Chapitre 1

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Alors que je dormais profondément et rêvais de licornes roses qui voulaient me vendre des rollers au-dessus de la Tour Eiffel, le bruit assourdissant de mon réveil interrompit mes doux et absurdes songes.

Je tendis la main vers mon téléphone et mis un terme au vacarme déclenché par la sonnerie "Mission impossible" dont le son était juste assez élevé pour me réveiller mais pas assez pour me faire perdre l'ouïe. J'en profitai pour faire un rapide tour sur les réseaux sociaux et en oubliai complètement que ça devait être très court.

C'est donc dix minutes avant mon heure de départ que je me rendis compte qu'il fallait absolument que je me lève. Je sortis rapidement du lit, enfilai un jean et un haut noir choisis au hasard dans mon armoire, et descendis en courant pour rejoindre la salle de bain au rez-de-chaussée.

Je me brossai les dents, me maquillai à peine et coiffai mes cheveux en une queue-de-cheval comme à mon habitude. Je remontai ensuite pour enfiler mes chaussures, ma veste en jean et récupérer quelques affaires et mon sac de cours préparé la veille.

Je sortis en vitesse de la maison, traversai le jardin avant de me rendre compte que j'avais oublié de fermer à clé. Je fis demi-tour, verrouillai la porte puis repartis en direction de l'arrêt de bus. Mais alors que j'étais à quelques mètres de celui-ci, le bus arriva et passa devant sans s'arrêter, car il n'y avait personne pour le stopper.

Énervée, frustrée et déjà transpirante, je balançai donc mon sac par terre et m'assis sur le banc. Le prochain bus passait quinze minutes plus tard, j'allais donc encore être en retard ! Et Monsieur Lauvernier, le CPE n'allait pas l'accepter si facilement. Il m'avait déjà dit que je risquais mon année à cause de mes notes presque en chute libre, de mes absences et retards injustifiés selon lui, et de mon attitude laxiste.

Je pris mon visage entre mes mains et respirai lentement pour essayer de garder mon calme et éviter de pleurer au milieu de la route. Mais, le son d'un klaxon sorti de nulle part, m'extirpa de mes pensées. Je relevai la tête et découvris à ma plus grande surprise la voiture de Lucas, mon voisin.

- Hey, Estelle ! Je t'emmène ?

Lucas et moi habitions côte-à-côte, depuis que nous étions nés, le même jour qui plus est. On avait toujours étudié aux mêmes écoles mais nous nous parlions plus que pour nous saluer et quelques fois, depuis qu'il avait une voiture, il me proposait de me déposer au lycée.

Proposition que j'avais toujours refusée parce qu'il était hors de question que je monte dans sa voiture. Premièrement, sa conduite "impeccable" lui avait déjà valu 5 points en moins sur les 12 du permis et 580 euros d'amende. Deuxièmement, je n'avais toujours pas digéré son comportement au collège. Et, troisièmement, j'avais l'impression qu'il faisait tous ses efforts par pitié, et n'accepterai donc rien de lui si j'avais l'impression qu'il le faisait par politesse ou pour être gentil.

- Non merci, je vais attendre le bus..

- Les cours commencent dans moins de dix minutes. Ton bus passe dans quinze minutes, non ? Avec le trajet, tu devrais être en classe avec 20/25 minutes de retard. Tu ne seras pas acceptée, et tu as trois heures d'histoire, je me trompe ? Donc, tu auras perdu toute ta matinée et tu te seras faite remarquer pour ton retard. Et il me semble que tu as déjà été convoqué chez le CPE, ce qui veut dire qu'il t'a vraiment à l'œil donc il risque de te passer un bon savon et peut-être de penser à une sanction.

- Le fait que tu puisses déduire mon échec scolaire comme ça, est légèrement flippant, mais le fait que tu saches autant de choses sur mon dossier, l'est aussi..

Lucas ne répondit pas. Je devais avouer que voir qu'il connaissait tellement de choses sur moi et qu'il s'intéressait à ma personne était valorisant et me faisait énormément plaisir, plus que je ne voudrais l'admettre..

- Bon, puisque tu as si bien résumé ma journée, je pense que le mieux à faire serait de rentrer chez moi, annonçai-je en me levant. On se voit en cours de Maths, cette aprèm ! Bye.

- Hein ? Pourquoi, non ! Il faut que tu ailles en cours.. Je sais que ce qu'il se passe dans ta vie est très compliqué, mais il faut pas que tu lâches tout !

- Lucas, ce qu'il se passe dans ma vie ne te regarde pas..

- Je sais, je suis désolé.. Je ne devrais pas m'en mêler.. Mais s'il te plaît, viens en cours. Tu risques ton année et tu le sais.. Donne au moins l'illusion que-

- C'est bon, je viens. T'as gagné..

Mon voisin sourit, content de m'avoir convaincu. J'entrai dans la voiture et attachai rapidement ma ceinture. Je glissais discrètement un regard vers lui, et le contemplai un instant. Lucas était un des plus beaux garçons du lycée, bien que ça ne soit pas si difficile vu les spécimens qui y étudiaient. Il avait les cheveux bruns "curly", pour lesquels beaucoup de filles craquaient en ce moment, et des yeux ambrés. Il était plutôt grand et avait des épaules assez larges, ce qui plaisait aussi à la gente féminine. Il faisait dans les 1m90, soit une dizaine de centimètres de plus que moi.

Lucas redémarra sa voiture, la radio s'alluma et je me tournai vers la fenêtre. Pendant que la route défilait, je me remémorai les moments que j'avais vécu avec lui.

Il fut un temps où on nous considérait comme des jumeaux. Nous sommes nés le même jour, à quelques heures de différence, nous avons tous les deux les cheveux bruns et nous étions inséparables. Mais, tout ça a changé le jour où il a décidé qu'il voulait attirer l'attention sur lui et entrer dans le groupe populaire.

Il y a six mois, jour pour jour, il était revenu me parler, la veille de sa mort. Sans obligation, pas par politesse, pas comme de simples voisins.. Il était venu de me voir en tant qu'ami, pour me demander un "truc". Pourquoi ? Pourquoi a-t-il ressenti ce soudain besoin de m'adresser la parole à nouveau ? Et quel était ce "truc", qu'il n'a pas eu le temps de me demander ?



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Douche Froide [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant