Chapitre 9 : Le changement

139 3 0
                                    

Depuis l'arrivée d'Hugo et l'annonce du Ballon d'Or, tout partait à vau-l'eau à Clairefontaine. Deschamps, qui misait toujours plus sur la cohésion de l'équipe que sur les exploits individuels était ravi de l'ambiance qui régnait. Il avait su étouffer le scandale causé par le gardien de l'Équipe de France, et il semblait désormais ne plus se soucier de rien. Il passait ses journées avec les joueurs et moi, à plaisanter et à rigoler, notamment avec ce foufou de Paul. Mais je sentais que quelque chose clochait. L'Euro 2020 se rapprochait, nous n'étions toujours pas qualifiés, contrairement à d'autres équipes, dont certaines qui ne l'étaient même pas pendant la Coupe du monde. Nous étions les tenants en titre, et, de ce fait, Didier avait l'air de prendre les choses à la légère. Les repas étaient de moins en moins équilibrés, les joueurs mangeaient à n'importe quelle heure et n'importe quoi.

Un jour, je me promenais dans le château, Guy Stéphan, l'adjoint de Didier m'interpella.

- Cindy, je peux te parler une petite minute ?

Ce fut dans son petit bureau qu'il continua :

- Je ne sais pas si toi aussi tu ressens cette atmosphère étrange, mais j'ai l'impression que Didier n'est plus en mesure d'assurer l'entrainement de l'Équipe de France. Je ne peux pas aller contre ses ordres, tu sais que ce n'est pas ma manière de faire. Et je ne veux pas non plus en parler à la Fédé pour l'instant. J'ai l'espoir qu'il se ressaisisse à temps, mais il n'y en a plus beaucoup... Je sais que tu t'y intéresses, et je pense que tu es la seule à pouvoir aller à l'encontre des choix de Didier. Si c'est toi, il acceptera. Je te laisse y réfléchir.

Cette proposition me laissa songeuse. Le soir-même, je fis la composition des repas, et préparais avec Guy l'entrainement du lendemain. A 19h précises, j'étais dans les couloirs pour appeler les joueurs pour manger. Tous rechignèrent, mais ils m'écoutèrent. Alors que je leur servais les pâtes, la viande et les légumes que j'avais soigneusement cuisinés, je me décidai à leur parler.

- J'ai pas envie de trop parler, on sait tous où on est, on sait tous qu'est-ce qu'on veut, on sait tous le chemin qu'on a fait. Dans le cœur, dans le regard, là je le vois les gars, on est concentrés. Je vais peut-être me répéter, mais on est à quelques matchs de réécrire l'histoire. Vous en avez fait combien des matches dans vos vies ? Mais là, ça change TOUT. Y a une coupe. On l'a perdue la dernière fois, on le sait, on l'a encore là (je montrais mon cou). Mais aujourd'hui, on ne doit pas laisser une autre équipe, l'Italie, la Belgique, prendre ce qui est à vous, à NOUS, à toute la France. C'est bien de rire, c'est bien que vous vous entendiez bien, mais maintenant je veux voir des larmes. Pas des larmes de tristesse. Des larmes de joie, des larmes parce que vous vous entrainez dur. Faut vous ressaisir. C'est pas des simples matches que vous allez jouer là !!! c'est l'Histoire de la France !!

Ils m'applaudirent, les larmes aux yeux.

Le changement fut progressif, et Didier semblait le comprendre

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Le changement fut progressif, et Didier semblait le comprendre. Il se mettait en retrait, participait de temps en temps aux conversations entre Guy et moi, mais ne contredisait jamais mes décisions. Les joueurs s'entrainaient huit heures par jour, ils étaient exténués à la fin de la journée. C'est ce que je voulais. Hernandez ne courait plus partout comme avant. Thauvin pleurait tous les soirs dans son lit. Mais au moins, ils étaient au point.

Contrairement à ses coéquipiers, Hugo se rétablissait petit à petit, même si nous étions en froid. Il m'était difficile de lui pardonner ce qu'il m'avait fait. Désormais, j'avais des responsabilités et je ne pouvais plus passer mon temps à courir derrière lui et rattraper ses bêtises.

Le rythme resta intense jusqu'à ce que Guy me prenne à part une nouvelle fois, pour me demander de ralentir un peu la cadence. Il ne fallait pas épuiser les gars non plus. Je décidai donc de changer de stratégie avec eux, d'être plus douce. Sauf avec Hugo, parce que j'avais une petite envie de me venger.

Bad Romance (H.L)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant