"Elle a fait naître ce sentiment en moi, celui que j'ai fui toute ma vie. Elle, la princesse d'Eirielle, ennemie des yaonies, de ce que je suis...
Pourrai-je outrepasser mes émotions et accomplir cette grande destinée qui m'a été prédite ? "
Ça me fait sourire, je comprends que ma mère et moi pouvons y aller. 16 ans que je n'ai pas vu Eirielle, mais j'ai l'impression que c'était hier tellement mes souvenirs sont nets... Je passe la première, une fois de l'autre côté, un petit frisson m'envahit, suivi d'un sentiment de plénitude. Mon corps reconnaît sa planète, c'est comme s'il vibrait à son contact. Je ferme les yeux et inspire profondément. Je me concentre et entends le murmure des oiseaux dans les arbres au-dessus de nous, je perçois aussi des enfants qui jouent mais semblent si loin... Je suis en osmose avec ce qui m'entoure. Je suis sereine. Je suis enfin chez moi. Lium traverse enfin l'arche et la referme par la même formule que pour la faire apparaître. On est caché par des arbres et des buissons hauts. Juste derrière ceux-ci, il y a un petit chemin qui passe près d'une maison en verre coloré à un étage. En fonction d'où on la regarde, la couleur des reflets du verre change, c'est si beau. Oh, on ne voit pas à travers de l'extérieur bien sûr, mais ceux qui sont dedans peuvent nous voir s'il le désire. Eirielle m'a tellement manqué. Phylis s'approche de moi, me sortant de mes rêveries.
« Je vous préviens, maintenant que tu as retrouvé la mémoire, tout le monde se souvient de ton visage, il est très connu ici. C'est pour ça que nous t'avons fait apparaître près de chez toi. Une fois que les eiries te reconnaîtront ils te salueront, certains seront peut-être des yaonies, mais ne fais pas attention. Souris aux eiries, ne laisse passer aucune expression sur ton visage. Fais comme si tout allait bien. Ta maison n'est pas loin, mais il fallait que les eiries te voient et c'est pour ça que nous n'avons pas atterri chez toi. Une fois là-bas, j'expliquerai à ta mère le fonctionnement d'Eirielle, mais il faudra être vigilant, car ici tu es plus vulnérable que parmi les humains. D'ailleurs, deux de tes camarades de classe, qui étaient des chaouanies, vont nous y rejoindre. Tu vois je t'avais bien dit qu'il y avait parmi ton entourage des eiries. Avance, garde la tête haute et tout ira bien. Tu es prête ? On peut y aller ?
– Oui, on y va. »
Je prends une profonde inspiration et suis Phylis. Il écarte les buissons puis nous avançons sur le chemin. Lium se dépêche de prendre mon nounours que j'avais toujours à la main et de le faire devenir invisible ! Une Princesse-enfant ça ferait une mauvaise impression je pense ! Mais je ne pouvais pas partir sans lui, il me rappelle ma vie terrienne, une partie de moi...
Je marche le nez en l'air, comme d'habitude, c'est magnifique ! Ça n'a pas beaucoup changé, je ressens une telle sérénité ici... Il y a énormément de verdure : des arbres, des buissons, des fleurs, des étendues d'herbe... Je vois une forêt au loin avec pleins de cascades. C'est comme si l'eau sortait des arbres qui paraissent pourtant si hauts. Bon, c'est parce qu'ils sont sur des collines aussi, mais ils semblent immenses. Je me sens si petite et pourtant en communion avec ce paysage. C'est si beau et immense. La nature a une place privilégiée ici. Toute cette verdure éclatante, les couleurs ont l'air plus vives. Cette chaleur intense que le soleil répand dans mon corps est tellement agréable. Je ne sais pas à quoi ressemble le paradis, mais moi qui aime la nature, je pense qu'il est ici ! Il y a des bancs pour que les gens puissent s'asseoir sur les bords des routes. Les routes sont en fait des chemins d'herbes de couleur or qui brillent un peu ! Je vois peu de transports, aucun ne pollue. Ils avancent grâce à la magie, mais la plupart des gens volent. Oh, le ciel est tellement magnifique ! Il est si bleu, pas un seul nuage ! Oh et les maisons en verres colorés m'avaient tellement manqué ! Il y a aussi des dessins sur certaines d'entre elles, beaucoup ont un ou deux étages, mais aucune n'a plus. Elles ne sont pas alignées et ne suivent aucun ordre logique. C'est comme si elle faisait partie de la nature. Elles sont au milieu des arbres sans dénaturer quoi que ce soit. Chacun fait comme il veut mais dans le respect de l'autre. Ici on respire tellement la paix et la liberté.
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