5. Rico

15 2 0
                                    

5. Rico

Il courait comme un dératé. Rico allait prendre un sacré plaisir à le descendre celui-là. 'Rico'. Quel surnom de merde. Tout ça parce qu'il était le seul espagnol ici. Sa cible continuait à courir droit devant lui. Qu'est-ce que c'est bête, quelqu'un qui voit la mort venir. Vu de l'extérieur, on aurait pu penser que c'était Rico le méchant de l'histoire. Si les gens avaient la moindre idée de ce que ce fils de pute avait fait... Il appuya prestement sur la gâchette, histoire de faire comprendre à l'autre qu'il ferait mieux de s'arrêter de hurler s'il ne voulait pas souffrir plus longtemps que nécessaire. Alléluia ; il trébucha, surpris par le coup de feu inattendu. Rico accéléra légèrement le pas, afin de se retrouver à sa hauteur avant qu'il ne se relève. L'homme le regardait avec des yeux de chiens battu. Au contraire de l'attendrir, cela donnait la nausée à Rico. Quelle ordure. Essayer de se faire passer pour une victime après tout ce qu'il avait fait. C'était les plus vicieux, ceux-là. Les pires lâches ; ceux qui commettent des horreurs, et qui s'arrangent pour ne pas payer. Ceux qui ont peur de regarder la mort en face. L'homme ouvrit sa bouche : « Je... Une fois que je serais mort, je veux que tu – BLAM -» Rico avait appuyé une première fois sur la gâchette. BLAM, BLAM. Pas de dernière volonté pour ces connards-là. Une balle dans le cœur, deux dans le ventre. C'était sa marque de fabrique. Il essuya le sang qui avait giclé sur son visage. Le goût métallique de l'hémoglobine commençait presque à devenir une habitude pour lui. Il se retourna, concentré sur son arme, qui commençait à se faire vieille : la sensibilité de la gâchette commençait à devenir dangereuse, il avait cru que le deuxième coup de feu ne sortirait jamais. Il était si concentré sur l'entretien de son arme qu'il ne vit même pas le policier qui avait surgi comme de nulle part devant lui ; il entendit à peine le son du coup de feu ; par contre il sentit la balle lui transpercer le ventre. Elle n'était pas ressortie par derrière. La deuxième, si. Il s'effondra au sol, et senti un liquide chaud remonter à toute vitesse dans son œsophage. Il se cambra sous l'effet de la douleur, incapable de produire le moindre son. Il vit le cadavre de l'homme qu'il venait d'assassiner de sang-froid, la tête tournée vers lui. Il vit une larme couler sur sa joue. Une larme posthume. Réflexion peut-être de celle qui perlait au coin de l'œil de Rico. La dernière qu'il aura versée.

MeurtresOnde histórias criam vida. Descubra agora