Bellarke Hiatus

OneShot N°3.1 - La Foule

31 décembre 2020

Clarke n'avait absolument pas prévu de venir à cette soirée. 

Dire que le programme de son 31 décembre 2020 était convenu depuis de longues semaines serait un euphémisme. Non, le programme de son 31 décembre 2020 est convenu depuis déjà plusieurs années, puisqu'il est précisément le même depuis plus de dix ans. Car c'est bien connu et tous ses proches le savent, Clarke passe chaque réveillon du nouvel an de la même façon.

D'abord, elle travaille comme une acharnée, enchaîne les heures à l'hôpital de sorte d'être la plus épuisée possible, accepte toutes les heures supplémentaires, tous les remplacements possibles et s'enterre dans la plus haute et la plus imposante des masses de travail. Pourquoi ? Car cela lui donne ainsi l'excuse parfaite pour esquiver les invitations de tous ses collègues, parents et amis. En la voyant, elle et son planning surchargé, ils ne peuvent que constater l'évidence : Clarke est en effet bien trop fatiguée pour sortir et faire la fête jusqu'au bout de la nuit.

Ensuite, elle fait en sorte de terminer son dernier service le plus tard possible. L'heure idéale, 22h. Croyez-en son expérience, 21h c'est trop tôt, la plupart des soirées sont loin d'avoir commencé. Et 23h, c'est trop tard, Clarke ne déteste pas le nouvel an au point de seulement vouloir rentrer, s'écraser sur son lit et dormir jusqu'au 1er janvier. 22h, et de cette manière, elle est presque sûre de ne croiser personne dans les couloirs et d'éviter ainsi la dernière invitation à l'improviste.

Enfin, elle rentre chez elle (dans son l'appartement où elle vit enfin seule et sans colocataire depuis son emménagement au début de l'année dernière) enfile son pyjama le plus douillet (celui avec la veste zippée noire et blanche et dont les oreilles de chat ornent la capuche), sort sa pizza préférée du congélateur (une trois fromage, bien sûr) et la dévore sur son lit une fois cuite rapidement au four micro-onde, emmitouflée sous son plaid le plus chaud (un patchwork de tous les t-shirts préférés de son père) et devant sa série comique préférée (Brooklyn 99, quoi d'autre).

Cependant, il s'agit de son premier 31 décembre à Arkadia et s'il y a bien une donnée que Clarke a oublié de prendre en compte dans l'équation, ce sont les amis qu'elle s'est fait en l'espace de ces dix derniers mois. Amis qui, elle le découvrirait à ses dépens ce soir, étaient bien plus persévérant, têtus et intelligents que tous les gens qu'elle avait jamais rencontré réunis. 

Leur plan est  en marche depuis longtemps déjà, et lorsqu'elle s'en rend compte, il est déjà bien trop tard pour l'enrayer.

Car c'est Wells, lui-même, le toujours occupé, jamais là, sans cesse parti en mission de par le monde... Wells son meilleur-ami, son quasi-frère, sa personne préférée dans tout l'univers, l'étape numéro un de ce plan diabolique. Le jeune homme sonne à sa porte à 19h pile, alors que Clarke est rentrée plus tôt (et à contrecoeur) de son service suite à une erreur informatique. 

Alors, Clarke comprend tout de suite qui est le cerveau qui a organisé tout ça.

"Non, elle n'a pas l'air énervée, Raven," explique-t-il dans le téléphone qu'il tient fermement entre son épaule et sa joue en entrant à grandes enjambées dans son appartement. Il pose les deux gros sacs de voyage qui occupent ses mains dans son entrée et lève enfin les yeux vers elle avant de lui offrir le plus beau des sourires qui soient. Un sourire qui réchauffe Clarke de l'intérieur, un sourire qui lui rappelle tous les souvenirs précieux de l'enfance qu'ils ont partagée, un sourire qui lui donne l'impression d'être enfin à la maison, alors que c'est ridicule, car entre elle et lui, c'est elle qui se trouve déjà à la maison et lui qui vient enfin de rentrer.

"Je crois qu'on l'a cassée, Raven," se moque-t-il lorsqu'elle se contente de lui rendre son sourire béat sans rien dire, comme si elle assistait à un rêve dont elle se réveillerait bientôt. "Elle ne bouge plus, elle me regarde comme si elle avait vu un fantôme, je vais raccrocher maintenant. Je te vois tout à l'heure."