Chapitre 2 : Bienvenus dans ma vie super compliquée (Gwen)

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Je sens quelque chose d'humide et de chaud se promener sur mon visage. Ouvrant les yeux brusquement, je tombe nez à nez avec notre labrador, Youki, occupé à me lécher consciencieusement les joues. Je le repousse en riant mais il se met à pousser des aboiements joyeux et à faire le fou sur la couverture. J'ai encore dormi avec lui cette nuit, comme presque tous les soirs depuis la mort de papa.

Ça me rassure je crois. C'est une façon de me sentir moins seule et puis, Youki est un peu le rayon de soleil de cette famille, il reste toujours joyeux même quand l'ambiance est si lourde que cela en devient insupportable. Il est également le meilleur réveil matin qu'il soit puisqu'on ne peut pas l'éteindre en appuyant sur un bouton. Je ne sais pas comment j'aurais trouvé le courage de me lever chaque matin si il ne m'y avait pas forcé .

Après quelques papouilles, Youki accepte enfin de descendre du lit. Je me lève donc et après avoir enfilé mes chaussons je vais jeter un coup d'oeil dans la chambre de Jenny, voisine de la mienne. Elle est fermée à clé, comme toujours. Que ma sœur soit encore en train de dormir ou qu'elle ait encore filée par la fenêtre comme elle a l'habitude de le faire, il est clair qu'elle n'a encore pas envie de me voir ce matin.

Je voudrais tellement que ça change mais elle ne me parle plus, ne m'écoute plus bref c'est un peu la galère en ce qui concerne notre communication. La mort de papa l'a beaucoup touchée , je veux dire moi aussi j'ai été bouleversée mais Jenny s'est enfermée dans une muraille de silence que même moi, sa complice et confidente depuis notre plus jeune enfance n'arrive pas à percer.

Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Après l'accident ma jumelle était un peu bizarre, distante, elle avait besoin d'être seule mais je ressentais à peu près la même chose. Cela me paraissait être un comportement tout à fait classique après la perte d'un être cher.

C'est une semaine plus tard que ça s'est gâté. Pratiquement du jour au lendemain, Jenny a complètement arrêter de parler. La veille, elle était encore venu dans ma chambre pour me lire son étude sur un oiseau qu'elle venait de découvrir et moi j'avais été tellement heureuse de voir qu'on redevenait proches...

Le lendemain soir, elle était rentrée à la maison avec un drôle d'air sur le visage, les yeux vides et incapable de prononcer un mot. Elle était allée s'enfermer dans sa chambre et le cycle infernal avait commencé.

Ma sœur et moi, on ne va  pas dans le même lycée parce que je suis en entraînement spécial de natation dans un établissement sport-études sur la côte. Le seul moment où on peut vraiment se retrouver c'est le weekend sauf qu'à partir de ce vendredi soir de novembre, Jenny a décidé qu'il devait en être autrement.

Depuis, elle déserte sa chambre tous les samedis et dimanches pour ne revenir que très tard, ou alors, elle s'enferme à l'intérieur et ne laisse personne rentrer de toute la journée. Le plus dur dans toute cette histoire, c'est que j'ai l'impression de ne pas avoir perdu que mon père cette nuit-là...

Je sens les larmes me monter aux yeux mais je les chasse d'un mouvement rageur comme j'ai l'habitude de le faire depuis un an. Aujourd'hui encore, j'ai été assez bête pour espérer que Jenny ait changé d'avis. Cela à beau faire près de un an, je n'arrive toujours pas à me faire à la situation.

Je prends une grande respiration et  descends l'escalier pour aller prendre mon petit-déjeuner. La cuisine est déserte, comme toujours ma mère a encore dû passer la nuit à l'hôpital ou devoir s'y rendre très tôt.

Avant la mort de mon père, ce n'était pas comme ça. Elle n'était pas obligée de se tuer à la tâche et d'avoir des horaires de dingue. En plus de son travail d'ornithologue, notre père était prof de biologie dans le lycée de Jenny mais depuis qu'il n'est plus là, il a fallu trouver un autre moyen de survivre.

À notre naissance , maman a arrêté de travailler mais elle a dû postuler à nouveau comme infirmière dans un hôpital sur la côte. On ne la voit presque plus, elle non plus, ce qui fait que je passe la plupart de mes journées toute seule.

Devinant que je suis triste, Youki vient positionner sa grosse tête soyeuse sur mes genoux et me lèche le visage en gémissant doucement.
-Ils te manquent toi aussi, pas vrai ? Je lui demande d'un ton très sérieux comme si j'attendais réellement une réponse.

Évidemment, notre labrador ne peux pas vraiment me répondre mais, à cette phrase, il se couche par terre et me dévisage avec des yeux si tristes que je suis sûre qu'il a parfaitement compris.

Après avoir rapidement avalé mon bol de céréales, j'empoigne mon sac à dos avec mes affaires de piscine, sors de la maison et m'engage sur le petit sentier menant au port au pas de course . Mon entrainement commence à 8h et si je ne veux pas être en retard, il faut que j'attrape la navette de 7h30.

Salut tout le monde (je n'ai pas trop d'idée de surnom alors pour l'instant on va se contenter de ça 😅) voilà la suite de l'histoire comme promis. J'espère que ça vous plaira et vraiment, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaire, même si ce n'est pas positif (essayez quand même d'avoir un avis constructif parce que si vous me dites juste que vous trouvez ça nul ça ne m'aidera pas beaucoup). Bonne lecture ! 🥑🥝

Ombre sur les falaises [En Pause]Where stories live. Discover now