Le vent nous portera - Louise Attaque

148 13 9
                                    

Liam dormait paisiblement malgré le faisceau de lumière accru qui filtrait entre ses volets. Il était 15 heures, et son réveil ne sonnait pas avant au moins trois bonnes heures. Liam était un grand et jeune homme brun qui ferait des ravages si jamais il daignait sortir de chez lui.

Il n'avait pas peur de la foule comme certain ou ne supportait pas les espaces ouverts comme d'autres, non. Liam n'avait juste aucune envie de sortir de son appartement. Il n'en voyait tout simplement pas l'intérêt. Il n'avait aucun ami avec qui s'amuser et, de toute façon, ça ne le dérangeait pas plus que ça.

En tant que graphiste professionnel, le brun peut se permettre de vivre sa vie comment il l'entend tant qu'il respecte les derniers délais de ses travaux ou de ses impôts.

Liam se retourna dans son sommeil, il rabattit la couverture laissant entre voir son torse et ses bras musclés couverts de tatouages. Seule une profonde respiration troublait le silence de la pièce et des fois, de légers ronflements venaient la compléter. Le soleil commençait à se coucher en ce mois de décembre, à peine eut-il disparu derrière de lointaines collines qu'un le clocher et le réveil de Liam sonnèrent dans une synchronisation parfaite.

Le brun grogna et d'un large mouvement de main, il éteignit le réveil. Mais le clocher qui résonnait toujours l'obligea à se lever. Alors, pour se mettre de bonne humeur et comme le soleil se couchait à peine, Liam décida d'aller admirer le magnifique spectacle qui se présentait de son balcon. Il attrapa au passage son paquet de cigarette et s'en alluma une, une fois sortie, s'assurant bien de fermer la porte vitrée pour ne pas que l'horrible odeur se propage dans son appartement.

Une fois que le soleil fut couché et son mégot écrasé dans le cendrier moche en forme de coquillage (vieux cadeau d'un anniversaire passé), Liam se décida à rentrer pour enfin travailler un peu. Mais à peine eut il pose la main sur la poignée qu'une douce mélodie retentit, elle n'était plutôt rapide mais si belle que le jeune homme resta plusieurs secondes interdit, la main posée à plat sur la vitre coulissante.

Il secoua vivement la tête et toutes ses pensées s'envolèrent à même temps que l'entraînante mélodie. Seul resta le silence et le vide, mais bien vite l'esprit pratique de Liam refit son apparition. D'un geste ferme, il ouvrit la porte puis attrapa son ordinateur portable pour finalement s'assoir sur le canapé. Il ouvrit le clapet de l'ordinateur et soupira en s'apercevant qu'il avait oublié sa tablette graphique dans sa chambre. Il se leva en trainant des pieds puis s'écrasa une nouvelle fois sur le sofa, Liam connecta la tablette à l'ordinateur et croisa ses jambes sur la table basse.

Étant graphiste professionnel, le brun pouvait travailler à l'heure qu'il voulait et surtout combien de temps qu'il travaillait sur le projet assigné. Tant mieux si ses employeurs appréciait son croquis du premier coup, au moins il aurait plus de temps libre. Mais il y a quelques semaines, il avait été contacté par une société plutôt conséquente dans la technologie, le brun était vraiment flatté d'avoir été contacté par cette agence mais il croulait vraiment sous le travail.

Il soupira, mais de satisfaction cette fois. Il avait enfin fini de repasser les grandes lignes, depuis le qu'il avait eu ce contrat il avait dessiné plus d'une quinzaine de croquis qui avait tous été rejeté par son patron, et celui qui avait enfin été accepté ne convenait pas vraiment à Liam. Mais enfin, il n'avait pas le droit de donner son avis.

-De toute façon, se disait-il, vu le prix qu'ils me payent, je n'ai pas grand-chose à dire.

Il commença à encrer son dessin, ça ne lui prit qu'une vingtaine de minute c'était la chose qu'il avait le plus étudié en école d'art. C'était d'ailleurs la chose sur laquelle les profs étaient les plus intransigeants. Il enregistra le pdf sur son ordi et l'envoya par la même occasion à son employeur.

Ce dernier allait être content, Liam était en avance de quelques heures sur le planning que leur acquise avait mis au point avec l'équipe de marketing. Il reprit sa tablette graphique et se mit à dessiner quelque chose de bien différent.

Une bande dessinée, voilà le projet qu'il suivait depuis des mois et des mois. Mais malheureusement, il n'était pas très motivé à le continuer. Il avait passé beaucoup trop de temps à illustrer des nouvelles pour des auteurs indépendant. C'était un passe-temps commun et plutôt amusant pour lui, ce petit travail lui laissait beaucoup plus de liberté artistique que les immenses compagnies qui ne l'appelaient pour faire la guerre les unes contre les autres... avec ses dessins.

La même mélodie que tout à l'heure retentit soudainement. Il se leva avec une soudaine envie de fumer, il regarda l'heure pour s'apercevoir avec effroi qu'il était déjà 4 heures du matin. La nuit avait filé sans qu'il ne s'en aperçoive, ses mains tremblantes attrapèrent le paquet blanc et rouge puis il sortit précipitamment sans oublier de refermer la porte.

Liam voulait absolument réduire sa consommation, déjà parce que c'était un gouffre financier, et qu'avec l'argent de la nicotine il pourrait s'acheter beaucoup plus souvent ces magnifiques plats japonais à emporter, ce qui en soit était tout autant une drogue. Il s'accouda à son balcon en tirant une taffe qui lui brûla les poumons. La chanson jouait toujours, mais tellement plus distinctement elle venait de l'appartement d'en face.

Une fine silhouette se tenait derrière les rideaux, elle tourbillonnait en rythme. Les notes semblaient matérielles. Elles flottaient, portée par la brise frappant directement Liam à la poitrine. Il s'assit sur la chaise qui meublait pathétiquement les cinq mètres carrés qui lui servaient de balcon. Il ferma les yeux et se laissa une nouvelle fois porter pas la musique, consciemment cette fois, il laissa son esprit flotter, partie là où il voulait tendit qu'il tirait une dernière fois sur le cylindre de nicotine.

Il ne fut réveillé qu'une demi-heure plus tard par l'horrible alarme de son téléphone qui lui rappela une réunion professionnelle dans quinze minutes. Il n'avait même pas conscience de s'être endormi mais à présent il était frais et dispo, sa cigarette ne fumait plus depuis longtemps dans le cendrier moche, tout comme la mélodie entraînante dit. Les notes semblaient toujours vibrer dans les airs.

La mort dans l'âme, il entra à l'intérieur de son appartement et commença à se diriger vers la chambre. Il avait exactement dix minutes pour s'habiller et se coiffer de façon à paraître professionnel devant toute l'équipe. Il enfila une chemise et une cravate, gardant son jogging, et se coiffa un peu, il se brossa rapidement les dents et s'installa enfin à son bureau. La réunion commença.

Elle ne dura qu'une vingtaine de minutes pendant lesquelles Liam montra son projet final et pris sur lui pour ne pas rabattre le clapet de l'ordinateur en criant que cette stupide réunion ne servait à rien. Mais il se contint en respirant profondément et en serrant les poings à s'en enfoncer les ongles dans les paumes.

Finalement, il s'allongea... non, il s'écrasa sur le canapé. Ses yeux lui piquaient à force d'être devant un écran, des points noirs dansaient dans son champ de vision.

C'est l'heure d'aller se coucher. L'oiseau de nuit allait rejoindre son lit alors que le violoniste se levait à peine.

Le Vent Nous Portera {Z.M.}Where stories live. Discover now