait mieux que n'importe qui d'entre eux, Godefroy en était persuadé. C'est sûr qu'il allait être choisi pour faire partie de l'Escadron

- I, I will be King... And you, you will be Queen...

Le premier exercice consistait à quelque chose d'extrêmement rudimentaire : le combat un à un, à mains nues. Pour ce faire, on avait installé un ring au milieu de la pièce, où les mutants s'affrontaient un avec l'autre.

- Salut, frère. Tu chantes quoi?

-Ah!

Moe l'avait surpris.

-Rien d'important. Je ne m'attendais pas à te voir ici...

-Ouais, c'est obligatoire, expliqua Moe en haussant les épaules. Mais je vais me battre avec Hepzie donc ça va être rapide. J'aurais juste à me laisser tomber à son premier coup et m'enfuir du ring en roulant de fausse-douleur.

-Wow.

Quand vint son tour, il fit exactement comme il avait dit. Godefroy ne comprenait pas son niveau de paresse. Son pire cauchemar serait de perdre devant autant de spectateurs. Moe était un tout autre niveau de confiance inébranlable en lui-même.

-Though nothing will drive them away... We can be heroes just for one day...We can be us just for one day...

Éventuellement, ce fut le tour de Godefroy. Il frappa ses poings ensemble, s'étira les jambes et monta sur le ring. Il était prêt à n'importe quel adversaire... sauf elle.

-C'est une blague?

Devant lui se tenait Phoebe Baudelaire, onze ans, pratiquement la moitié de sa taille.

-Un problème? demanda l'examinateur.

-Heu, ouais! Vous voulez que je me batte contre cette petite fille! Regardez-là, elle a des fleurs dessinées au feutre sur le bras! Ce n'est pas une adversaire digne de m...!

Godefroy n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il fut saisi par le bras, propulsé dans les airs, et plaqué sur le sol. Il en eût le souffle coupé, littéralement.

-C'est plutôt toi qui n'es pas un adversaire digne de moi! lança Phoebe.

Elle posa son pied sur sa cage thoracique, sous les cris hilares du publique. Les oreilles de Godefroy devinrent rouges.

-J'imagine que tu ne savais pas que Pheobe Baudelaire était ceinture noire de judo? dit Vidia en s'avançant sur le ring.

-Ça veut dire quoi? marmonna Godefroy, furieux.

-Ça veut dire qu'elle est expérimentée au combat comme quelqu'un de dix ans plus vieux que toi!

La foule se mit à rire et à siffler. Godefroy ne pouvait pas supporter ça. Il se mit à gigoter désespérément, tentant de se libérer.

-Allez, sans rancune, dit Phoebe en l'aidant à se relever.

Elle sortit du ring, mais Godefroy resta là.

-Elle m'a pris par surprise! Je - je lui ai laissé une chance!! se défendit-il.

Vidia roula des yeux.

-C'est assez triste de te voir comme ça, commenta-t-elle. Allez, je te laisse une autre chance. J'imagine que tu n'as pas d'objection à te battre contre moi. Suis-je une adversaire assez à ta taille?

Elle était plus grande que lui, en fait. Et plus vielle. De deux ans. L'ironie faisait rire la foule. Mais Godefroy n'était animé que par la rage. Battre Vidia, capitaine de l'Escadron, ce serait une preuve pour tout le monde ici qu'il était un mutant badass.

Pour le spectacle, il prit longtemps à l'observer d'un air méprisant.

-Hum... J'imagine que tu feras l'affaire, dit-il en haussant les épaules.

La foule échappa un « ohhhhhhhhhhhhhh » comme s'il avait sorti le roast du siècle.

Vidia craqua ses phalanges.

-Vas-y quand tes prêts.

-ARGHHHH!!!

Godefroy fonça tête première. Vidia arrêta son poing, esquiva sa jambe, puis fit un salto arrière. Elle se servit de lui comme appui pour son élan, ce qui eut pour effet de le pousser vers l'arrière. Dé séquilibré, il recula de plusieurs pas, trébucha sur le bord du ring et s'affaissa sur le sol.

Tout le gens présents se rassemblèrent autour de lui, à moitié crampés de rire, à moitié inquiets.

-Ça va? demanda Vidia. Godefroy, j'espère que je ne t'ai pas causé trop... d'effroi.

-Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!!!

La foule réagissait exponentiellement à ce jeu de mot minable. Mais c'était assez pour que Godefroy se lève, pousse tout le monde sur son chemin et s'enfuit en courant. À peine trois jours à cette académie et il avait déjà subi une humiliation publique.

And the shame, was on the other side

Oh, we can beat them, forever and ever

Then we could be heroes just for one day

Rendu dans sa chambre, il jura qu'il ferait tout en son pouvoir pour se venger de Vidia. Et lorsque Godefroy employait le mot « vengeance », ce n'était jamais en vain.


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Les mutants décevantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant