XI - Sapin

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Nannoxx PdV

Il marchait doucement, la tête tournée vers le firmament. Les astres étaient difficilement visibles, les lumières de la ville gâchaient le spectacle. Avec un soupir qui fit s'envoler une volute hivernale, il abaissa son regard vers le petit brun qui l'accompagnait. Doucement, il remonta son écharpe rouge au dessus de son nez, humant doucement le parfum de son réel propriétaire. Le blond mordillait sa lèvre, attendant que son ami ne lance une conversation qui comblerait le vide, comme il savait si bien le faire. Mais Guillaume se contentait d'afficher un sourire léger, regardant droit devant lui, semblant lui laisser ce soin. Un nouveau soupir et il se décida à entamer la conversation :

« J'aurais un truc à te dire, au fait... Enfin, c'est plutôt que j'ai besoin de conseils.

— Je sais. »

Du coin de l'œil, le plus petit l'avait scruté quelques secondes avant de fixer de nouveau ses iris brunes vers l'avant. Il souriait légèrement, attendri.

« Tu t'es rendu compte de tes sentiments pour Guep, et tu ne sais pas quoi en faire.

— C'est vrai. Je n'arrive pas à le sortir de mon esprit. »

Le rire du plus jeune retentit doucement, et il entra sous la grande tente blanche du marchand de sapin qui s'était installé sur la place du vieux marché. Mal à l'aise, le grand blond n'osa pas continuer la conversation alors qu'une mère et ses enfants occupaient la petite échoppe de rue. Un petit blondinet passa en courant entre Guillaume et lui, rapidement suivi par deux rousses plus jeunes qui riaient aux éclats. Son ami suivait les enfants du regard tandis que lui hésitait face au prix et à la taille des arbustes. Il songeait que finalement, ce n'était pas indispensable, ça prendrait de la place, perdrait ses épines dans le salon et ils devaient acheter les cadeaux pour le réveillon. Cette dépense supplémentaire était peut-être superflue.

« Guillaume, je pense pas que ce soit nécessaire...

— Désolé de vous couper, monsieur, mais un sapin pour Noël c'est absolument nécessaire !

— C'est trop grand pour chez nous. Au revoir. »

Le ton chaleureux du marchand ne le trompait absolument pas, il savait que l'autre homme cherchait uniquement à vendre. Pourtant, le regard triste de son ami lui tira un pincement au cœur. Ce n'était pas le même que lorsque Guep fronçait légèrement les sourcils avant de l'ignorer, c'était moins égoïste, plus emphatique. Le commerçant, un homme brun entamant la cinquantaine, ne se laissa pas refroidir et enchaîna :

« Si le problème c'est la place, j'ai exactement ce qu'il vous faut. Suivez moi tous les deux ! Je vous assure que vous repartirez d'ici avec un sapin et un sourire. »

Son ami ne se fit pas prier à l'idée d'une solution et il le suivit en maugréant faiblement. Lorsque le marchand leur présenta avec un grand sourire de minuscule sapin en pot, le plus grand faisait peut-être cinquante centimètres, et que Guillaume lui décocha un regard suppliant, il céda. Il passa une main dans ses cheveux, se mordit l'intérieur de la joue, tritura l'écharpe rouge, mais au final il accepta. Pour quinze euros, Guillaume prit le plus grand et le commerçant leur fit cadeau d'une boîte de boules miniatures rouges.

Ils sortirent ensembles de la tente sous le regard amusé de l'adulte, avant de s'engouffrer de nouveau dans la rue froide menant jusque chez eux. Guillaume portait le petit arbre contre lui tandis qu'il avait écopé de la boîte de décoration.

« Alors ? On peut en parler ? Je ne sais vraiment pas comment mettre fin à ce béguin stupide, et je ne voudrais surtout pas que ça gâche notre relation.

— Arrête un peu de t'inquiéter. Votre relation, à toi et Guepus, elle est parfaite. Fusionnelle. Vous êtes fait pour être ensembles, alors laisse couler. D'ailleurs, j'adore ce sapin !

— Ça n'a aucun rapport ?

— Je sais ! Mais il est tout petit, comme Guep et moi, donc tu devrais l'adorer aussi. T'as voulu prendre un sapin à l'échelle de ton futur mec, c'est mignon ! »

Il soupira à nouveau, comme ça lui arrivait souvent face à l'exubérance de son ami. Mais un léger sourire flottait sur ses lèvres et le plus vieux l'avait rassuré, à sa manière. Il lança un regard de défi aux étoiles qui se cachaient, il laisserait voire ses sentiments quand il serait temps.

Version étudiante - Guepoxx [FINI]Where stories live. Discover now