Prologue

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Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mort de mon père. Cela fait maintenant deux ans qu'il est décédé dans cet accident de la route, accident dans lequel j'étais présent.

J'étais bien aux côtés de mon père lors de son décès, j'étais bien dans cette voiture ayant été percutée et projetée dans le lac près de la montagne Cepheus. Pour une raison inconnue, le conducteur du poids lourd nous ayant emboutis avait fait une brusque embardée en notre direction et nous avait entraînés jusqu'au lac, lac traditionnellement surnommé le Vathýs : le lac profond. Nous avions rapidement coulé. Tout simplement.

Je n'avais pas eu le temps de réaliser ce qui se passait et en moins de quelques secondes, j'étais plongé dans la noirceur la plus totale alors que je nous sentais nous enfoncer dans les abîmes de ce lac aux multiples légendes. À tâtons, j'avais réussi à détacher ma ceinture. Ma première réaction avait été de secouer mon père, que je sentais à côté de moi, mais rapidement, le besoin d'air m'avait fait revoir mes priorités. J'avais ouvert la portière, dans ce noir absolu, et avais nagé jusqu'à la surface, suivant la direction dans laquelle mon corps semblait vouloir aller. J'aurais très bien pu prendre la mauvaise direction et m'enfoncer encore plus dans cette étendue d'eau magnifique vue des airs, mais beaucoup moins vue du fond — surtout en raison du fait qu'on n'y voit absolument rien de ce point de vue. La thèse de la mauvaise direction est d'ailleurs une réflexion que j'eus alors que je commençais à m'épuiser et que je ne voyais toujours pas la lumière de la surface. Mes membres me brûlaient alors que mon corps voulait se figer en raison de l'eau glacée dans laquelle je luttais pour ma vie.

Puis, j'avais aperçu un bleu. D'abord très foncé, puis de plus en plus pâle. L'adrénaline m'avait donné un dernier regain d'énergie et j'étais parvenu à la surface. La première bouffée d'air que j'avais inspirée avait eu la sensation d'une brûlure. C'était la plus merveilleuse des sensations. J'avais nagé jusqu'au bord le plus près et avais vu des gens s'approcher de moi. Le reste est flou. Je sais que les autorités et les services de secours sont arrivés et que j'ai été transporté à l'hôpital par précaution. Je sais aussi que c'est là qu'on a m'a confirmé la mort de mon père. Je ne garde aucun souvenir des jours suivant l'annonce de cette fatidique nouvelle.

L'état de ma mère, qui était en phase terminale de son cancer généralisé, ne s'était que détérioré davantage après la mort de mon père. Alors que les médecins lui avaient donné un pronostic d'environ quatre mois à vivre, soit jusqu'à la toute fin de l'été, elle était partie au bout de cinq semaines...

Sa mort, bien que tout aussi tragique et injuste que celle de mon père, ne m'avait pas autant affecté : j'étais préparé depuis longtemps. Ma mère se battait avec le cancer depuis mon adolescence, soit depuis près de dix ans. Elle était forte, on ne cessait de le lui dire. Mais nous savions tous qu'un jour, son corps lâcherait. La mort de mon père, ce coup extrêmement dur à supporter émotionnellement, ne l'avait qu'affaiblie encore plus et la maladie avait eu raison d'elle.

Des gens de ma famille étaient venus m'épauler suite à ces départs inattendus. Certaines tantes étaient même restées avec moi pendant plusieurs mois. Quand vint le temps de reprendre les cours, en septembre, nous avions ensemble décidé de vendre la maison et de me louer un appartement, qui conviendrait davantage à mes besoins et à mes moyens.

La première année sans mes parents avait été la plus difficile. Je ne pouvais plus compter sur eux, et n'ayant ni frère ni sœur, j'avais quelque peu le sentiment de me retrouver seul au monde. Heureusement que ma seconde année d'université me permettait de me concentrer sur ce que j'aimais le plus, soit la nature. Cela m'aidait toujours beaucoup à me sentir mieux et à me ressourcer. Que ce soit par son étude ou par son exploration sur le terrain, elle m'apportait un sentiment de quiétude et de paix sans pareil.

Mon endroit préféré restait la montagne Cepheus. C'est là que j'avais passé la dernière journée avec mon père, qui avait décidé de m'y emmener pour mon anniversaire, ma mère étant trop malade pour que nous organisions quoi que ce soit. Mais cela me convenait très bien. J'adorais passer du temps avec mon père. C'était un homme de la plus grande gentillesse. Il était facile de lui parler ; il était toujours à l'écoute.

Cette journée passée avec lui n'aurait pas pu être meilleure. Le soleil était au rendez-vous, les oiseaux chantaient en cette fin de printemps et la bonne humeur était de sortie. Nous nous étions rendus jusqu'au sommet, où nous avions pris le temps d'observer le lac. Nous avions longuement parlé, notamment de tout le mystère entourant cette montagne.

Nous savions que notre monde comportait des éléments que nous, simples mortels, n'étions pas capables d'expliquer, mais cela ne nous empêchait pas de nous prendre au jeu et d'imaginer.

 À notre descente, j'avais confié à mon père que j'étais vraiment content de notre journée, ce à quoi il m'avait répondu que lui aussi.

Ce fut les dernières choses que nous nous dîmes.

***

Bonjour et bienvenue sur cette petite histoire. J'espère qu'elle vous plaira et qu'elle vous fera passer un bon moment. Laissez autant de commentaires que vous voulez, les lire est ce que j'adore le plus faire après écrire. Aussi, n'hésitez pas à me signaler gentiment, dans les commentaires, les petites coquilles afin que je puisse les corriger. Merci beaucoup et bonne lecture !

Cath ♡

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