Chapitre 3: Nuances

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Markus

            Je traversais un parc en centre-ville, le ciel était bleu, les oiseaux chantaient de leurs justes mélodies. J’avais du temps devant moi, alors je regardais les activités des humains dans les environs : tous étaient accompagnés de leur android : ils bavardaient, certains les aidaient à se relever du banc pendant qu’il y en avait qui jouaient à la balle, tandis que d’autres couraient.

Je suis sorti du parc pour me retrouver à marcher sur la place du centre-ville, place entourée de buildings puis de rues remplies d’activités de divertissements et de magasins. Je devais me rendre dans l’une de ces rues pour aller acheter un paquet de peintures pour mon propriétaire, qui est artiste peintre. J’ai attendu que les voitures passent et j’ai traversé sur les lignes du passage piéton quand elles devinrent vertes. J’entendis au loin des cris de manifestants humains contre les androids et je me suis dit qu’il valait mieux pour moi que je ne passe pas près d’eux.

Je me suis avancé vers la fontaine, positionnée au centre de la place. Un humain guitariste chantait pour faire la manche et j’ai vu une pancarte en carton placée sur le rebord de la fontaine avec d’écrit « Musique humaine ! 1$ pour écouter de la musique avec une âme ! » et je suis parti.

A côté d’un building, un autre humain, qui portait un smoking avec un petit drapeau américain, faisait un discours devant une dizaine de personnes. Je me suis arrêté pour entendre ce qu’il disait.

-Dieu ne laissera pas ses créations se faire dérouter par ces démons artificiels !

Il me vit à côté des autres humains et se tourna vers moi, les sourcils froncés.

-Pourquoi tu me regardes comme ça, démon ? Je sais qui tu es, je peux voir en toi… Tu es celui dont le mal viendra, tu es celui qui détruira Detroit !!!

Il recula après ces paroles et je suis parti sans rien dire en direction de la boutique de peintures.

           

            Je me suis retrouvé dans une ruelle parmi tant d’autres, avec quelques boutiques high-techs, un cinéma qui mettait en avant les affiches de la semaine et la boutique que je cherchais. J’ai ouvert la porte de la boutique et j’ai regardé les étagères remplies de pots de peintures de toutes les couleurs. Mon propriétaire m’a toujours habitué à vivre dans l’art et j’aime bien cet univers-là.

Je me suis avancé vers la caisse, le vendeur était lui aussi un android. C’est pour cela que certains humains nous détestent tant : les androids ont pris leur travail. J’ai posé ma main sur un scanner d’identité pour demander ma commande.

-Identification vérifiée, dit le vendeur, voici votre commande #847, cela fera 63.99$. Confirmez votre paiement s’il-vous-plait.

J’ai payé grâce à ma LED, que l’on pourrait décrire comme un petit cercle bleu brillant, positionnée sur la tempe de chaque android. Elle permet de faire obéir les androids et peut devenir jaune lorsque celui-ci est en réflexion ou rouge lorsqu’il est en danger.

-Paiement confirmé, ai-je répondu.

Le vendeur me tendit le paquet de peinture et j’ai pris la même porte auquelle je suis entré.

            Pour repartir dans la maison de mon propriétaire, je devais prendre le transport en commun. En général, les androids devaient stationner sous un arrêt de bus conçus exprès pour eux et monter à l’arrière du transport. Mais à cet endroit vous êtes serrés et debout, tandis que les humains sont dans les trois quarts du reste du bus, à l’avant, assis confortablement.

Pour y arriver, j’étais obligé de passer devant les manifestants de tout à l’heure. Plus je m’approchais d’eux et plus j’appréhendais.

-QUE VOULONS-NOUS ? dit la voix d’un homme manifestant.

-LE DROIT DES TRAVAILLEURS !!! répondirent en cœur les autres.

-QUAND EST-CE QU’ON LE VEUT ?

-MAINTENANT !!!

Ça y est, je passais devant eux, le regard posé devant moi. Mais l’homme, qui devait être le leader du groupe de manifestants, âgé d’une trentaine d’années, s’est interposé devant moi et me coupa dans mon élan.

-Où est-ce que tu comptes aller comme ça hein ? me demanda-t-il. Regardez les gars, on a l’une de ces boîtes de conserves parmi-nous…

La dizaine de personne m’a alors entourée, m’empêchant de m’échapper, et ont commencés à me pousser, ce qui me fit tomber à terre moi et mon paquet de peinture. Je n’arrivais plus à me relever.

-Regardez-le, dit l’une d’entre-eux, il a pris notre travail mais il sait pas se relever !

Tous riaient jusqu’à ce que j’arrive enfin à me lever et à tendre le bras pour récupérer ma commande qui avait atterri un mètre plus loin. Mais le leader m’a alors attrapé par le bras.

-T’iras nulle part, tu vas voir ce qu’on va te faire !

Un policier s’est alors interposé entre nous deux.

-Ok ! Ça suffit maintenant, dit-il. Laissez-le partir.

-Laissez-nous donner à ce batard une bonne leçon, a rétorqué l’homme.

-Vous l’avez endommagé… je vais devoir vous donner une amende, répondit formellement le policier.

Le leader m’a alors lâché.

-Ils vont te voler ton travail à ton tours… on verra bien comment tu réagiras, fini par-t-il dire au policier.

J’ai enfin pu finir mon trajet. Ma commande en main, j’ai attendu sous mon arrêt de bus jusqu’à ce que le transport arrive enfin. Je suis monté, et, comme d’habitude, j’étais une fois de plus serré par les autres androids. Je n’avais plus qu’à attendre d’être arrivé à destination pour arrêter ce calvaire.

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