Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]

Chapitre II : Le retour de Bilbo

Alyson ouvrit les yeux.

Le souffle saccadé, la mutante s'assit et posa une main tremblante sur son front perlé de sueur. Elle papillonna des paupières et la peur qui lui nouait alors l'estomac s'envola lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était dans sa chambre.

Encore un cauchemar.

Alyson tourna la tête et esquissa un sourire lorsqu'elle entendit Thorïn marmonner dans son sommeil. Elle ne comprit pas un mot, mais sans doute pourrait-elle le charrier le lendemain.

La mutante se tourna dos à lui et posa les pieds sur le sol rocheux avant de cacher son visage dans ses mains. Si les cauchemars avaient disparu depuis quelques jours, au moment où Thorïn décida de rester à ses côtés la nuit, ils semblaient vouloir venir une nouvelle fois la hanter. Cela faisait presque deux mois qu'elle craignait de trouver le sommeil car elle savait que la terreur qui la gagnerait alors l'empêcherait de respirer

Alors qu'elle tentait de calmer sa respiration, la mutante sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule.

- Alyson, ce n'est que moi, chuchota Thorïn d'une voix endormie.

La mutante frissonna lorsqu'elle sentit les cheveux d'Ecu-de-Chêne lui frôler l'épaule.

- Pardon... Je ne voulais pas vous réveiller.

- Encore le même cauchemar ?

Alyson hocha la tête, épuisée.

- Je vois toujours cette même silhouette au milieu des flammes. Et j'ai toujours cette impression d'étouffer.

- Regardez-moi Alyson.

Thorïn obligea la mutante à se tourner face à lui. Du bout des doigts, il lui frôla le menton pour croiser son regard. S'il lut une profonde fatigue dans ses yeux, il y vit également la reconnaissance qu'elle lui portait. Son regard était si expressif que le Nain comprenait Alyson sans qu'elle n'ait besoin de prononcer le moindre mot ; et cela était si agréable qu'il se plaisait à se noyer dans ses pupilles sans jamais se lasser. Quant à Alyson, pour qui ces échanges de regard étaient symboliques, elle appréciait les silences qu'elle partageait avec Thorïn. Ils étaient remplis de mots qu'aucun deux n'osaient prononcer. À leurs yeux, un simple regard signifiait bien plus que n'importe quelle parole, souvent trop faible pour exprimer ce que l'autre ressentait.

Alyson ferma les yeux lorsque Thorïn lui caressa la joue. Si elle n'avait pas encore l'habitude du contact physique, cela ne l'empêchait pas de profiter de chacun de ceux que lui offrait Ecu-de-Chêne. Ce dernier posa son front contre le sien. Ce simple geste lui redonnait le courage de lutter contre ses démons nocturnes. Un simple regard, une simple caresse ou un simple mot lui redonnait la force dont elle avait besoin.

Thorïn recula son visage et d'un geste lent, il frôla les lèvres d'Alyson du bout du doigt avant d'y déposer un baiser qui se voulait rempli de tendresse.

- Je resterai éveillé jusqu'à ce que vous vous endormiez, déclara alors le Nain après ces longues secondes bien trop fugaces.

Alyson s'allongea contre lui. Ecu-de-Chêne l'entoura de ses bras et la blottit contre son torse. Tandis qu'il attendait qu'Alyson s'endorme, il repensa à ce que lui avait dit le Roi de Dale. Il ne pouvait concevoir une telle vérité. La mutante n'était plus ce que Bard prétendait, mais une femme sereine et enfin libre d'être ce qu'elle était. Le Nain avait failli la perdre une première fois et il ne souhaitait en aucun cas revivre la peine qui l'avait consumé des jours durant. Il crut devenir fou et sans doute le serait-il devenu si la mutante ne s'était jamais réveillée. Ecu-de-Chêne la serra davantage contre lui, comme s'il craignait qu'elle disparaisse une nouvelle fois.