X - Vision

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Guep PdV

Il se concentrait sur l'écran de son ordinateur portable posé devant lui, alors que la petite tête fatiguée de son colocataire reposait lourdement sur son épaule. Le blond l'avait poussé à regarder avec lui Fate, après s'être indigné du fait qu'il ne connaisse pas tandis qu'ils discutaient tous les deux. Il avait accepté, et depuis une semaine ils cherchaient à émerger de leurs devoirs pour pouvoir se poser tranquillement ensembles. Les deux blonds y étaient enfin parvenus ce vendredi soir, cependant l'un, épuisé était écroulé sur l'autre, gêné.

Les yeux vert d'eau du second sautaient d'un point à un autre, évitant l'écran et le profil pâle qu'il distinguait du coin de l'œil. Ses pensées passaient à la même allure de l'une à l'autre distraction, commençant par son pouls trop rapide, Axel qui était encore venu squatter comme si rien ne s'était passé l'autre jour, l'heure avancée.

Ses yeux et ses pensées en accord le firent se redresser brusquement, avant de s'excuser maladroitement à son ami qu'il venait de déloger du creux de son cou.

« Déso' mec, j'ai pas fait exprès... Il est presque 22h, faut vraiment qu'on prépare le repas. On continuera plus tard ?

— On peut finir l'épisode en même temps, non ? »

Il approuva rapidement tandis que l'autre se redressait et s'étirait, avant de se diriger vers le frigidaire. Il en sorti de la salade et des barquettes de lasagnes à réchauffer. Le plus grand l'interrogea d'un regard avant de mettre les barquettes à réchauffer tandis qu'il essorait la salade, les yeux de nouveau rivés sur l'écran de son ordinateur.

— Va chercher les autres pendant que je mets la table. Je suppose qu'Axel mange encore ici ce soir, lui dit Nannox tandis qu'apparaissait le générique de fin.

Après une rapide approbation avec un soupir ennuyé, il parti chercher son ami et le squatteur habituel. Il ouvrit brutalement la porte de la chambre et commença à les appeler à table avant de la refermer encore plus rapidement, la fin de sa phrase s'étranglant dans un gargouillement incompréhensible. Il se racla la gorge, mort de honte, avant de répéter qu'ils les attendaient pour manger. La voix, narquoise lui sembla-t-il, mais rauque et essoufflée assurément, d'Axel lui confirma qu'ils arrivaient dès qu'ils avaient finis.

Il voulait s'arracher les yeux, les brûler, et nettoyer leurs orbites. L'image moqueuse ne cessait de repasser devant ses yeux, le narguant presque. Il connaissait ce type depuis deux mois, en comptant large !

Il alla s'attabler d'une humeur massacrante et ne répondit rien à l'interrogation muette de son second colocataire, bien trop traumatisé pour ça. De toute façon, les cheveux ébouriffés, les sourires béats et les vêtements débraillés des deux arrivants répondirent rapidement à ses questions.

« Désolé pour ce à quoi t'as assister Guep. Je suppose que c'est le moment de vous dire que je suis enfin avec Axel ? demanda gêné leur petit brun de colocataire en s'asseyant à table.

— Ce ne serait pas inutile de le mentionner en effet. Et du coup, comment...?

— Vous devez déjà tout savoir de son côté, alors... commença Axel.



Flashback — Une semaine plus tôt — PdV Libe

Il n'avait pas compris grand chose à la scène qui venait de se passer, ou bien il refusait de la comprendre. Ce que venait de lui faire son p'tit Guill, ça ressemblait fort à une crise de jalousie, tout de même. Cependant il ne pouvait pas y croire, et n'en avait aucune envie. Puisque si il lui montrait qu'il avait compris, il n'avait que deux choix : lui mettre un râteau ou se prendre un stop par Guillaume lui expliquant qu'il était largement à côté de la plaque. La première option serait gênante pour eux deux, et la seconde le summum du malaise de son côté. Aussi préféra-t-il repousser cette idée dans un coin de sa tête : il enjamba rapidement la distance les séparant et accompagna son pote en cours, comme si rien n'avait eu lieu.

Il fixait son plafond, ne trouvant pas le sommeil. Le comportement qu'avait eu Guillaume ce midi était réellement étrange et il ne pouvait pas vraiment détourner le regard éternellement. De plus, dans un sursaut de lucidité venu avec l'heure tardive, il se demanda si sa crainte de s'interroger ne venait pas du fait qu'il espérait que ce soit réel. Brutalement, il se retourna dans son lit et repoussa loin l'interrogation.

