Chapitre XLIII : Les eaux d'Halda

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Sous le clair de lune ondulaient les eaux calmes d'Halda. Tel un bain de lumière, cet immense lac se présentait à la Compagnie comme un trésor caché gardé par d'immenses saules pleureurs qui semblaient veiller sur ces flots étincelants. Leurs longues branches se mouvaient sous la brise légère du vent pour venir caresser avec délicatesse la surface lumineuse de cette source mystique.

Hypnotisé par la beauté du lieu, Bilbo ne put prononcer un mot lorsqu'il ouvrit la bouche. Ébloui par ce que leur offrait une nouvelle fois la nature, le Hobbit ne savait où poser ses pupilles. Le vent sonnait à ses oreilles comme une douce mélodie qui l'invitait presque à danser sur l'herbe tendre et verdoyante sous l'œil discret des gardiens silencieux. De cette quiétude qui l'enveloppait, Bilbo reconnut avec plaisir cette extraordinaire sensation qu'il connut à son arrivée à Faudcombe. Un sourire étira ses lèvres lorsqu'il sentit la magie lui caresser la peau.

Silencieux, Thorïn observa à son tour ce lieu caché rempli de magie. Face au spectacle que lui offraient les eaux d'Halda, le Nain se contenta de balayer ce paysage de son regard de glace. Nulle émotion ne se dessinait sur son visage hormis l'impatience. Ecu-de-Chêne s'avança de quelques pas avant de poser ses pupilles sur les saules pleureurs qui veillaient, silencieux, sur les eaux luxuriantes et bienfaitrices. Son regard jusqu'alors impassible s'illumina d'une lueur nostalgique ; d'une fine lumière assombrie par la tristesse qui s'insinuait en lui. Une boule dans la gorge, il se remémora cette nuit où Alyson avait accepté de se lier à lui sous les branches protectrices de Melmë Tasarë.

Le Nain se souvint de chaque parole prononcée, de chaque caresse donnée, de chaque baisé échangé. Il se remémora le serment qu'avait prononcé Gabil-Azanul, de sa voix chevrotante lorsqu'elle avait accepté de prononcer ses vœux sous ce géant des bois. Thorïn revoyait encore la passion qui les avait alors enveloppés, des sentiments enivrants qui les avaient animés.

Ecu-de-Chêne ferma les yeux et sous la légère brise du vent, il crut ressentir les caresses d'Alyson sur son visage. Il lui semblait presque sentir les lèvres de sa Gabil-Azanul contre les siennes et entendre sa voix au creux de son oreille. Cette nuit, Alyson avait fait de lui le plus fier des Rois.

Mais surtout le plus heureux des hommes.

Thorïn ouvrit les yeux et se retourna lorsqu'il sentit une main lui presser son épaule. Le Nain se racla la gorge pour reprendre contenance avant de croiser le regard inquiet de Balïn. Ecu-de-Chêne se dégagea de sa prise, le regard sombre tandis que les pupilles du vieux Nain reflétaient une inquiétude grandissante.

- Thorïn...

- Je ne veux rien entendre de plus Balïn. Je connais ton opinion sur ma décision, mais sache que cela ne change rien.

- Tu ne te rends pas compte des conséquences ! S'entêta le vieux Nain. Te lier à Alyson t'assure une éternité de souffrances ! Qui sait quel supplice elle subit actuellement !

- Gabil-Azanul est mourante ! Aboya Ecu-de-Chêne. Et tu voudrais que je la laisse se faire tuer ?

- Je n'ai pas dit ça Thorïn. Cesse de déformer mes paroles !

- Et toi cesse de mettre ma décision en doute ! Hurla le Grand Nain en pointant un doigt accusateur sur Balïn. Oublierais-tu qui est Alyson ?

 Oublierais-tu qui est Alyson ?

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Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]Where stories live. Discover now