Chapitre 6 - Et moi tu me dessinerais comment ?

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J'ai rêvé de Polaris.

Nous étions ensemble, seuls dans cette clairière, sous la lumière de la lune. Impossible pour moi de me souvenir de son apparence, mais le sentiment de bonheur ressenti à cet instant est toujours bien logé dans ma poitrine. Mon cœur bat toujours si fort et je pose ma main dessus pour tenter de l'aider à se calmer, à reprendre un rythme normal.

Je repense à ma main sur sa joue, à mes doigts contre sa peau si douce et pourtant si fraîche. Je ressens sa présence près de mon corps, son visage près du mien. Et cette envie irrésistible de sceller ses lèvres aux miennes...

Après plusieurs minutes à sourire étendu là, comme un débile, je me lève et me prépare en vitesse. Je passe rapidement sous la douche, puis enfile quelques vêtements frais, l'été commençant à bien s'installer.

J'attrape mes clés de voiture, puis mon carnet de dessin sur mon bureau de travail que je glisse dans mon sac. Je passe une dernière fois devant le miroir de l'entrée et me surprends avec ce sourire toujours scotché au visage. Cela ne me fait que sourire de plus belle et bientôt, je me rends compte de la douleur dans mes joues. J'appuie dessus avec mes mains, comme si cela allait réellement m'aider à faire disparaître ce sourire. Mais évidemment, rien n'y fait. Je me résigne.

Je sors et mets le contact. Je suis prêt à aller retrouver Polaris à nouveau.

***

Le temps est ensoleillé et cela ne fait qu'accentuer mon excitation. De plus, cela sera absolument parfait pour capturer sur le papier l'essence envoûtante de la clairière.

Je me dirige vers le pont, mon petit sac sur le dos. Je me sens comme un enfant le matin de Noël, cette bonne humeur m'habitant depuis le réveil. J'espère que ce rêve, Polaris me permettra de le réaliser en vrai.

Je glisse au bas de la pente, puis salue Polaris alors que je glisse mon corps le long du mur de pierres. Polaris me salue en retour, une joie non dissimulée dans la voix.

— Tu es venu hier et pourtant, j'avais trop hâte que tu reviennes.

Ces paroles, sorties de nulle part, me réchauffent le cœur davantage — comme s'il ne bouillait pas déjà — et j'intime à Polaris que j'avais aussi très hâte de revenir. Un sourire plaqué sur le visage, je pose mon sac à côté de moi et j'en sors mon carnet ainsi que mon crayon. J'appuie le cahier sur mes cuisses et me mets pensivement à observer ce qui m'entoure, le crayon de bois en main.

Je fixe le sol de terre, dégarni de toute herbe. Puis, j'observe les arbres tout autour, formant une sorte de barrière d'avec le reste du monde, leur cime semblant chatouiller les quelques nuages blancs dans l'étendue d'azur du ciel.

Après quelques secondes d'admiration artistique, le graphite touche enfin le papier en de larges gestes abstraits et flous. Un léger son de frottement se fait entendre dans le doux silence ensoleillé.

— Que fais-tu ? demande curieusement Polaris.

— Je dessine.

— Tu dessines quoi ?

Je lève les yeux de mon carnet pour jeter une nouvelle fois un coup d'œil autour de moi.

— Je dessine cet endroit. C'est si magnifique si tu savais... réponds-je pensivement.

J'entends Polaris souffler un sourire.

— Tant mieux si tu t'y plais.

Je souris. Je garde pour moi que ce qui rend cet endroit d'autant plus beau, c'est sa présence près de moi, dans ce tunnel. Je mords ma lèvre doucement, refoulant en moi cette pensée qui, si tôt, pourrait tout gâcher.

Je trace sur le papier quelques lignes directrices, lignes approximatives, tracées très pâles. Elles me serviront de base pour mon dessin.

— Tu dessines depuis longtemps ? me demande Polaris.

Je réfléchis un moment, plongeant dans mes souvenirs. Je me souviens de mon premier cahier de dessin, reçu de la part d'une de mes tantes, vers mes neuf ans. J'avoue que je n'ai pas su quoi en faire sur le moment, mais vite, j'ai cédé à la tentation des pages blanches immaculées. J'étais très mauvais au début, mes dessins ressemblant plus à des brouillons qu'autre chose. Puis, avec le temps, je me suis amélioré.

J'ai appris de nouvelles techniques et je les ai perfectionnées. J'avais cette volonté de pouvoir un jour représenter sur papier les différents évènements ne vivant que dans mon imagination. Je voulais pouvoir les voir, pouvoir leur donner un repère physique, leur donner vie. Je voulais garder une trace de ces scènes de mon esprit, scènes que je savais impossibles à vivre dans la réalité.

Pour le moment, je m'étais contenté d'objets et de personnes réelles que j'avais pu observer et dont je connaissais tous les détails. Je n'avais pas encore osé me plonger dans les profondeurs floues de mon imagination, préférant pour le moment m'en tenir à la réalité, à ce que je connais. À ce qui ne m'implique pas directement...

— Depuis mes neuf ans, réponds-je enfin à Polaris.

Sur la feuille, je trace des esquisses de troncs d'arbres formant le contour de la clairière. Très légèrement d'abord, puis de plus en plus prononcées, les lignes se distinguent les unes des autres. Le dessin commence à prendre forme sous mes doigts.

Pendant plusieurs minutes, seul le faible son du graphite sur le papier se fait entendre. Le silence naturel est doux.

— Tu as déjà dessiné des gens ? me surprend Polaris doucement, comme perdu dans ses pensées aussi.

— Oui, avoué-je. Mes parents.

Polaris ne répond rien et cela me va. Je n'ai aucunement envie de me lancer dans cette discussion sur mes parents en ce moment, ne voulant pas gâcher ma bonne humeur et la magie de ce moment.

— Et moi, si tu devais me dessiner, tu me dessinerais comment ?

Ma main cesse son mouvement sur le papier et mon regard se fixe sur mon début de dessin. Mon cœur accélère légèrement et ma gorge semble se serrer. Je lève les yeux devant moi et déglutis. Pendant plusieurs secondes, mon esprit tente de donner une forme à cet être à mes côtés. Mais il n'y parvient pas.

— Je ne sais pas... Il faut que je réfléchisse.

***
Coucou !

Je n'ai plus trop l'habitude de faire des petits messages en fin de chapitre, mais à cette étape de l'histoire, j'avais envie de savoir, jusqu'à maintenant, ce que vous pensez de ce petit récit.

Pour ceux qui ont vu Skam France, trouvez-vous que j'ai bien adapté le scénario d'Eliott ? Était-ce que ce que vous aviez en tête ? Partagez-moi tout ça, je suis curieuse.

Avez-vous jusqu'ici réussi à relever les citations de Skam à travers le texte ? J'ai adoré m'en servir et les glisser ici et là.

Et sinon, l'histoire en général vous plaît ?
Vous aimez Loriam ?
Et puis comment trouvez-vous Polaris ?
Sa nature vous intrigue-t-elle autant que Loriam ?

Lire vos avis et commentaires me fait toujours tellement plaisir, du coup n'hésitez pas à relire et à me spammer autant que vous voulez. Je ne vous aimerai que davantage !

À bientôt !

Bisous,
Cath xoxo

POLARIS [Skam France]Where stories live. Discover now