12 : Jouer avec le feu

112 18 46
                                    

(10.04) ask Léo pcq comme d'hab j'ai rien noté

:/   : ÇA C'EST MA GUEULE QUAND JE VAIS ME FAIRE TEJ DE MA PRÉPA PCQ J'AURAIS PAS EU MON CONCOURS PUTAIN (-Clare)

...

Si certains détestaient le lundi, Elo l'aimait bien, elle. Généralement, elle passait le samedi à réviser pour ses examens -qui étaient dans moins de deux semaines et qui lui pompaient toute l'énergie qu'elle avait- et, après une bonne grasse mat', dessinait des croquis tout le dimanche durant. Autant dire que le lundi, quand elle débarquait à la fac, elle était heureuse de sortir un peu de cette bulle week-endesque. C'était agréable de retrouver l'effervescence des rires dans les couloirs, des marches qui glissent, des radiateurs qui ne fonctionnent pas et l'ombre des platanes après deux jours passés enfermée dans sa chambre.

-Et, je t'ai pas dit, annonça alors Léo. J'ai trouvé mon stage, pour l'année prochaine.

Elo s'arrêta de marcher, surprise.

-Déjà ? Trop cool, dit-elle en faisant de preuve de tout l'enthousiasme dont elle était capable.

Si elle n'était pas heureuse à cent pour cent, c'était une pure histoire de jalousie. Elo avait envoyé son dossier à plusieurs marques, et aucune ne l'avait recontactée. Elle n'avait envoyé qu'un ou deux croquis, et ce n'était même pas les meilleurs. Elo avait bien trop peur de montrer ce dont elle était réellement capable, parce qu'en envoyant des travaux moyens cela lui donnait encore une excuse pour ne pas être acceptée. Mais comment continuer à se voiler la face si elle avait envoyé ses meilleurs dessins et qu'elle s'était faite refuser ?

-Où ça ? demanda-elle alors.

-Yves Saint Laurent.

-Oh putain !

Elle savait que Léo avait du talent, surtout au niveau des costumes pour homme. Il avait un coup de crayon imparable, et il avait toujours d'excellentes notes en créativité. Il était le styliste parfait, en fin de compte. Encore une qualité qu'Elo jalousait.

Pourtant, quand elle lui demanda des détails, il n'en donna pas vraiment. Il restait assez évasif, assez mesuré. Elo comprit vite qu'il essayait de tempérer son enthousiasme pour ne pas la faire souffrir, et elle ne put s'empêcher d'être attendrie. Bon dieu qu'elle l'aimait.

Après s'être dits au revoir, Elo marcha jusqu'à chez elle en tentant de se changer les idées avec le dernier album de Thérapie Taxi. Elle était en train de crier les paroles de Salope dans sa tête -ce n'était pas vraiment le genre de chansons qu'on pouvait chanter dans la rue- quand elle aperçut une silhouette familière adossée au muret devant chez elle. Une silhouette blonde, mince, musclée, reconnaissable entre mille.

Garance.

-Salut, dit Elo en fronçant les sourcils lorsqu'elle arriva à sa hauteur.

-Hé, salut, dit gentiment la blonde.

Elo retira ses écouteurs et les laissa pendre mollement au bout de son téléphone. C'était bizarre de revoir Garance après plusieurs mois de césure. C'était comme si ce n'était pas réel, comme si son ex n'était pas réellement là, devant chez elle, à venir lui parler.

-Je suis venue t'annoncer quelque chose, dit alors Garance, un grand sourire aux lèvres.

-Ah oui ? demanda Elo, surprise.

Elo prit quelques secondes pour observer Garance, qui, fidèle à elle-même, était toujours aussi mignonne. Elle portait une chemise blanche légèrement transparente à travers laquelle on pouvait voir son joli soutien-gorge en dentelle, ainsi qu'une jupe taille haute à carreaux assortie avec ses bottines noires à talons. Cette fille était tout simplement magnifique, qu'elle porte un sac poubelle ou une robe de soirée.

EloWhere stories live. Discover now