Epilogue

1.6K 126 29
                                    

- Tu comptes me le dire, oui ou non ? demanda Hippolyte agacé.

- Te dire quoi ? répondit avec un sourire coquin Amétrine.

- Si tu as accepté la proposition du patron ou non !

Le châtain leva les yeux au ciel. Pourquoi fallait-il toujours qu'elle fasse l'idiote ? Elle savait très bien où il voulait en venir. Elle venait de passer trois heures dans le bureau de Maxime juste pour parler de son embauche possible à C. T. U. P., forcément qu'il voulait le fin mot de l'histoire.

- J'ai demandé du temps pour réfléchir, dit-elle.

- Encore ?! Tu te fous de moi !

La hackeuse pouffa et le chasseur comprit qu'en effet, elle se fichait de lui.

- Ça t'amuse de me faire tourner en rond ?

- Oui, très. Et puis j'attends que tu me fasses une déclaration avant de céder.

Son interlocuteur fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que tu racontes encore ?

La jeune femme se rapprocha lentement de lui. Elle tira d'un geste lasse son pantalon, puis vint s'installer sur les genoux de son partenaire. Elle savait qu'il n'y avait rien de mieux que quelques caresses pour le détendre.

- Bah, tu vois, commença-t-elle en glissant son doigt le long de son bras, si tu veux tant savoir la réponse, je crois que c'est parce que tu t'inquiètes.

- Et de quoi je suis censé m'inquiéter ? demanda-t-il sceptique.

- De nous, de notre avenir.

Elle lui offrit un grand sourire enfantin.

- Tu sais, dans le sens où si je refuse la proposition de Maxime, ça va être compliqué pour notre couple. Et comme tu ne peux plus te passer de moi, ça t'inquiète.

- T'as dit oui.

La jeune femme aux cheveux violets fronça les sourcils.

- Hein ?

- T'as accepté la proposition du patron, reformula-t-il. Tu veux bien te lever que j'aille m'entraîner ?

- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ! J'ai rien dit !

Amétrine s'insurgea. Elle comptait le faire mariner encore bien longtemps.

- Amétrine, si tu avais en effet refusé, tu ne serais jamais venu me dire que ça allait mettre en difficulté notre couple. Si tu te permets de le dire, c'est justement parce que tu as accepté, donc que je n'ai pas à m'inquiéter.

- Ce raisonnement est stupide.

- Non, du tout. T'as pleins de défauts, crois-moi t'en as vraiment beaucoup, mais t'es pas méchante. Maintenant, tu veux bien te lever ? Robin m'attend pour qu'on s'entraîne.

La femme aux cheveux violets resta bouche bée. Il la connaissait décidément beaucoup trop.

- Et nianiania, finit-elle par dire.

Hippolyte pouffa et la décala de force sur le côté. Il se leva et attrapa un T-shirt au hasard dans sa penderie.

- Attends attends, Monsieur-je-sais-tout. T'es en train de me dire, que j'ai mis une lingerie ultra-sexy en prévision de cette discussion et que un, tu m'as même pas laissé t'annoncer la nouvelle moi-même, et que deux, on va pas baiser ?

Le châtain se retourna vers elle en enfilant son T-shirt sur lui. Il s'avança vers le lit, se pencha, et embrassa les lèvres de la jeune femme en souriant.

- Tu peux toujours garder ta lingerie jusqu'à ce soir. De toute façon ça tombe bien, comme tu as accepté la proposition, on aura pleins de multiples occasion de « baiser », comme tu dis si vulgairement.

Amétrine leva les yeux au ciel. Ce débat ne prendrait définitivement jamais fin.

- Sale prude, « baiser » est un mot du dictionnaire tout-à-fait banal.

Hippolyte haussa les épaules, enfila ses chaussures, et se dirigea vers la sortie. L'indépendante se leva d'un bond et se mit à le suivre.

- Nan mais tu pars vraiment comme ça là ?! répéta-t-elle.

- Oui.

- J'ai fait une mission ultra-dangereuse pour te sauver la peau et toi, tu vas partir comme ça ?!

Le châtain se retourna vers la jeune capricieuse, claqua un autre baiser sur ses lèvres, et répondit le plus naturellement du monde :

- C'était il y a un mois Amé, passe à autre chose. A ce soir !

Et sur ces paroles, il claqua la porte, laissant une Amétrine en petite culotte et frustrée seule dans son appartement.

- Quel crétin celui-là alors ! finit-elle par dire en faisant demi-tour.

Elle partit s'installer sur le canapé et alluma la télévision en rechignant. Puisque c'était comme ça, il n'y aurait pas de sexe ce soir.

Cela faisait un mois que la mission qui avait pour but de récupérer Hippolyte s'était fini. Au bilan, seulement cinq morts dans les rangs de C. T. U. P. C'était déjà beaucoup, mais ça aurait pu être pire, c'était ce que se disait Amétrine quand elle se rappelait qu'elle avait commandé cette mission. Hippolyte en était revenu sain et sauf, et un mois plus tard, il n'avait plus aucune blessure.

- A tel point qu'il se barre alors que je l'aguiche, grogna-t-elle.

Quelques jours après leur retour, Maxime lui avait renouvelé sa proposition de rejoindre l'agence. La hackeuse avait pris plusieurs semaines pour y réfléchir. Elle avait piraté toutes les informations de C. T. U. P. qu'elle avait pu trouver, et Maxime avait même fini par lui laisser libre accès à toutes ses données. Au final, pas de zones d'ombre, pas de tâche noire sur le tableau.

S'était donc ensuite posée la question de ce qu'elle voulait elle, de son côté. Continuer d'être indépendante et choisir ses clients ? Ou travailler sous les ordres de quelqu'un, en tant que simple employée, aux côtés de son copain et de son frère ?

Au début, elle avait été mêlée à l'organisation parce qu'un chasseur de prime incapable avait fait capoter sa mission. Ensuite, elle y avait retrouvé son frère disparu et y était resté de son plein gré. Et désormais, on lui laissait le choix : rester ou partir.

Mais après tant d'années à chercher sa famille, à avancer sans trop savoir où tout cela allait la mener, il y avait une chose qu'elle avait trouvé à l'agence et qu'elle ne voulait plus jamais quitter.

Une chose qu'elle ne pouvait retirer de l'équation.

Une chose qui dépassait tous les arguments qu'elle pouvait imaginer.

Et cette chose, c'était sa place.

Hacker GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant