Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]

Chapitre XX : Nains, Trolls et barbares

La pluie avait cessé lorqu'Alyson ouvrit les yeux. Papillonnant des paupières, ses pupilles se posèrent sur d'épaisses chaînes qui lui liaient les mains, puis sur les barreaux qui l'enfermaient dans une cage comme une bête. Si la mutante tenta de se redresser, sa tête, douloureuse, l'en empêcha. Le mal qui l'assaillait l'empêchait de réfléchir et seule l'envie de fermer les yeux hantait ses pensées.

Pourtant, Alyson trouva la force de rester éveillée et bien que la souffrance lui ordonnât de ne faire aucun mouvement, la jeune femme ne put résister à se redresser. Le dos contre des barreaux, la mutante ne put que réprimer une grimace d'horreur mêlé à un cri étouffé lorsqu'elle comprit où elle se trouvait.

Posée sur une charrette et recouverte de bouillasse, Alyson observait les alentours à travers les barreaux comme la plus honteuse et la plus terrible des créatures. Telle une ombre à la fois curieuse et terrifiée par l'inconnu, la mutante ne pouvait détacher ses yeux des guerriers qu'ils avaient combattus dans les bois. Si certains avaient succombé sous les défenses de la Compagnie, Alyson ne put que constater, alarmée, que les barbares, débarqués au Sud du continent, étaient plus nombreux qu'elle ou Thorïn avait imaginé. Ce n'était pas une simple troupe qui avait débarqué en Terre du Milieu, mais bien une petite armée. Sans doute d'autres encore devaient arriver ou étaient déjà éparpillées un peu partout dans l'Est du continent.

La mutante se retourna lorsqu'elle entendit des rires de l'autre côté de la cage. Prisonnière comme une bête féroce, elle était à la merci de ceux, hideux, qui s'amusaient à l'observer d'un air avide et cruel. Les deux guerriers face à elle, simplement séparés d'Alyson par les barreaux, semblaient s'amuser du sort qui lui était réservé mais, utilisant une langue inconnue, la mutante ne pouvait comprendre ce que ces deux hommes au visage cruel se disaient. Si cette dernière eut l'espoir qu'ils finissent par se lasser de la contempler, celui-ci s'envola comme de la simple poussière lorsque l'un d'eux passa une main entre les barreaux.

Oubliant les douleurs qui lui vrillaient la tête et le corps, Alyson, prise d'une panique inouïe, recula jusqu'au coin opposé de la cage et s'empressa de donner, avec les forces qui lui restaient, des coups de pied dans cette main laide et vicieuse ; intruse annonciatrice de malheurs. La mutante grognait, désespérée jusqu'à ce qu'elle réussisse à piétiner la main qui tentait de lui attraper la cheville.

L'homme hurla.

Sous les rires de l'autre guerrier, l'imprudent se retourna, furieux et avant qu'il n'ait pu répliquer quoi que ce soit, Alyson était déjà sur lui. Passant ses bras entre deux barreaux, la jeune femme s'empressa de passer ses chaînes autour du cou de l'effronté et serra de toutes ses forces. La mutante serrait les dents tandis que l'homme, adossé contre la cage, agonisait. À ses côtés, son compagnon tenta d'intervenir mais, prise d'une rage bouillonnante, les yeux d'Alyson s'illuminèrent comme de la braise lorsqu'elle croisa les pupilles froides du barbare. Si ce dernier hésita à dégainer son arme, il se ravisa et, sous les râles étouffés de son acolyte, il s'éloigna, laissant à Alyson le luxe d'achever sa macabre besogne.

Puisant dans ses dernières forces, la mutante serra davantage jusqu'à entendre la nuque du barbare se briser. Un sourire sadique sur les lèvres, Alyson lâcha sa prise. Le corps tomba près d'une des roues de la charrette, le visage inerte et violacé plongé dans la gadoue.

Essoufflée, la jeune femme se recroquevilla de nouveau dans un coin de la cage et attendit.

* * *

À peine la porte de la cage s'était ouverte qu'Alyson se retrouvait déjà au sol. Recouverte à son tour de terre mouillée et d'excréments, elle fut violemment relevée par deux barbares avant d'être emmenée plus loin dans le camp, les mains toujours enchaînées. Sous les regards avides et cruels de ceux qui regardaient le trio avancer, la mutante préférait les ignorer et s'attacha, tout en restant discrète, à observer les alentours en quête d'un moyen pour s'échapper.