4. Marston

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4. Marston

L'herbe était verte et fraîche. Le vent sifflait légèrement à travers les arbres qui bordaient la petite clairière au milieu de laquelle se trouvait la maison. On entendait des corbeaux croasser au loin ; et une espèce de bourdonnement qui ne s'arrêtait pas. Qui allait de plus en plus fort. L'officier Marston était allongé là, dans l'herbe, à deux pas de la cabane. Il avait des difficultés à respirer ; il avait été asthmatique à un plus jeune âge. Il tourna péniblement la tête vers la droite, vers la source du bruit. Un homme en chemise à carreaux faisait tranquillement passer des troncs d'arbres dans une broyeuse. Du moins, ce que Marston croyait être des troncs d'arbres. Avant que des giclées de sang ne s'éjectent de la machine. Et qu'un liquide chaud ne lui remonte dans la gorge. Il tenta de se tourner sur le côté pour préserver son uniforme. Trop tard. Une vague de sang éclata de sa bouche pour aller s'écraser sur lui, son uniforme et l'herbe par terre, qui vira d'un vert éclatant à un rouge morbide. Il redressa sa tête pour regarder l'étendue des dégâts : trois trous de la taille d'une pièce de cinquante cents ornaient son torse. Il se retenait de pousser un cri de douleur. Il ne fallait surtout pas attirer l'attention de l'homme, qui continuait, au loin, de broyer ses cadavres. Il avait froid. Très froid. Ca le grattait un peu partout. Mais ses muscles semblaient échapper à son contrôle. Il sentait des vagues de chaleurs qui entrecoupaient son engourdissement général. Peut être avait-il encore une chance ? Une seule ? Le bourdonnement de la broyeuse s'arrêta. Marston pouvait entendre L'homme marcher vers lui d'un pas assuré. Il tenta de bouger mais c'était impossible. Il voulait pleurer, mais son corps n'émettait plus aucun signal. Sa vision se troublait. Ses oreilles sifflaient. « Je suis désolé, pour vous trois » Réussi-t-il à dire en un râle à peine perceptible. L'homme se rapprochait de plus en plus. Mais l'officier Marston n'entendait plus rien. Il ne ressentait plus rien. La dernière chose qu'il vit fut un vol d'oiseaux au-dessus de la clairière.

MeurtresWhere stories live. Discover now