Ombre sur les falaises [En Pause]

Cette sensation

La navette fend les vagues en projetant des gerbes d'écume sur le pont. Derrière nous, la côte s'éloigne et se transforme rapidement en un petit point flou à peine visible dans la brume qui se lève.

Tevenn Noz commence à émerger devant le bateau, révélant peu à peu les courbes de ses falaises majestueuses. Nous sommes au moins une quinzaine de passagers à bord mais il est probable que seuls Gwen et moi rentrions réellement chez nous.

Entre les touristes, peu nombreux à cette période de l'année, les pêcheurs et les commerçants, notre petite île fourmille souvent d'activité pendant la journée mais devient pratiquement déserte à la nuit tombée.

Nous ne devons pas être plus d'une trentaine de personnes à vivre toute l'année sur ce caillou de terre perdu au milieu de l'océan. Je pensais que je ne le supporterais pas mais finalement ce calme se révèle plutôt agréable.

Nous accostons dans le petit port et Polo (le capitaine du navire que tout le monde appelle par son prénom puisqu'on le croise le matin le midi et le soir tous les jours de l'année. C'est un peu comme le chauffeur d'un car scolaire pour nous) jette l'ancre en nous souhaitant une bonne journée.

Une fois sur la terre ferme, nous commençons à marcher en direction de chez moi (Ne me prenez pas pour un pervers, c'est juste que tous les restaurants et les cafés de l'île sont fermés à cette époque de l'année).

Gwen a les yeux perdus dans le vague, et je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'elle est absolument magnifique avec ses cheveux couleur de flamme qui lui tombent sur le visage et les adorables taches de rousseur qui saupoudrent ses joues et son nez comme de minuscules étoiles.

Je me laisse aller quelques instants à la regarder mais je me corrigé aussitôt. Je n'ai pas le droit de faire ça. Je ne peux pas. Oui Gwen a un certain charme et j'aime vraiment vraiment la faire sourire mais je ne ressens rien pour elle. Ce serait une catastrophe si cela arrivait.

Mon boulot, ce pourquoi l'Homme des Ombres me donnera assez d'argent pour me tirer ici et commencer une nouvelle vie avec ma famille, c'est de la séduire, pas de la laisser me séduire. Il a été très clair sur ce point-là. "Charme la, débrouille-toi pour la rendre accro mais surtout ne tombe pas amoureux. Si cela arrive, ce sera à tes risques et périls".

Je détourne donc le regard en maudissant mes joues qui commencent à prendre une vilaine teinte rougeâtre et accélère le pas pour dissiper mon malaise. J'ai vraiment hâte d'arriver chez moi et de sortir le grand jeu. Cela fait un an que j'essaye de la séduire mais cette fois, elle va craquer, c'est sûr.

Souriant à cette idée, je sens mon humeur s'améliorer et ose même prendre la main de Gwen dans la mienne... Qu'elle retire aussitôt avec un air gêné. Je n'insiste pas. La seule façon d'arriver à mes fins avec elle est d'y aller extrêmement doucement. Je me suis débrouillé pour lui faire comprendre ou en tout cas pour lui faire croire que j'ai des sentiments pour elle et Gwen n'a pas trop mal réagi mais si je suis trop brusque, elle risque de se braquer et de refuser de me voir. Et alors adieu ticket gagnant pour un nouveau départ. En fait, j'ai souvent l'impression que Gwen est un papillon. Absolument magnifique mais capable de s'envoler pour un rien.

Je range  sagement mes mains  dans mes poches en me disant que j'aurai tout le loisir de la faire craquer tout à l'heure et nous finissons par arriver devant chez moi. Il est samedi mais mon petit frère est au centre aéré et ma mère en train de travailler sur la côte. Nous avons donc la maison pour nous.

- Bienvenue dans mon palace princesse, Je dis à Gwen avec mon plus bel air de tombeur.
- Ne t'y crois pas trop non plus mon prince, Elle me répond avec un sourire ironique adorable euh... Qu'est ce que je dis moi ? Un sourire ironique normal.

Cachant mon trouble, je m'empresse de la faire rentrer et pousse la porte derrière moi. Nous déambulons dans le couloir menant à la cuisine et je ne peux m'empêcher de me sentir gêné en voyant Gwen sourire devant des photos de moi en train de danser en couche culotte. Mais pourquoi je ne les ai pas enlevées ce matin hein ?

-Ne regarde pas ça, c'est... Ce sont des photos d'un cousin très éloigné. Je me demande pourquoi ma mère les garde ici.

- Oh il n'assume pas ses clichés de Monsieur Pampers c'est teeeeeeeellement mignon ! Me répond-t-elle avec un air taquin. Tu sais que tu étais un adorable bébé toi ?

-Monsieur Pampers ? Je manque de m'étouffer. Et on en parle de la photo où tu es déguisée en tacos géant avec de la sauce pimentée sur la tête ?

- Tu as parlé à ma mère ? -Elle paraît tellement indignée que je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire- Mais c'est pas du jeux ça !

Ce disant, elle prend un coussin sur le canapé (notre dispute ridicule nous a finalement menés jusqu'au salon) et me le balance dans la figure. Toujours mort de rire, je m'empresse de riposter et ça part en bataille géante.

Gwen a du mal à reprendre son souffle tellement elle rigole et je me rend compte que c'est la première fois qu'elle paraît aussi heureuse depuis que je la connais. Je finis par me rendre compte que c'est mon cas aussi...

Bref, désolée si j'ai un peu de retard mais en fait j'avais perdu ce chapitre dans mes brouillons donc... Voilà, j'espère juste que vous apprécierez. Bonne lecture ! 🍁🍍⚓🎏🖱️✳️