Aurore et les Mondes de la Nuit

Chapitre 4: Le temps d'un souvenir

Aurore était assise au bord de l'eau. Une partie de sa tête était camouflée par sa main droite sur laquelle elle reposait, tandis que sa main gauche elle était occupée à jeter des galets dans l'étang. Elle essayait de faire disparaître son reflet, mais quoi qu'elle fasse, il finissait toujours par réapparaître. Elle ne reconnaissait pas cette jeune adolescente qui la dévisageait dans les flots. Son visage était désormais trop mature à son goût, et des boutons d'acnés avaient commencés à apparaître sur son menton. Elle ne s'était pas non plus habituée à la vue de la cicatrice qu'elle arborait sur sa joue droite depuis l'incident dans le Faux-Pas. Probablement que cette blessure ne la quitterait plus jamais. Elle soupira et regarda autour d'elle. Le parc était ensoleillé. Le soleil n'était pas venu seul aujourd'hui, de nombreux passants était venu profiter du beau temps. Il y avait des familles entières jouant au ballon dans l'herbe, des frères et des sœurs se tirant dessus avec des pistolets à eau et des couples de personnes âgés qui les regardaient depuis leur bancs en souriant. On pouvait entendre les oiseaux siffloter et l'ambiance était agréable.

Pourtant, Aurore se sentait mal à l'aise. Malgré la chaleur, elle avait froid. Un cocktail d'émotions négatives la tiraillait ; mélangeant culpabilité et honte, mélancolie et nostalgie.

Quelque chose te tracasse, constata une voix grave dans sa tête.

Dawn avait beau prendre l'apparence d'un être humain, il n'avait pas encore l'habitude de parler avec ses cordes vocales. C'était assez amusant de voir cette immense et redoutable créature sous la forme d'un homme assez maigrichon ; cependant même sous ce visage, il gardait un aspect menaçant. Ses yeux notamment brillaient d'une lueur inhumaine. Les enfants n'osaient pas s'approcher de lui et quelques petites mamies le dévisageaient méchamment. C'était aussi probablement à cause de ses cheveux bleus comme l'aurore. Les gens n'aimaient pas ce qui sortait de l'habituel. Les seuls à ne pas à ne pas montrer de gêne envers Dawn étaient quelques joggeurs qui le regardaient intensément lorsqu'ils passaient à côté de lui.

« C'est juste de voir tous ces gens autour de moi...

Dawn se racla la gorge avant de dire d'une voix enrouée :

- Tu... Tu les jalouses ?

Puis il eut une quinte de toux et grimaça. Décidément, parler ce n'était pas fait pour lui.

- Non, ce n'est pas ça. Enfin, peut-être sur certains points. Je me demande qui je serais si j'avais eu le droit à une vie normale. Est-ce que je serais heureuse ?

Le Loup haussa les épaules. Les états d'âmes de l'apprentie magicienne était incompréhensibles pour lui, trop différents de sa propre façon de pensée.

- Souviens-toi Dawn ! Avant de me rencontrer, tu souffrais parce que tu ne savais pas qui tu étais et que ta meute te repoussait.

- Ta... meute ne te repousse pas pourtant.

- Ma famille est là, oui... sans l'être. Ils sont morts, Dawn. Ils ne savent plus ce que ça fait d'être vivant. Mes soucis sont incompréhensibles pour eux. En plus, ils comptent tous tellement sur moi ! C'est effrayant, j'ai peur de les décevoir. »

Ils restèrent tous les deux silencieux. Normalement, Aurore aurait adoré avoir droit à du temps pour elle. Après tout, c'était pour ça qu'elle était dans ce parc : simplement se détendre. Ce qui lui posait problème, c'était pourquoi elle y avait droit. L'autre jour, elle avait failli se faire avoir par un Espiègle. Sans s'en rendre compte, elle lui avait ouvert une porte qu'il s'était empressé d'emprunter. Si le Loup n'avait pas été là, qui pouvait savoir ce qui serait arrivé ? Une fois rentré, Désiré avait immédiatement demander à pouvoir parler aux fantômes des anciens Gardiens encore impliqués dans la lutte. Le canard s'était enfermé dans la crypte avec Geneviève, Archibald, Douglas et quelques autres, laissant Aurore seule face à ses tracas. Lorsque la réunion s'était achevée, sa grand-mère était venu auprès d'elle.