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J E N E V A H
Et si, et si je me permets de vous passer une année entière ?
L'année 20XX a été pour nous, les Zaïnoun, une année assez éprouvante. Il faut dire que dans la vie, tout ne se passe pas toujours comme prévu, en effet, la stérilité, la famille, les amis, le travail, tout ça, ce sont des choses sur lesquelles seul Dieu a le contrôle. J'en ai eu la preuve au cours de cette deuxième année en tant que Jenevah Zaïnoun.
Dans mon couple, tout va bien, cela fait deux ans et un jour précisément que je suis la femme de votre pote. Vous devez sûrement vous dire qu'il a du se passer des tonnes de choses au cours de cette année ? Eh bien, oui.
Non, je ne vais pas vous annoncer que j'ai donné vie à un enfant, car à cette heure je suis toujours stérile, malgré mes prières, mes nuits de louanges, mes crises de colères, mon presque départ de cette maison.
Départ ? Hm,hm. Faut dire que cette année a vraiment mais vraiment mis mon couple a rude épreuve, moi la Jenevah mature et réfléchie, j'ai plusieurs fois souillé le coeur et l'amour d'Hakan tout cela parce que j'en ai voulu au monde entier. Je me suis trompée de cible, et d'ailleurs il n'y a pas de cible à abattre, j'ai juste du accepter mon destin.
J'ai plusieurs fois tenté de quitter Hakan, la maison, ma famille et mes amis parce que je n'arrivais pas à les regarder dans les yeux, leur parler en faisant semblant. Je l'ai quitté une fois et cet épisode est gravé dans ma tête parce que je sais que ce jour je lui ai brisé le coeur. J'ai pas eu la force de partir parce que j'ai vu pour la première fois de ma vie, des larmes sur les joues d'Hakan, mon homme dur comme la roche, j'ai brisé ses défenses.
IL Y A DIX MOIS...
J'en peux plus.
J'en peux plus d'être là. Ma vie ne rime à rien comme ça. Jamais avant je n'avais ressenti autant le besoin de tomber enceinte. On dit souvent qu'on est attiré par l'impossible ou l'interdit. Je confirme. Depuis que je sais que je ne peux enfanter, c'est comme des pulsions de femme enceinte, j'ai envie, je pourrai vendre mon corps pour tomber enceinte.
Je sais que je pète les plombs, j'en suis à moitié consciente. Le fait que je sois en colère quand je croise Hakan dans cette maison me montre bien que je deviens folle. Je suis en colère parfois contre lui parce qu'il ne me donne pas d'enfant.
C'est complètement fou parce que c'est moi qui suit stérile et pas lui mais ça ne tourne plus rond là-haut croyez-moi.
Je me déteste d'être aussi nulle qu'une pierre. Lorsque je dis cela à mon mari, il me répète souvent que les pierres sont indispensables à la création d'un empire mais quel monde veut-il créer avec une femme impuissante comme moi ?
On a tout essayé. Je veux pas adopter. La seule que j'aurais pu prendre c'est Leya, je ne veux pas d'autre enfant à adopter qu'elle. Bref.
HAKAN - Bébé ?
Je l'ai entendu, mais j'ai pas envie de répondre. C'est mon moment à moi toute seule là.
Je l'entends soupirer derrière moi jusqu'à ce qu'il s'approche près.
— Me touche pas s'il te plaît, je suis pas d'humeur.
HAKAN - Djé' arrête de rester dans ton coin, y a la famille en bas et tu restes enfermée ici. Je t'ai dis qu'on les aura ces enfants, fais moi confiance bébé hafek.
Je me retourne, furieuse. Ses yeux tristes rencontrent les miens.
— Arrête de mentir putain. T'es pas médecin, y a qu'eux ou Dieu qui peuvent changer ça mais bordel de merde ferme la, arrête de me donner de l'espoir là où il y en a plus !
