My StepBrother Felix

Chapitre 12: La concurrence

Ma main desserre les doigts de Félix mais mon demi-frère refuse cette décision et tire sur mon bras pour m'attirer à lui. Je coupe alors tout contact avec Chan, qui ne semble pas ravi.
La soudaine attention que me porte Felix me trouble puisqu'il me laisse à penser qu'il attend quelque chose de moi alors qu'il n'a jamais manifesté de désir pendant un an. Ces changements sont brutaux et trop récents pour que j'y voie clair.

Nous passons devant une petite boulangerie prônant les spécialités françaises quand les garçons échangent d'anciens souvenirs.

— Tu te souviens que c'est ici que tu as vu Mia et sa mère pour la première fois.

Felix semble troublé à l'évocation de ce fait, ce qui m'intrigue fortement. Je pousse donc Chan à m'en dire un peu plus.

— Felix soupçonnait que son père voyait quelqu'un. Il nous a raconté qu'il l'a suivi et a surpris votre rencontre depuis l'extérieur.

Je me souviens également que c'était la première fois que je faisais la connaissance de Yoo. Ma mère multipliait les sorties tardives et les gloussements devant les messages qu'elle recevait. Tandis qu'elle se préparait, j'ai imposé ma venue et provoqué cette rencontre avec celui qui est devenu mon beau-père. Ce n'était pas une réunion de famille organisée dans les règles de l'art, mais je voulais m'assurer qu'elle ne s'était pas à nouveau amourachée d'un rêveur.

— Yoo était très stressé. Il n'arrêtait pas de me demander si j'allais bien ou si je voulais quelque chose. Mais je crois qu'au final, c'est lui qui a vidé la bouteille d'eau.
— Ravi que ce soit un bon souvenir pour toi, commente Felix.
— Ça ne l'a pas été de ton côté?
— Oh non, et pendant longtemps. Je te le dis aujourd'hui car de l'eau a coulé sous les ponts, mais j'ai mal pris le fait d'être tenu à l'écart de ce moment.

Cette vérité me frappe et m'interpelle. J'ignorais que mon demi-frère avait vécu la rencontre de l'extérieur et pouvait se sentir à une place inférieure de la mienne. Ce qui n'était pas voulu.

— J'ai mis ton père devant le fait accompli. Si tu dois en vouloir à quelqu'un, c'est à moi, pas à lui.
— Je te t'en veux pas, Mia. Enfin ce n'est plus le cas.

C'est dingue comme l'atmosphère s'allège subitement alors que j'ignorais l'une des raisons des tensions entre nous. La sensation de sa main contre la mienne ne me gêne plus jusqu'à ce qu'un horrible désagrément perfore mes tympans et transgresse mon espace vital.

— Felix ! Chouchou ! Je n'ai pas arrêté d'essayer de t'appeler.

La sasaeng en chef, Irène, se rue vers nous et me pousse pour sauter au cou de son petit ami. Je réalise que la tension artérielle de mon corps doit être épuisée des yoyos que je lui fais subir.

— Vous êtes en balade en famille, comme c'est mignon.
— On va voir un film chez Hyunjin, ça te dit ? propose Chan.

Le hurlement qu'elle pousse répond pour elle et achève d'exterminer ma patience. C'est avec plaisir que je mets une distance entre l'hystérique et moi, lui laissant le soin d'écarteler les doigts du blondinet pour y élire domicile.
Chan se satisfait de ma présence à ses côtés et chantonne gaiement.

— Fais juste un petit effort. Elle est sympa quand on apprend à la connaître.

Je pense être dans un état d'esprit de trouver plus de motivation à lécher un cactus qu'à copiner avec Bae Irène.

— Si je te sors la même phrase version Kai, tu me répondrais quoi ?
— Que j'en deviendrais dingue. Mais la situation n'est pas la même, tu m'as dit que ce n'était qu'amical avec lui alors que, crois-moi, Irène connait la queue de ton frère sur le bout des doigts. Ou de la langue si je peux me le permettre.