Moi, mariée de force.

I. Me marier?

Le mariage est défini usuellement comme étant l'union légitime d'un homme et d'une femme. Il s'entend également comme « l'acte par lequel le couple se place dans une situation juridique durable afin d'organiser la vie commune et de préparer la création d'une famille ». Il est ainsi un acte officiel et solennel qui institue entre deux époux une communauté de patrimoine et de renommée appelée « famille » (ou foyer, feu, ménage) dont le but est de constituer de façon durable un cadre de vie commun aux parents et aux enfants pour leur éducation. Dans les sociétés traditionnelles, le mariage est l'alliance politique de deux familles ou de deux clans.

Techniquement, le mariage est censé être un des plus beaux événements de notre vie, l'union sacrée, en même temps physique et spirituelle de deux personnes qui ont décidé de finir leur vie ensemble, ce moment où l'on choisit de se donner corps et âmes à l'être aimé. Seulement, il est impossible de voir le côté positif de la chose lorsqu'on a été contrainte de se marier. Cela devrait être un choix et non une obligation.

***

-Maman ? Criai-je tout en jetant un coup d'œil dans l'ensemble de la pièce. Elle n'était pas dans le séjour et je n'arrivais plus à tenir sur place. J'étais complètement surexcitée ! Enfin, je vis sa silhouette traverser le couloir qui menait aux chambres. Son visage la trahissait, elle était anxieuse. Instinctivement, je me mis à sourire.

- Oui chérie, je suis là. Y a t-il un souci ? 

A peine prononcé ces paroles, elle se passa nerveusement la main dans les cheveux avant d'entrecroiser ses doigts comme si elle priait intérieurement. Oui, elle était vraiment anxieuse. Pour la rassurer, je pris ses mains dans les miennes. 

- Tu es encore anxieuse maman ! Tu n'as pas à l'être tu sais. Dis-je en souriant. Elle fronça ses sourcils et ça me fit rigoler. Elle me donna une tape sur l'épaule.

- Arrêtes de rigoler ! Ce n'est pas drôle, dis-moi ce qu'il en est. 

- Tu peux être fière, ta fille a officiellement terminé avec le lycée.

Elle était tellement émue qu'elle ne pu retenir quelques larmes rebelles qui s'échappaient de ses yeux. Elle me prit dans ses bras.

- Je suis fière de toi mon bébé, tu es une grande fille maintenant. Ton père sera tellement content quand il va rentrer. Tu as envoyé un message à ton frère?

Elle avait déjà essuyé ses larmes, l'anxiété laissait place à la joie et aussi une petite excitation. J'avais hâte de l'annoncer à mon père. Fini le soirées à réviser pour le contrôle de mathématiques ou encore celui d'économie. Fini les longues journées au lycée.

- Oui, je lui ai envoyé un message. Et pourtant tu sais très bien que je n'aurais pas pu résister maman. 

Nous rigolions, discutions encore une vingtaine de minutes avant de nous diriger vers la cuisine. Quelques minutes plus tard, Najma, ma petite sœur vint nous rejoindre dans la cuisine. C'est en musique que nous avions cuisiné toutes les trois. J'adorais ces petits moments entre filles. 

En attendant la fin de la cuisson, nous avions regardé Jamel Comedy Club dans le salon. Ma mère nous lançait de petits regards lorsque Najma et moi rigolions aux blagues légèrement "olé-olé". Quelques minutes avant l'heure du dîner, Youssef, mon frère, et mon père rentrèrent. Youssef était tout souriant car il savait déjà que j'avais obtenu mon baccalauréat. Et moi je savais qu'il ne l'avait pas dit à mon père afin de me laisser le lui annoncer. Le repas prêt, la table dressée, nous nous attablions. J'avais tellement faim et j'étais complètement impatiente de manger ces délicieux mets que nous avions amoureusement cuisinés. Ma chère et tendre maman n'était malheureusement pas du même avis.