Les jours suivants, elle pesait sur lui, comme un nuage noir alourdissant l'air. Lorsqu'il était avec lui, il se forçait à paraître naturelle et il savait que Guillaume l'avait remarqué — il lui avait demandé si tout allait bien. Borné comme il était, il avait assuré avec son sourire le plus faux qu'il allait bien, juste un peu fatigué par le rythme des cours. Guillaume n'en avait plus reparlé.

Ils étaient en boîte tous les deux, l'avant veille. Son ami l'avait trainé dans une boîte gay, arguant qu'il n'avait pas de quoi se payer seul à boire en fin de mois. Il lui avait promis qu'il pourrait se trouver une meuf bi mais c'était chose impossible, et lui était au bar en train de siroter un verre gracieusement offert par un beau rouquin assez bien foutu. C'était à ce moment qu'il avait enfin admis ses propres sentiments, et de fait sa bisexualité.

Il lui avait encore fallu deux jours avant de l'accepter pleinement, mais chaque fois qu'il tentait de repousser cet état de fait le pincement au cœur jaloux qu'il avait éprouvé lui revenait. Il n'avait pas de problème particulier à admettre son orientation : il ne s'était pas posé la question jusque là, la voie facile avait toujours été en face, il l'avait emprunté sans pousser la réflexion. Désormais, il se rendait compte que son attirance pour la beauté puissante et anguleuse des hommes n'était pas juste l'admiration que ressent chacun pour le beau. Il avait enfin eu le déclic, grâce à cette p'tite tête. Ça ne l'étonnait pas vraiment, il avait toujours eu une sexualité très libérée, n'avait jamais vraiment vu de barrière lui interdisant un autre chemin.

Ce qui le mettait dans une position plus délicate, c'était ses sentiments. Dom Juan des temps moderne, il aimait séduire et s'amuser, avait eu quelques relations mais toutes assez éphémères et portées sur le sexe. Il n'avait jamais vraiment été amoureux, selon la définition qu'on en a dans les livres romantiques ou les poèmes classiques. Il n'était pas insensible, simplement il n'avait jamais été prêt à tout pour qui que ce soit, et l'ampleur de ce dont il commençait à prendre conscience l'effrayait.
C'était un sentiment fort, brûlant, passionné. Une tempête chaude et tumultueuse qui menaçait de l'entraîner malgré lui là où il ne voulait pas.

La fin des cours était arrivé très vite avec la sonnerie de quinze heure, et machinalement il avait suivi Guillaume jusque l'appart' des trois amis. Il leur avait préparé deux cafés tandis que son pote mettait de l'ordre dans la chambre à coucher, puis l'avait rejoint pour voir la gueule de ce TD sur la mécanique des fluides. Ils s'étaient installés ensembles sur le lit, adossés au mur, leurs cours éparpillés autour d'eux. Puis la main droite du plus petit avait glissé sur la sienne, les faisant frémir. Elle s'était éloignée brusquement, mais la mécanique s'était enclenchée. Il s'était penché vers lui, l'autre l'avait embrassé, il l'avait enlacé et la main jadis timide explorait désormais avidement le dessous de ses vêtements.

Fin Flashback — Retour PdV Guep

Et donc voilà. On est ensemble. conclu enfin Axel, après avoir exposé à cœur ouvert ses doutes et ses hésitations pendant bien dix minutes, le regard plongé dans celui de son amant.

— T'étais peut-être pas obligé de tout dire non plus, c'est gênant. soupira Nannoxx qui n'avait pas forcément envie de savoir que son colocataire était un si bon coup.

— Je suppose que tu restes dormir ici du coup ? demanda Guep, assez indifférent. Dans le genre pipelette sans gêne, il côtoyait Guillaume depuis trop longtemps pour être mal à l'aise face à ce genre de récit.

— Si ça n'vous dérange pas.

— Tant que vous ne faites pas trop de bruit...

— Pas de problème, je suis sur qu'un bâillon t'irait super bien bébou... susurra le grand brun d'un air salace.

— Abruti. »

Version étudiante - Guepoxx [FINI]Onde histórias criam vida. Descubra agora