Prologue: Memento Pretium

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Il était une fois, à une époque qui est désormais lointaine, un couple de nobles qui s'aimait beaucoup. Ils avaient eut la chance de ne pas subir de mariage arrangé et ils étaient ensembles car ils voulaient l'être, tout simplement. La vie entière leur souriait et le bonheur était à la portée de leurs mains. Pourtant, il restait insaisissable car une chose les attristait : ils ne pouvaient pas avoir d'enfants.

« Ce n'est pas grave, disait la femme. Nous serons heureux autrement. »

Mais l'homme refusait d'entendre raison. Plus il lui était interdit d'avoir une descendance, plus il en désirait une.

« Regarde ! Les paysans vivant dans notre domaine sont heureux eux-aussi. Ils aiment vivre sous notre protection. Tu es un bon seigneur pour eux. N'es-tu pas toi aussi heureux ? » lui demanda t-elle. L'homme répondait à l'affirmative, mais son épouse savait qu'il mentait. Elle alla jusqu'à suggérer d'adopter un enfant, mais il refusa. D'origine noble et dernier membre de sa famille, il voulait que la lignée perdure à travers un héritier de son sang. Sinon, à sa mort, tout allait disparaître et il ne resterait nul trace du passage des Aldric sur cette Terre.

L'envie se changea alors en obsession. L'homme devint froid, distant et presque violent. Après avoir consulté de nombreux médecins, il se tournait vers des guérisseurs de plus en plus étranges. Il n'avait plus le moindre geste de tendresse pour son épouse. Le bonheur semblait désormais lointain.

Un beau jour, un marchand itinérant frappa à la porte de leur manoir. La femme se méfia immédiatement de lui. Quelque chose dans ses yeux et dans son sourire la mettait mal à l'aise. Son époux en revanche fraternisa rapidement avec l'étranger et l'invita à séjourner quelques temps dans la demeure. Le jour du départ, le marchand itinérant lui tint ces paroles :

« Mon ami, je ne suis pas venu jusqu'à toi par hasard. J'ai cru comprendre que tu désirais avoir des enfants mais que le Seigneur t'interdisait une telle grâce.

- Hélas oui, ma femme et moi sommes maudits ; il nous est impossible d'enfanter. Il nous faudrait un miracle.

Le voyageur sourit alors de toutes ses dents.

- Mon ami, pour celui qui est prêt à en payer le prix, les miracles existent.»

Quelques temps après le séjour de l'étranger, la femme découvrit qu'elle était enceinte. L'homme était fou de joie, et elle était tout aussi heureuse que lui. Après tout, elle aussi avait souffert de cette incapacité à devenir mère. Son sourire s'éteint brutalement lorsqu'elle entendit son mari s'écrier : « C'est un miracle ! » car les dernières paroles de l'étranger résonnaient en elle.  En se regardant dans le miroir, elle devint méfiante face à ce cadeau du ciel qu'elle portait dans le ventre. 

Le surlendemain, quelqu'un leur apporta un cadeau : un médaillon en or avec deux mots gravés à l'intérieur : « Memento Pretium ».

N'oubliez pas le prix.  

Aurore et les Mondes de la NuitWhere stories live. Discover now