Interlude: Un miracle ?

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Vous vous souvenez de l'histoire de ce couple de nobles qui ne pouvaient pas avoir d'enfants ? Elle ne s'arrête pas là.

Peu de temps après l'arrivée du médaillon, le mari insista pour que sa femme le porte en permanence. Il devrait revenir à leur enfant après sa naissance. L'homme lui expliqua cette volonté en bafouillant, et ce fut la dernière fois qu'il lui adressa vraiment la parole. Elle avait pensé que son cher et tendre redeviendrait comme avant, maintenant que son vœu le plus précieux était à deux doigts d'être exaucé. Et pourtant non, ses obsessions se renforcèrent. Les cernes sous ses yeux devinrent de plus en plus lourdes. La femme commença à dormir seule dans son lit. Il n'était jamais là, errant parfois dans leur demeure en murmurant des propos inintelligibles. Quand ils se croisaient, il ne la regardait pas. Il ne regardait que le médaillon en hochant la tête.

« Je ferai ce qui doit être fait... Le prix sera payé... » avait-elle compris un jour.

Et puis... Il y avait ces rumeurs... Des paysans disparaissaient dans le comté. Certains commencèrent pointèrent du doigt les gardes sous les ordres de l'époux. Étrangement, on ne revit plus ceux qui tenaient de telles accusations.

Tous les jours, la future mère se regardait dans le miroir, se demandant ce qui était en train de grandir dans son corps. Cette grossesse, décida t-elle, n'était pas un miracle. Ça ne pouvait être que l'œuvre du Diable. Et quel était ce "prix" qu'il allait falloir payer... ? Qu'est-ce que son mari était en train de préparer ? Quel sinistre pacte avait-il accepté de respecter ?

La femme choisit d'agir. Elle demanda à ses servantes d'aller lui chercher la guérisseuse du village le plus éloigné. Elle savait que ce genre de femmes possédaient des plantes noires qui donnaient la mort aux enfants, avant même qu'ils ne viennent au monde. Le jour où elle les avala, elle ferma ses yeux en ignorant si elle allait les rouvrir un jour. Ce qu'elle faisait était risqué. Ce qui se tramait l'était encore plus.

Et pourtant, elle les rouvrit. Son mari était au-dessus d'elle, la jugeant d'un regard froid et sévère.

« Bien bien bien... Heureusement que je passais par là...

Assis sur une chaise, les jambes croisées, le marchand la regardait fixement, souriant de toutes ses dents. L'espace d'un instant, ses yeux devinrent jaunes.

- Nous étions à quelques minutes d'un regrettable incident, fit-il de sa voix faussement aimable.

- Tu as de la chance de porter mon fils... siffla le noble. Dès que tu auras accouché, tu seras morte.

Il se tourna vers le marchand.

- Vous avez dit que vous pouviez... accélérer les choses ?

- Bien évidemment, bien évidemment... C'est la raison même de ma venue.

Il se leva d'un bond et se rapprocha de la femme terrorisée, collant presque son visage contre le sien.

- Chère amie, vous allez donner naissance à quelque chose de grandiose. Après aujourd'hui, plus rien ne sera jamais comme avant. »

Aurore et les Mondes de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant