CHAPITRE 14 : Eternel.

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Je rirais la langue pour reprendre mon souffle pendant que mon poitrail se soulevait avec difficulté. Le sang avait coagulé et formait des amas de poils. Je bougeais mes pattes pour vérifier si mes articulations fonctionnaient bien : je n'étais pas blessée. Un soupir de soulagement m'échappa et nous prîmes la route vers le camp. J'étais encore immobile dans la neige fondue alors que les autres avaient déjà commencés à marcher. Mes pattes trempaient dans l'eau gelée, j'étais frigorifiée. Un filet d'argent me tomba dessus et me tira en arrière. Je m'effondrais sir la terre humide et le filet me traîna sur plusieurs mètres. La surprise et l'adrénaline me rendirent silencieuse. Mes griffes essayaient d'accrocher le sol. Sans succès. Quatre bras solides me portèrent et me posèrent brutalement dans la remorque d'un gros 4x4 noir. Le son sortait enfin de ma bouche. Sam se retourna au moment où les hommes me sanglèrent fermement, me laissant peu de marge pour respirer convenablement. Ils m'attachèrent les pattes par deux, posèrent un bandeau censé être opaque et me forcèrent à mettre une muselière. La voiture démarra en trombe avant que Sam ne nous rattrape. Il hurla dans ma direction, en vain. Je voulais me transformer, mais le collier qu'ils m'avaient posé me l'empêchait. Je devais rester sous ma forme animale. Je n'avais pas le choix.

*

Je n'entendais plus Sam hurler, mais seulement le moteur de la machine vrombir. Pourquoi ne m'avaient-ils pas tué directement ? Où m'emmenaient-ils ? J'étais complètement perdue...

*

La voiture se figea à la lisière de la forêt. J'entendais les portes claquer et des pas venir vers moi. Mon rythme cardiaque s'accéléra. Mon sang tapait contre mes veines si fort que je pensais qu'il réussirait à sortir et à m'abandonner. Les deux hommes se postèrent au-dessus de moi et ouvrirent une sorte de toit en tissus pour recouvrir le coffre de la machine et me cacher de certaines vues indiscrètes.

- Pourquoi tu lui as mis un collier anti-métamorphose?

- Pour qu'elle ne se transforme pas, imbécile !

- Mais on ne chasse jamais ces monstres d'habitude. On prend des loups normaux.

- Le Maître veut un truc comme ça, on lui fournit. Ils sont bien plus résistants donc on peut se faire un max' de tunes !

- Oui enfin...

- Tais-toi et aide-moi à accrocher le toit décapotable!

J'étais maintenant plongée dans le noir. Mon corps frissonna au contact d'une main -étrangement douce- qui passa à travers mes poils.

- Regarde comme elle est douce Georges.

- On s'en fout sérieux !

Ils me quittèrent. J'espérais encore que Sam arrive et me libère d'ici. J'avais beaucoup de mal à respirer à cause des sangles et de la muselière. J'étais fatiguée et j'avais abandonné toute idée pour m'échapper.

*

La voiture s'arrêta net. La nuit était tombée. Mes pattes se cognèrent aux parois du coffre sous le choc du freinage. Je grognais parce que les sangles me rentraient dans les cotes et me tapaient sur les nerfs. La capote automobile s'ouvrit et ils me débandèrent les yeux. J'étais ébloui par la lumière provenant des spots fixés au plafond. Ils me tiraient par les pattes, me froissant mes muscles. Je pignais et grognais en même temps alors qu'ils m'amenaient je ne sais où. Le bitume m'arracha tout un coté de poils au niveau du flanc alors qu'il tapait contre le goudron. Ils me jetèrent au fond d'une cellule, me laissant dans le même état végétatif que pendant le transport. Je restais immobile contemplant le mur de briques en face de moi, pendant qu'ils crouillaient la porte de ma prison. Je ne savais pas ce que l'on attendait de moi, mais je savais que ça ne me plairait pas. Après tout, savoir c'est savoir que l'on ne sait pas.

LIEN DE SANG Sang de loups (T1) /!\ En RéécritureWhere stories live. Discover now