Chapitre 6 - 2 : Sur le fil (Steelblue)

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Après cela, me réveiller dans un lit d'hôpital, la douleur vrillant ma tête et mon épaule, et la silhouette floue d'Edward penchée vers moi, était un miracle tellement improbable qu'il me parut absurde. Je le regardai d'un œil vague, pas encore toute à fait sûr d'être resté parmi les vivants malgré ma douleur. Je portai la main à ma tête dans un geste maladroit, sentant un bandage protéger la plaie qui me brûlait la tempe. L'intervention d'Edward, un dernier mouvement pour essayer d'éviter la balle, difficile de savoir à quoi cela c'était joué exactement, mais le résultat était que j'en avais réchappé de justesse.

Je levai des yeux brouillés vers mon sauveur, lui adressant un sourire incertain. Son visage aux contours flous s'anima, laissant voir son soulagement.

- Hugues, vous êtes réveillé, chuchota-t-il d'un ton presque émerveillé.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? murmurai-je difficilement, la voix rauque.

Malgré ma myopie, je me rendais compte que le visage de l'adolescent était en piteux état : couvert d'écorchures, de sang et de terre, il avait la lèvre rougie, peut-être fendue, et son œil droit était assombri par une tache violacée. Quoi qu'il se soit passé pendant que j'étais inconscient, il s'était pris des coups. Et pourtant malgré la douleur et l'épuisement qui devait l'habiter, il souriait.

- J'ai vraiment cru que je ne vous reverrai jamais, murmura le petit blond à mon chevet.

- Moi aussi.

Je restai silencieux, attendant qu'il m'explique comment je m'étais retrouvé ici, vivant, alors que mon avenir semblait ne pas faire un pli. En tournant un peu la tête, je vis que Winry était assise à côté de lui, se frottant les yeux, visiblement épuisée.

- Vous vous êtes fait tirer dessus par Envy, puis il m'a attaqué, puisque j'avais essayé de l'en empêcher, résuma Edward. Il avait clairement le dessus, mais Al, Winry et Ross qui me cherchaient m'ont retrouvé, et face au nombre, il a choisi de s'enfuir. Une décision logique puisqu'il était convaincu d'avoir accompli sa mission.

- Me tuer, grognai-je en grimaçant de douleur.

Le petit blond hocha la tête. Je tâchai de reprendre pied avec la réalité, l'esprit encore embrumé.

- Pourquoi ils te cherchaient ? bafouillai-je d'une voix épuisée.

- Cet abruti n'a rien trouvé de mieux à faire que sortir se promener juste après qu'on ait posé ses nouveaux automails, coupa Winry d'une voix lourde de reproches. Un humain normal se REPOSE après une opération pareille !

- C'est bon, tu as vu mon état ? J'ai compris la leçon, arrête avec ça, grommela-t-il en se désignant, couvert de sang et de poussière.

- Il m'a quand même sauvé la vie, répondis-je avec un sourire.

La blonde ouvrit grand la bouche et resta en suspens. Il avait sans doute eu tort de vouloir échapper à leur vigilance, mais visiblement, il avait payé cher son envie d'indépendance, et à mes yeux, il avait eu la meilleure idée de sa vie. Sans lui, quand bien même Envy m'aurait loupé la première fois, rien ne l'aurait empêché de prendre le temps de me loger une nouvelle balle entre les deux yeux.

- Mais qu'est-ce que vous avez fait pour que les Homonculus vous attaquent comme ça ? murmura le petit blond, revenant à des sujets plus sérieux.

A ce moment-là, quelqu'un toqua. Hors de mon champ de vision, la porte s'ouvrit, laissant passer une personne.

- Il s'est réveillé ? fit une voix masculine que je ne reconnaissais pas.

- Oui, répondit simplement Edward.

L'homme qui était entré, un docteur sans doute, se pencha sur moi, pour m'ausculter et me poser des questions sur mon état. Après avoir fait tous les tests qu'il voulait, il se redressa.

- Tout va bien. Aucun signe de traumatisme crânien, ce qui est quand même une sacrée chance vu le contexte. La tension est basse, mais rien d'étonnant avec tout le sang que vous avez perdu. Quant aux blessures à l'épaule, eh bien, il y a un risque que vous gardiez une raideur de ce côté-là, mais vous devriez pouvoir faire de nouveau usage de votre bras droit assez rapidement. Vous avez eu de la chance, quelques millimètres de plus et vous pouviez dire adieu à votre œil gauche... et sans doute à une partie de votre cerveau.

Je hochai la tête en déglutissant. J'avais déjà vécu la peur de mourir durant les combats de la rébellion ishbale, mais pour moi, mais c'était il y a des années, et j'avais presque fini par oublier que la mort pouvait frapper aussi facilement.

- Vous devriez vous reposer. Vous êtes tiré d'affaire, mais votre convalescence risque d'être éprouvante. Vous aussi, Elric, vous feriez mieux de vous faire soigner et de retourner à votre chambre pour finir la nuit au calme.

- Je préfère rester ici, répondit simplement l'adolescent d'une voix aussi polie qu'inflexible.

Le médecin resta silencieux quelques secondes, puis haussa les épaules, abandonnant l'affaire sans trop insister. Manifestement, il devait le connaître suffisamment pour savoir qu'il ne servait à rien d'argumenter quand le petit blond avait une idée en tête.

- Je repasserai en fin de matinée. D'ici-là, tâchez de vous reposer.

J'avais déjà suivi la fin de la conversation d'un œil vague, et sombrai dans un sommeil proche de l'inconscience aussitôt la porte refermée.

Bras de fer, Gant de velours - Deuxième partie : Central-cityWhere stories live. Discover now