Joute et révélations

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Alex se trouve debout près de la cheminée, et regarde nos photos de famille. La plupart de ces clichés sont anciens, et sont les témoins d'un passé heureux. Gabrielle et moi avons eu une chouette enfance.

— Tu cherches de l'inspiration pour te moquer de moi ?

Il se retourne et rétorque en souriant :

— Pas du tout. Ces photos sont très belles. On ressent tout l'amour que vous vous portez les uns les autres.

Je réponds à son sourire tout en hochant la tête. J'ai conscience d'avoir eu la chance de grandir dans une famille unie, avec des parents qui s'aiment et se respectent, ainsi qu'une grande sœur qui a toujours été là pour moi.

— Au moins, ils ont évité d'exposer les clichés où mes bourrelets faisaient coucou à la caméra.

— Quels bourrelets, Becca ? Tu as toujours été toute menue.

— Tu parles ! Ce n'est pas la peine de mentir pour être gentil. Si c'était le cas, tu ne me surnommerais pas Muffin depuis tout ce temps !

Alexander me regarde, interloqué.

— Attends, pour quelle raison crois-tu que je te surnomme ainsi au juste ?

— Ça paraît évident non ? À cause de mon poids ! Je sais très bien que j'étais potelée quand j'étais petite.

— Bon sang, Becca... Mais pas du tout ! Je l'ignorais, et je suis désolé que tu aies cru ça. Je t'ai donné ce surnom car je trouvais ça mignon et doux, comme toi. Enfin, douce, ça dépend des jours, ajoute-t-il, taquin.

— Vraiment ?

— Je t'assure que oui. Et puis, souviens-toi, à une époque tu réclamais toujours des muffins à ton père. Ce surnom est donc venu tout naturellement.

Il a raison, vers onze-douze ans, j'ai eu une période « muffin addict ». Cependant, je croyais vraiment qu'il avait commencé à m'appeler Muffin car il savait que j'avais été un bébé dodu. Ce que je croyais être un surnom moqueur était en réalité un petit nom plein d'affection.

— Si ce surnom te déplaît tant que ça, je te promets d'arrêter de t'appeler ainsi, me promets Alex en se rapprochant de moi.

— Pas question. Maintenant que je connais l'histoire de ce « Muffin », je voudrais presque que tu ne m'appelles plus jamais autrement, Xander. C'est beaucoup trop mignon.

Nous rions tous les deux.

— Mignon, tu as dit ? Serais-tu en train de laisser tomber ton armure de guerrière, Becca ? demande Alexander avec un petit rictus.

— Ne rêve pas trop ! C'était juste une trêve temporaire ! Et j'ai dit que la raison de ce surnom était mignonne, pas toi.

— Oh ! Je suis donc repoussant ?

— Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit !

Il s'esclaffe tout en jouant avec les clés de voiture qu'il vient de sortir de sa poche.

S'apprêtant à partir, il me frôle afin de me murmurer à l'oreille :

— C'est bon à savoir, Muffin. Au fait : tu rougis encore.

Il est sur le seuil de la porte quand il se retourne et me dit :

— Tu viens ou l'idée de manger au resto avec moi t'effraie ?

Noël sous un ciel irlandaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant