Chapitre XIX : Les feux d'alarme de Minas Tirith

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Six jours durant, Gandalf chevaucha jusqu'au Royaume du Gondor pour rejoindre Minas Tirith. Il ne prit guère de repos pendant son voyage et sa monture, exténuée, rechignait à avancer un peu plus chaque jour.

Après avoir traversé le Pays de Dun pour atteindre les Montagnes Blanches, le magicien ne fut guère rassuré lorsqu'il découvrit les premiers villages brûlés où jonchaient les corps des villageois péris sous les lames de l'ennemi. Les Barbares avaient déjà commencé à traverser les terres, laissant ainsi derrière eux la mort et la destruction. Les rares survivants, s'ils existaient, avaient sans doute rejoint les plus proches citadelles, espérant trouver refuge derrières les remparts.

La Cité des Rois, comme la surnommait parfois le magicien, se dessina à l'horizon le matin du sixième jour. Tandis qu'il approchait, les muscles endoloris d'être resté aussi longtemps en selle, la Citadelle blanche rayonnait sous le soleil. Sa splendeur, malgré les années, ne s'était encore jamais atténuée et, encastrée dans la montagne, la Cité s'élevait comme la plus splendide des citadelles en Terre du Milieu. Majestueuse par sa hauteur, Minas Tirith se distinguait par sa construction naturelle et moderne puisqu'elle semblait se fondre dans la roche de l'immense chaîne montagneuse qui délimitait les frontières entre le Gondor et le Rohan. Ered Nimrais ne se détachait de la Cité blanche que par l'impressionnante pointe montagneuse d'où s'élevait le légendaire arbre des Rois.

Gandalf dépassa les épaisses enceintes et, sans ralentir l'allure de sa monture, traversa les rues étroites et pavées.

- Faites place ! Ordonnait-il lorsque les habitants de la Cité se faisaient trop nombreux.

Gandalf ne daigna pas relever les protestations de ces derniers et se contenta de sillonner Minas Tirith jusqu'au sommet. Son cheval renâcla lorsque le magicien tira sur les rennes pour l'arrêter non loin de l'arbre des Rois.

Les jambes flageolantes, le vieil homme descendit de sa monture et se dirigea à grandes enjambées jusqu'au palais où siégeait l'Intendant du Gondor. Depuis longtemps, nul Roi n'avait gouverné le Royaume et seul des Intendants de la Maison de Hurin siégeaient désormais sur le trône. Après s'être présenté aux soldats debout devant le palais, ces derniers poussèrent les épaisses portes de bois. Sans un regard envers eux, le magicien gravit les escaliers de marbre avant de pénétrer dans la grande salle du trône.

Tel un damier géant, la salle, immense, n'était composée que de noir et de blanc tandis que d'étroites fenêtres laissaient entrer les rayons du soleil. Le haut plafond soutenu par d'épaisses colonnes d'arches blanches et noires surplombait d'impressionnantes statues de marbres des anciens Rois du Gondor, debout sur de hauts socles où étaient gravés l'Arbre des Rois ; symbole de ce puissant Royaume.

Sur le trône, arborant lui aussi le majestueux végétal, se tenait un vieil homme courbé. Les cheveux grisonnants, il semblait plonger dans ses pensées, tel un vieux sage fatigué. L'homme ne daigna pas relever la tête lorsque Gandalf s'avança à grandes enjambées vers lui, le dos droit et le visage fermé.

- Salut à vous Turgon, fils de Turin, Seigneur et Intendant du Gondor.

L'homme leva enfin la tête et croisa le regard du magicien, l'air morose.

- Je viens vous donner nouvelles et conseils en cette heure troublée.

- Nouvelles et conseils ?

Un fin sourire rempli de mépris étira les lèvres de Turgon. Si la vieillesse se lisait sur son visage, ses yeux étaient toujours animés par la même vivacité d'antan. Sa large carrure, bien que robuste, ne pouvait cacher le fardeau qui pesait sur ses épaules, mais l'homme tachait de cacher ses profondes craintes.

Le Hobbit : Sombres présages [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant