Chapitre 61

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« Alors tu vis ici depuis que tu es petit ?

Non, au début je vivais sur la terre avec ma mère, mais bon comme tu le sais à deux ans je suis venu ici avec mon père. Je ne l'ai donc pas beaucoup connue. Mon père m'a dit qu'elle n'était pas faite pour la maternité !

– Et tu l'as revue ?

Non, mais tu sais je n'en ai pas envie et puis elle doit être vieille maintenant... Ça vit combien de temps un humain ?

– Heu ben... je sais pas, en moyenne 80 ans je pense.

Ah... Ok. Du coup toi ça sera pareil ? Car nous, nous vivons dans les 250/300 ans.

– Oui, ça fait partie de ce que m'a légué ma mère biologique... Elle te manque ta mère toi ?

Je ne sais pas trop, j'aurais peut-être aimé la connaître, mais elle a trop fait souffrir mon père. Elle l'a détruit.

– C'est triste. Tu vois, c'est ce genre de chose qui me fait peur avec l'amour, on peut être la personne la plus heureuse du monde et passer d'un coup à la plus triste...

Oui ! Tu m'as fait découvrir ça !

– Toi aussi... Tu as déjà aimé une eirie ? C'était comment ?

– Oui c'était totalement différent, beaucoup plus simple ! On sent tout de suite si on est compatible ou non. Je suis resté avec elle un peu puis, au bout d'un moment on n'était plus compatible, on s'est séparé tout simplement. Mais il n'y avait pas la jalousie, on s'est oublié facilement. Si je ne la voyais pas pendant un moment, ce n'était pas grave, je pouvais m'en passer. Je n'avais pas ce manque. Alors qu'aimer à la façon des humains, c'est bien plus intense, même s'il y a aussi des mauvais côtés !

– Oui, mais il y en a de très bons aussi ! Pourquoi tu étais dans le même lycée que moi si tu détestes les humains ?

– En fait, plusieurs enfants de yaonies ont été choisis pour intégrer différentes écoles pour essayer de te trouver. Je ne sais pas comment, mais les yaonies connaissaient le pays, alors on a été éparpillé un peu partout dans les lycées par groupe de deux ou trois. On était plusieurs à habiter une maison sur Terre pour rester à proximité des humains et pour accomplir nos tâches. Les portables ne captent pas sur Eirielle, je devais pouvoir t'écrire n'importe quand.

– Ah c'est pour ça que je n'avais pas eu de tes nouvelles un après-midi ?

– Oui.

– Ça m'avait énervée... Mais attends, tu étais toujours tout seul, avec qui tu étais venu toi ?

– Avec... Tu ne la connais pas ! On n'était pas dans les mêmes classes pour avoir plus de chances de te retrouver. Moi, je ne restais avec personne pour observer. Je n'ai su que bien plus tard qui m'accompagnait, c'était une fille de yaonies qui vit avec sa mère terrienne et vient voir son père de temps en temps à Eirielle. Il a beaucoup d'emprise sur elle.

– Elle me manque un peu mon école... mes amis aussi, et surtout ma Jiji. Mais tu sais ce qui me manque le plus ici ?

– Non, quoi ?

– Le chocolat et les films !

J'ai déjà goûté le chocolat ce n'est pas mauvais, mais je ne connais pas les films.

– Tu connais pas les films ?? Oh Nicolas, je te jure que tu me désespères ! »

J'explique à Nicolas ce qu'est un film, il ne comprend pas trop le concept mais c'est pas grave ! On continue à parler de plein de choses. Puis on s'allonge tous les deux sur un coin d'herbe. On se tient la main, on s'embrasse, quel plaisir de ressentir à nouveau cette sensation ! Il m'a tellement manqué, et en même temps j'ai l'impression que tout est comme avant. Qu'il n'y a jamais eu toutes ces horreurs. C'est sûrement ça qu'on appelle la passion.

Je suis si bien avec elle, maintenant plus rien ne pourra nous séparer. C'est agréable de regarder le ciel et de la sentir blottie contre moi. Elle est si belle. Elle représente tant pour moi. Elle n'est pas comme les autres. J'ai besoin d'elle, j'ai besoin qu'elle soit près de moi... Est-ce que j'ai bien fait de ne rien lui dire pour Jihane ? Je pense que c'était le mieux, elle se serait sentie trop trahie. Et puis Jihane vit sur terre. Elle est presque humaine. Mais je suis sûr qu'elle le découvrira un jour... J'espère qu'elle ne m'en voudra pas trop. Je l'aime. Je ne veux pas qu'elle souffre. Je préfère la préserver. La nuit est tombée, partager ce ciel scintillant d'étoiles avec elle est juste magnifique. Le reflet de la lune sur la brume au-dessus de la mer, Océane dans mes bras... Peut-il exister un plus bel instant ? Si j'avais su qu'un jour je serais à Eirielle avec Océane, je ne l'aurais certainement jamais cru. Et pourtant, quand je pense que je voulais tellement l'amener ici et que maintenant ça se réalise...

« Ouh la, tu as vu l'heure ? Ma mère ne va pas être contente si je rentre trop tard !

– Mais elle n'a plus besoin de s'inquiéter ici !

– Oui, mais le repas sera bientôt prêt !

– Tu t'es réhabituée à notre nourriture ?

– Difficilement, en fait de temps en temps des chaouanies partent sur terre pour nous ramener des ingrédients comme...

– Du chocolat ?

– Oui, aussi ! Mais également un peu de viande parce qu'ici vous n'en mangez pas. Comment tu fais pour te nourrir que de fruits et légumes ?

– Et toi d'animaux ?

– Mouai... question d'éducation ! Bon, il faut que j'y aille. On se voit demain ?

– Oui, bien sûr. Je t'aime.

– Moi aussi je t'aime !

– Attends, tu sais, je voulais te dire... J'ai beaucoup aimé la façon dont tu as géré ce conflit qui dure depuis tant de temps. Tu es si forte et sage... Tu m'impressionnes beaucoup.

– Peut-être est-ce parce qu'en vrai j'ai le double de ton âge

Très drôle !

– Quoi ? J'ai 16 et 19 ans soit 35 ans ! Plus sérieusement je crois que c'est mon père qui m'a guidée dans la résolution de ce conflit. Lui et tous ceux qui se sont sacrifiés pour ramener la paix à Eirielle.

Tu es une fille exceptionnelle. Je ne sais pas comment j'ai pu vivre sans toi. »

Eirielle : un monde nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant