Episode 25 : Palais Originel :

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Je n'avais rien demandé, j'étais juste endormie dans ma chambre avec Nik à mes côtés. 

Soudain, alors que je rêvais de tout et de rien, une vision vint remplacer ce à quoi je pensais.

Plusieurs années dans le futur, un jeune couple s'embrassait amoureusement sur un pont, près d'un lac. La jeune femme était rousse aux yeux verts d'eau. C'était Hope. Le jeune homme était métisse aux yeux noisette. Au loin, un jeune homme, au cheveux noirs, au yeux verts et à la peau blanche comme la neige, en était brisé. Ça y est, je sais ce qui se passe. Une phrase se répète dans ma tête. Elle choisira le deuxième frère, elle aussi.

Et soudain, je me réveille en trombe, me redresse, puis prends une bonne douche bien chaude. L'eau brûlante coulant sur ma colonne vertébrale et traversant chaque ficelle de cheveux. Détente, c'est ce qu'il me fallait. Je devais rester vigilante et ne devais surtout pas montrer à quel point j'avais peur. Peur de l'échec, peur de perdre quelqu'un durant la bataille qui aura lieu dans trois jours. Je me lève, mets un jeans bleu clair, un top blanc en dentelle puis un manteau crème. Je chausse mes baskets blanches, brosse mes cheveux m'arrivant aux épaules, et mets un rouge à lèvres rose pâle brillant et des fards à paupière rosés. Sans réveiller Niklaus, qui dort comme un bébé, je sors de la chambre à pas de loups, prends ma voiture et fonce hors de la Nouvelle-Orléans, pour aller au QJ. C'est le nom que nous lui avons donné, Esteban et moi. Le QJ, ou Palais Lightwood de son vrai nom, est le palais royal. L'endroit qui nous permet de voyager entre la terre et les limbes, le royaume marin. Ce dernier, Atanas l'a brûlé et ça fait quinze bonnes années que je n'y suis pas venue. Je gare ma voiture sur l'herbe sèche, sors en ajustant mon manteau puis m'arrête de marcher quand je vois un panneau avec écrit dessus un nombre : 1974, ma date de naissance. Je souffle un "claro" quasi inaudible puis le décor change pour se transformer en un escalier profond en ciment gris mal poli. Je descends ces escaliers étranges à pas de loups en faisant attention à ne pas tomber, ce qui arriva à cause du manque de lumière. Heureusement, je suis atterrie sur mes pattes. Plus tard, pour ne pas faire la même chute, j'allume mes sens et fais briller mes yeux verts d'eau, mélange du bleu de sirène et du jaune des loups. Puis je continue ma descente en faisant attention à la lumière au bout du tunnel. Lorsque je la traverse, je ne puis m'empêcher de couvrir mes yeux avec mon avant-bras tant la clarté était aveuglante. Je la traverse puis enlève mon avant-bras pour enfin retrouver l'endroit où j'ai grandi : le QJ, ou Palais Originel. Ou encore Palais Lightwood.

Mais peu importe le nom qu'on lui donne, il est le portail qui lie le monde réel et notre monde, à nous, mille lieues sous les mers. Mais il n'a plus la splendeur d'antan, ce beau palais, bleu émeraude recouvert de mosaïques et de dorures presque aussi belles que le palais d'Alhambra. Le grand jardin, à la façade sud, parsemé de palmiers et d'arbres verdoyants. Un énorme bassin profond servant de source de magie, qui permet même aux morts de ressusciter. Et enfin, le grand palais de style arabo-musulman. Je respecte profondément toute cette culture, et cette beauté qu'ils ont construit tout au long de l'histoire ? Et bien, le palais en est inspiré, avec ses gravures faites à la main, ces énormes salles à la hauteur si grande qu'on se croirait relié au ciel. Des pièces gigantesques où tout le peuple pouvait loger, enfin, de resourcer, planifier les plans d'attaques aux espèces malveillantes et veiller à l'équilibre du monde. Je me rappelle, quand j'avais quatre ans et que j'apprenais encore à marcher dans mes petits souliers, un sourire aux lèvres, et mes cheveux noirs bouclés tandis que je courais vers le bureau de grand-mère pour lui dire bonjour dès le matin. Esteban me poursuivait aussi, ses cheveux dorés bouclés coupés jusqu'à ses minuscules épaules. James n'était pas encore né, et Isabelle, la petite soeur d'Esteban, non-plus. Atanas, ou Sébastien, de son nom de naissance, ne sortait jamais, il passait son temps avec sa mère Alice, soit à bouder dans son coin, soit à étudier ses sorts. Mais il jouait avec nous, des fois. Des fois que je peux compter sur les doigts de ma main. Mais quand il le faisait, on s'amusait bien ? Mais si l'on remarque bien, ce n'était pas lui qui se repliait sur lui-même, mais sa stupide mère. Mais bon, mon ex-cousin n'est que du passé maintenant. et tout ce que je vous ai décrit du palais où j'ai grandi, n'existe plus. Les forets verdoyantes ne sont plus que des branches d'arbres calcinés sur une herbe jaunie par le feu. Le bassin est vide et recouvert de calcaire. Les mosaïques ont perdu leur couleur, et le palais n'est plus que poussière. 

La Sirène Originelle : Le présent.Donde viven las historias. Descúbrelo ahora