Abandon

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C'était la fin de l'automne. Les arbres commençaient à perdre leur parure d'or et de feu et le temps se refroidissait progressivement.

Dans les sous bois denses de la forêt du Haut Vernon, 3 cavaliers masqués menaient  leurs chevaux sans un bruit entre les arbres. Hors du sentier l'avancée est dangereuse car le sol est recouvert d'herbes hautes et il est impossible de savoir où l'on met les pieds. Il faut donc redoubler de vigilance pour ne pas marcher sur quelconque serpent ou piège posé par des chasseurs. 

Ils se suivaient en file indienne, le dernier tenant contre lui un jeune enfant ligoté.

Soudain un cri déchira le silence:

-Ah, le sale gosse, il m'a mordu!! s'écrie le dernier

Le second cavalier se retourna :

-Encore ! Je t'avais dit de le bâillonner !

Le premier cavalier se retourna à son tour :

-Silence vous deux. J'en ai marre d'entendre vos plaintes à longueur de journée ! On va bientôt s'en débarrasser.

-Sauf votre respect mon seigneur, on s'est donné tout ce mal pour l'abandonner dans la forêt?  Et la rançon ?

-Il n'y aura pas de rançon. Rappelez vous. On doit seulement le faire disparaitre.

-Mais ? ...

-Ce sont les ordres. Taisez vous maintenant, je ne veut plus vous entendre.

La marche difficile à travers la forêt reprit.

Au bout de plusieurs heures, chevaux et cavaliers commencèrent à montrer des signes de fatigue . Le chef leur fit signe de s'arrêter. Ils étaient arrivés à une clairière.

-On le laisse là.

-Mais quelqu'un risque de le trouver, et s'en sera fini de nous ! S'exclama le cavalier qui portait l'enfant.

-Me prend tu vraiment pour un idiot ? Il n'y a personne à des lieues et des lieues à la ronde, d'autant plus que les premières neiges ne tarderont plus. C'est trop dangereux. De toute façon il sera mort de froid ou de faim avant l'arrivée de la belle saison .

Basile je te laisse le choix de le tuer ou de le laisser ici . Fais ce que tu as à faire et rejoint nous.

Les 2 autres cavaliers s'éloignèrent sous les yeux de Basile, perplexe. Il n'hésita pas longtemps. Il descendit l'enfant du cheval, le délia et caressa un instant ses boucles noires comme la nuit. L'enfant leva alors vers lui ses yeux bleus.

Émerveillé par sa beauté, il lui murmura tendrement:

-Ne m'en veut pas de t'avoir traité de "sale gosse" tout à l'heure,  à leurs yeux je suis sensé te détester, tu comprend ?

L'enfant acquiesça.

-Ne t'inquiète pas, je ne te tuerais pas, et je prierait afin que tu puisse trouver quelque âme charitable sur ton chemin et qu'elle te vienne en aide.

Il sortit son mousquet et tira en l'air avant d'enfourcher sa monture et de disparaitre dans les broussailles ...

L'enfant ne bougea point, fixant le lieu ou le cavalier venait de disparaitre.

Il attendit. La nuit tomba très vite. Assis dans l'anfractuosité d'un rocher, il claquait des dents, se recroquevillant sur lui même .

Soudain, il aperçut quelque chose bouger dans les buissons.

Deux lueurs jaunes apparurent, puis 4 , puis 6. Elle l'encerclaient. De plus en plus nombreuses...






Aika,  Mousquetaire du RoiKde žijí příběhy. Začni objevovat