Version étudiante - Guepoxx [FINI]

IX - Trahison

Guill PdV

Ce matin là, ses doigts ne s'abattirent pas brutalement sur son téléphone, dans l'espoir de trouver sans le regarder la manière de l'éteindre. Non, ce matin là ce fut le cri énervé de son plus vieil ami retentissant dans leur appart' qui le tira du lit.

Apparemment, il n'avait plus de café et l'imbecile qui l'avait fini n'avait pas pensé à l'ajouter sur la liste des courses. Avec un soupir, il se souvint qu'Axel l'avait prévenu la dernière fois qu'il avait prit la dernière capsule alors qu'il lui avait dit de faire comme chez lui. Guep allait encore râler toute la matinée contre le squatteur.

Ah, voilà que son réveil sonnait. Il était entrain de tenter d'enfiler ce jean beaucoup trop slim mais qui lui faisait un de ces culs — enfin, bref. Il fini de s'habiller et rejoignit Guep dans la cuisine sur la pointe des pieds, se sustenta très rapidement, puis ils partirent tous les trois vers l'arrêt de bus.

« Donc t'es entrain de me dire que c'est ton squatteur de petit ami qu'à fini le café ? Ça se voit que c'est pas lui qui paye !

— Eh ! C'est pas mon mec ! Je suis pas responsable de lui.

— Et en plus, tu sors toujours pas avec. C'est pire. »

Le grand androgyne choisi ce moment pour intervenir. Il lui suffit de poser sa main sur l'épaule de son ami et de la presser légèrement pour lui faire relâcher la pression qui tendait ses membres. Putain, ce mec était capable de dissiper l'effet du manque de caféine, pourtant vitale à son meilleure ami. Si ça ce n'était pas une preuve d'amour !

Rapidement, les trois compères descendirent du bus tandis qu'il s'arrêtait à cinquante mètres du bâtiment de l'INSA.

En entrant dans le hall du bâtiment principal, son regard se porta immédiatement sur Axel qui était non loin. Le beau brun avait un léger sourire aux lèvres tandis qu'il discutait avec trois autres étudiants de leur groupe de TD. Avec un léger soupir, il tourna son regard vers ses deux amis, qui semblèrent surpris qu'il ne parte pas immédiatement rejoindre le grand brun comme à son habitude.

D'un coup d'œil furtif, son meilleur ami remarqua qu'Axel ne l'attendait pas seul comme à son habitude au niveau du premier escalier, juste à côté de l'entrée. Il soupira, lui adressa un regard appuyé, puis devant son air buté baissa les bras.

La même scène se produisit dans une autre unité de lieu, un autre cadre, avec de nouveaux protagonistes. Il était 13:16, les étudiants harassés par une matinée de cours se restauraient dans un immense brouhaha. Il était attablé à une longue table rectiligne avec ses amis. À sa gauche se trouvaient ses deux colocataires, et immédiatement à sa droite venait cinq mecs et une fille, presque tous de son groupe de TD, avec qui ils s'entendaient bien. Le premier, juste à côté de lui, se nommait Thomas. C'était un grand roux à la légère barbe adolescente, très gentil et assez doux. Après lui se trouvait Rayenne qui quant à lui était un homme passionné de toute chose, capable de s'emporter dans des débats grandiloquents pour d'infimes détails. Sa voisine Sarah était également sa demi sœur, une brune élancée au rire joviale en étude de médecine qui les avait rejoint pour le repas. En face d'elle se tenait Jimmy, un grand brun à lunette dont le rire gras résonnait de paire avec celui du mec à sa gauche. Ce gars, c'était Adrien. D'un an leur aîné, comme son autre voisin, il avait des yeux d'un bleu gris-vert incroyable et semblait un grand enfant. À son opposé, son voisin Andreas qui ne partageait avec lui que son âge et sa passion des jeux vidéos était extrêmement investi dans tout ce qu'il entreprenait, bien loin de la légèreté d'Adrien. Il voulait tout savoir et avait une haute opinion de lui même, mais heureusement il savait en rire avec ses amis.

Enfin, lui même était en face d'Axel qui discutait vivement avec Rayenne d'un jeu qui devait bientôt sortir. Avec un soupir, il replongea son regard dans la contemplation des miettes de pain couvrant son plateau — il ne connaissait pas la licence dont ses amis débattaient si houleusement —.

Lorsqu'ils se levèrent pour sortir, au moment où il avait l'habitude de rejoindre Axel pour fumer avant de retourner en cours, il vit Sarah le rejoindre à sa place. Avec dédain, il l'a regarda minauder pour une clope, puis pour son numéro. Il se ressaisit et quitta les lieux en rabattant fortement la porte qui claqua derrière lui, avant de rejoindre en courant ses deux amis blonds qui le dévisagèrent longuement.

« Tu devrais lui dire mec... avant que ça n'entache sérieusement votre amitié.

— T'as rien à perdre en plus, votre relation est foutue si tu lui parles pas. Parce que le jour où il a une meuf tu vas exploser de l'intérieur. Et ça mon pote, je veux pas y assister.

— Totalement d'accord avec Guep, on n'a aucune envie de te ramasser à la petite cuillère. Va lui parler. »

Il ne pouvait en placer une, il avait l'impression d'entendre ses parents quand ils débattaient de la meilleure école pour lui. Comme un enfant, il écoutait les deux autres en fixant son regard humide sur la pointe de ses baskets grises. Il fut forcé d'obtempérer lorsqu'ils commencèrent à le menacer de ne pas le laisser rentrer le soir si il n'allait pas lui parler, ces traîtres.

Mais alors qu'il allait tourner les talons pour remonter la rue, les pas précipités d'un Axel essoufflé l'amenait jusqu'à lui. D'un regard, il l'interrogea avant de formuler à haute voix :

« Pourquoi tu t'es barré sans moi mec ? J'croyais que t'étais encore à l'intérieur, j't'ai attendu...

— Je t'ai vu avec Sarah, tu semblais assez "occupé". Je n'aurais pas voulu vous déranger. »

Le brun lui lança un regard choqué, sidéré par son ton acerbe, ne comprenant qu'à moitié le reproche, sans en entendre les tenants et les aboutissants. Avec un nouveau soupir, le plus petit tourna les talons, tremblant tandis qu'une froide bourrasque automnale les traversait.