Chapter 1: Sydney, me voilà!

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J’appuie de toutes mes forces sur la valise pour qu’elle se ferme. Sans succès. Je soupire. Mélanie, ma meilleure amie, s’approche et s’exclame :

-       "Allez, j’appuie, tu fermes. Ok ?"

-       "Ok."

Alors elle appuie et je tire sur la fermeture éclair. Mel me sourit tristement. Je sais très bien ce qu’elle pense : c’est génial que je puisse faire partie de ce programme, mais je serais loin d’elle, loin de ma vie ici, en France.

-       "Tu vas me manquer Mel", je murmure en sentant les larmes me monter aux yeux.

-       "Moi aussi June, mais tu vas voir, dans un an, tu vas revenir et tu seras totalement guérie ! Et tous les soirs on se verra par Skype !"

Je lui souris avant qu’elle ne me prenne dans ses bras. Alors je sens des larmes couler le long de mes joues. Oui, je n’arrive pas à m’imaginer ma vie loin de Mel, loin de mon frère, de mes parents.

-       "Hey June, on n’est même pas encore à l’aéroport et tu pleures déjà ! Gardes tes larmes pour le jour où on t’annonceras que tu seras guérie. Ok ?"

Je ne réponds pas. Je cligne des yeux pour chasser mes larmes avant de m’écarter des bras de mon amie et de sourire. Ses yeux verts me fixent et j’ai l’impression qu’elle peut lire en moi comme dans un livre ouvert. C’est sûrement le cas d’ailleurs, je suis trop expressive, beaucoup trop. Soudain, mon frère débarque dans ma chambre en courant et en criant de sa voix qui est en train de muer :

-       "Allez allez, on se dépêche ! Tu ne voudrais quand même pas rater l’avion, hein June ?"

Un instant, j’ai envie de lui répondre que, oui, je ne rêve que de ça, louper l’avion et pouvoir rester un jour plus en France. Mais non, je sais très bien que lui aussi est triste et que si je dis ça, il ne voudra pas me laisser partir.

-       "Non. Tu veux bien prendre ma valise s’il-te-plait Théo ?"

-      " Pas de problème sœurette !"

En passant, il ébouriffe mes cheveux blonds. Je lui souris avant de sortir de la chambre, mon sac à dos sur l’épaule et ma main dans celle de ma meilleure et seule amie.

Dans le salon, mon père est au téléphone, s’assurant sûrement encore une fois que quelqu’un sera là pour m’accueillir à Sydney. Ma mère, elle, est en train de faire des muffins au chocolat, signe évident qu’elle est triste. En me voyant arriver, son visage s’éclaire d’un sourire, comme si j’étais le centre de son monde.

-       "Ma chérie ! Ta valise est prête ? Tu as pris de quoi grignoter dans ton sac à dos ? Tu as changé l’heure de ta montre ? Tu as mis tous tes cours dans ton ordinateur ? Tu as quoi t’occuper dans l’avion ? 24h c’est long tu sais ! Tu veux encore un peu d’argent ?"

Je m’approche et la prend dans mes bras avant de répondre doucement :

-       " Maman, j’ai tout pris, ne t’inquiètes pas !"

-       "June, Théo, Mélanie, Christine, on y va ! s’exclame mon père qui vient de raccrocher."

Le chemin se fait dans le silence. Je suis entre mon frère et Mel, sur la banquette arrière, et mon frère ne veut pas lâcher ma main. À vrai dire, nous sommes jumeaux, nous avons toujours été ensemble, même si j’ai vécu des choses bien différents de lui, et nous séparer ainsi, c’est une torture autant pour moi que pour lui.

L’aéroport. Les gens tout autour de nous s’activent sans arrêt et je me sens un peu oppressée au milieu de tout ce monde. Je ne sais pas où aller, alors je suis mon père qui, habitué à faire des voyages d’affaire, sait instinctivement où aller.

Je dépose ma valise pour qu’elle aille dans la soute puis rejoins ma famille et Mel qui se sont installé dans des sièges pour attendre que mon vol arrive.

Pendant presque une heure, nous parlons en essayant d’éviter à tout prix le sujet de mon départ même si, là, dans cet aéroport, il est plus réel qu’avant. Je sais que mes parents auraient bien voulu venir, mais mon père est le PDG d’une entreprise et ne peut laisser son travail, et ma mère ne voulait pas non plus abandonner Théo. Alors je dois partir seule vers l’inconnu.

« Les passagers du vol 3124 en partance pour Sydney sont priés de se rendre à l’embarcadère 13A. »

La voix résonne ensuite en anglais dans l’aéroport. C’est mon vol. Je me lève et nous nous dirigeons vers la porte d’embarquement. Arrivé devant la file d’attente, je serre mon billet dans ma main droite tandis que les larmes menacent de couler le long de mes joues.

Sans que je m’y attende, mon frère me saute dans les bras et me serre fort contre lui. J’inspire longuement son odeur si familière, si apaisante. Il caresse doucement mes cheveux et j’ai l’impression de sentir des larmes tomber sur ma nuque. Il pleure. Moi aussi.

-       "T’as intérêt à rentrer June, sinon je te tue ! Et si jamais quelqu’un t’embête là-bas, tu me préviens, je prends le premier vol et je lui fais prendre la raclée de sa vie ! Ok petite sœur ?"

J’ai envie de lui rétorquer que je suis née trois minutes avant lui mais ça gâcherait un peu ce moment. Alors je me contente de le serrer aussi fort que mes petits bras le peuvent, et d’enfouir mon visage dans son cou, tout en murmurant « Je te le promets ».

Un nouvel appel retentit. Je m’écarte de mon frère et prends dans mes bras ma meilleure amie. Elle me promet qu’elle viendra me voir pendant les vacances scolaires, dans un mois, avec mon frère et ma mère.

Ensuite je me tourne vers ma mère et lui fais un gros câlin tout en lui jurant que je n’ai rien oublié. Puis vient le tour de mon père, qui me fixe un long moment avant de faire un câlin rigide quoique chaleureux.

Ensuite, je leur fais un dernier signe de la main, et je donne mon billet d’aller à l’hôtesse. Elle me sourit, me souhaite un bon voyage. Et j’entre dans le tunnel menant à l’avion sans me retourner, pour ne pas pleurer.

-       "Sydney, me voilà !"

Last chance in AustraliaDonde viven las historias. Descúbrelo ahora