Elo

13 : Accepter de montrer qui on est

(2.05) presque les vacances!!!!

JSUIS SÛRE QUE T'AS GÉRÉ À TES EXAMSSSS ARRÊTE DE T'ANGOISSER BOLOSSE (-Clare)

...

Elo avait tenu pendant les deux dernières semaines en se répétant une chose : une fois que les examens seraient passés, elle pourrait relâcher la pression et se consacrer tranquillement à sa recherche de stage sans se prendre la tête. Pourtant, elle s'était bien trompée.

Une amie qu'elle ne connaissait jusque-à pas encore avait fait son apparition dans sa vie : l'anxiété. Elle se levait le matin en ayant mal au ventre, et se couchait le soir en larmes parce qu'elle avait l'impression d'être la pire ratée que le monde ait porté. Et pourtant, elle se levait chaque matin et continuait de vivre comme avant parce qu'apparemment, c'est ce que les gens font même quand ça va mal.

Et puis, sans raison apparente, les choses étaient devenues bizarres avec Léo. Du moins, il était devenu bizarre avec elle. Lui qui autrefois lui envoyait un millions de textos par jour parfois simplement pour lui envoyer des photos inutiles de son chat s'était réduit à un message le matin : 'jsuis là', simplement pour lui annoncer de but en blanc qu'il l'attendait devant la fac. Ça pouvait paraître anodin, mais Elo avait l'impression que quelque chose avait changé. Mais dans le fond, peut-être qu'elle se faisait des idées. Bon sang ce qu'elle détestait être aussi drama queen que ça ! Elle aurait bien besoin de quelques conseils de Clare pour surmonter tout ça, ces temps-ci. Et d'une bonne clope, aussi.

-T'as mis quoi à la réponse quatre ? demanda-elle, concentrée sur son cahier de maths.

Pas de réponse.

-Hé ! s'exclama-elle en jetant son crayon à papier sur Léo.

-Désolé, j'ai laissé tomber les maths, répondit-il d'un air blasé en lui montrant rapidement le contenu de sa feuille.

Il avait griffonné trois ébauches de robes, en notant les couleurs et les matières qu'il aimerait utiliser à côté. Un vrai pro.

-C'est super beau, dit alors Elo en lui prenant gentiment sa feuille des mains. Je pensais que tu étais seulement doué pour la mode masculine, mais je me suis trompée.

Léo haussa les épaules, indifférent. Si même les blagues d'Elo n'avaient plus d'effet, l'heure était grave.

La brune lui rendit sa feuille et jeta un coup d'œil par la fenêtre. Elle aperçut alors en direct le facteur glisser des papiers dans la boîte aux lettres et annonça :

-Je vais chercher le courrier, je reviens.

Elle quitta sa chambre, le souffle court. Elle détestait que les choses soient tendues avec Léo, parce que c'était le soleil de sa journée. C'était le seul qui arrivait à la faire sourire en cours de philo, cours qu'elle détestait depuis la terminale et qu'elle avait été forcée de continuer en licence malgré sa haine pour Socrate et Aristote. C'était aussi le seul qui lui ramenait un croissant le matin, qui s'était forcé à arrêter de fumer pour l'accompagner dans sa démarche et qui lui faisait des bisous dans le cou en lui disant qu'elle était belle. C'était son copain, son meilleur ami et son confident. Léo, c'était tout à la fois et elle avait vraiment besoin que tout redevienne comme avant.

-T'étais pas censé travailler, toi ? demanda Elo en apercevant Justin affalé dans le canapé en train de regarder un animé.

-Vous baisez un peu fort j'arrive pas à bosser, blagua son frère d'un air sarcastique.

-Excellent ça, comme humour, répondit-elle en roulant des yeux.

Bien qu'en chaussettes, elle quitta la maison et traversa l'allée qui menait jusqu'à la boîte aux lettres. Elle récupéra le courrier qui venait d'y être mis et constata que, coincée entre un magazine de pub et une facture d'eau, se trouvait une enveloppe à son nom. Les sourcils froncés, elle remonta jusqu'à la maison sans quitter la grande enveloppe kraft des yeux.