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Sans chercher à savoir si tu es seule dans le manoir, tu te diriges vers ta chambre. Les couloirs sont sombres, malgré la luminosité provenant de dehors. Tout est vide, et silencieux, accentuant les bruits de la demeure. Arrivée à ta destination, tu jettes un rapide coup d'œil autour de toi. Rien a changé, tes affaires sont à la même place où tu les as laissé en partant. Comme si tu t'étais jamais enfuie. Un soupir s'échappe de tes lèvres tandis que, d'un geste las, tu ramasses quelques vêtements que tu avais laissé par terre dans ta précipitation. Une fois que tout est rangé, tu t'allonges sur ton lit et ferme les yeux pour t'endormir, malgré le fait que le soleil est encore haut dans le ciel. Après ce que tu viens de vivre, tu es épuisée, et a besoin de repos. Mais, même dans ton sommeil, tu ne peux être en paix.
Tu ne cesses d'être perturbée par des cauchemars, tous aussi horribles les uns que les autres, te rappelant le traumatisme que tu as vécu. À chaque fois, c'est la même chose: le noir complet. Tu ne vois rien, ne sens rien, ne touche rien. La seule chose que tu ressens, c'est cette douleur, toujours plus intense. Tu tentes de hurler, mais ta voix est éteinte. Et, accompagnant la torture, le rire du diable résonne dans tes oreilles, en boucle.
Tu te réveilles en sursaut, le corps couvert de sueur. Ta respiration est saccadée, et ton coeur bat à cent à l'heure, au point que tu mets plusieurs minutes avant de te calmer. Main posée sur ta poitrine pour écouter ton rythme cardiaque, tu regardes autour de toi, confuse de ton environnement, avant de te rappeler d'où tu es: dans le manoir. Le soleil est entrain de se lever, et ses faibles rayons traversent tes rideaux, jouant avec les ombres. Ton visage ayant à présent retrouvé son expression neutre, tu te lèves et retire tes vêtements avant de te diriger nue vers ta douche. Là, tu allumes l'eau, et te glisses sous le jet glacé. Ton corps se secoue de spasmes au contact du liquide froid, mais tu ne changes pas pour autant la température. Plusieurs minutes s'écoulent où tu restes immobile, tête baissée entrain de regarder dans le vide. Le bout de tes membres commencent à devenir rouge, puis bleus, et tu souris. Un sourire sans joie, presque ironique. Au moins, le froid te prouve bien que tu peux encore ressentir quelque chose autre que de la douleur. Tu restes ici jusqu'à ce que ton corps ne puisse plus le supporter, et sort de la douche pour agripper une serviette. Tout en t'essuyant, ton regard se pose sur un miroir en face de toi. D'un air intrigué, tu observes cette personne, qui n'est d'autre que ton reflet. Lentement, tes yeux parcourent ta peau immaculé de coups, jusqu'à remonter à ton cou. Un frisson te traverse lorsque tu vois les traces violettes, qui ont les formes de doigts. Un signe, une marque te rappelant constamment qu'il te garde toujours à l'œil, et que tu es en sécurité nul part. Tes frissons se transforment en spasmes tandis que tu t'accroupis, enroulant tes bras autour de tes genoux.
