Chapitre 14 : Le trafic

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- Amétrine, tu peux venir dans mon bureau ?

La jeune femme releva la tête de son ordinateur. Elle remarqua le visage de Maxime déborder de la porte de la cafétéria.

- Maintenant ? demanda-t-elle.

- Si possible.

Elle hocha la tête, ferma son ordinateur, et suivit le patron de C. T. U. P. Elle se demandait bien ce qu'il lui voulait mais ne se faisait pas trop de soucis : elle vivait ici depuis près de deux semaines désormais, et il pouvait y avoir une multitude de raison à cette convocation. D'autant plus qu'elle n'avait rien fait de compromettant pour l'agence.

Une fois dans la pièce, ledit Monsieur invita la jeune hackeuse à s'asseoir confortablement sur la chaise devant son bureau. Lui, prit place derrière le meuble, et posa son menton sur ses mains. Ainsi positionné, il ressemblait à un vrai corrompu.

- Robin t'a parlé de sa prochaine mission ? demanda-t-il finalement.

Amétrine haussa un sourcil, puis secoua négativement la tête.

- Pourquoi ?

- J'aimerais que tu y participes, répondit l'homme sans cheveux sans tourner autour du pot.

A vrai dire, la hackeuse avait bien imaginé qu'un jour il lui demanderait de l'aide pour l'organisation, mais elle ne pensait pas que cela arriverait aussi vite.

- Continuez, proposa-t-elle sagement.

Le cinquantenaire hocha la tête et ouvrit un tiroir du quel il sortit une pile de dossier. Il attrapa le premier de la pile et le donna à la jeune femme en face de lui. Cette dernière entreprit de le feuilleter.

- Voici Thomas, l'une des prochaines recrues de C. T. U. P. Ce jeune garçon vient de tuer son père qui les battait, sa mère et lui. De ce qu'on a pu voir du procès, la justice ne semble pas très encline à comprendre qu'il usait de légitime défense. Et comme il vient d'avoir 18 ans, il va surement endosser une lourde peine.

La jeune femme acquiesça.

- La mission est de l'aider à s'enfuir avant qu'il ne soit condamné ?

L'homme nia.

- Une autre équipe est sur le coup, ça ne devrait pas être trop compliqué.

Maxime lui tendit un second dossier. Amétrine l'ouvrit avec tout autant de précaution que pour le premier.

- Vous voulez braquer une banque ? demanda-t-elle finalement.

L'adulte rit.

- Non, pas vraiment, non. Mais on veut l'attaquer. Thomas s'est fourré dans de sales affaires pour aider sa mère à prendre son indépendance financière. Il a tué son père avant d'avoir réussi mais en étudiant son cas nous avons donc découvert que cette banque participe à un énorme trafic de drogues.

Il marqua un temps de silence par pur esprit dramatique.

- Faire obstacle aux trafics de stupéfiants n'est pas la première activité de C. T. U. P. La plupart des personnes qui travaillent ici sont d'ailleurs pour la légalisation de la drogue.

- Qu'est-ce qui est différent avec cette banque alors ?

Maxime sourit, ravi de voir qu'Amétrine voyait où il voulait en venir.

- Le problème ici est que les principaux dealers, et même les plus hauts placés, sont des jeunes adolescents à peine assez âgé pour comprendre ce qu'ils font. Et quand l'un d'eux veut sortir de l'affaire dans laquelle il baigne depuis qu'il est en école primaire, sa famille disparait mystérieusement. Autrement dit, ils sont tués, le gosse avec. D'après nos recherches, déjà plus de quinze familles liées au trafic apparaissent sur la liste des disparus des autorités, et ce nombre n'arrête pas d'augmenter ces derniers mois.

- Donc vous voulez récupérer des informations compromettantes et les utiliser pour démonter le trafic ?

Maxime hocha la tête.

- Plus précisément, on veut les envoyer à la police. En en gardant évidemment une copie, tu t'en doutes. Etant donné la lenteur des forces de l'ordre, on a établi la liste des jeunes dealers à protéger impérativement, et ceux à simplement faire disparaitre. Leur présence sur une liste dépendant de leur rôle dans le trafic, des informations qu'ils connaissent, et de l'investissement que les trafiquants vont mettre pour les retrouver s'ils venaient à s'évaporer.

- Et les ados à protéger intègrerait C. T. U. P. ?

- Pas exactement. C. T. U. P. à plusieurs QG secondaires comme celui où tu as retrouvé Robin. Et certains d'entre eux sont des refuges. On s'occupera de donner une nouvelle identité à chacun des jeunes et de les garder en sécurité un moment. Ensuite on leur laissera le choix de rejoindre l'agence ou de reprendre une vie normale sous une nouvelle identité. Thomas a déjà fait son choix, il veut rejoindre nos rangs.

Amétrine opina et marqua un temps de latence. Elle continuait distraitement à feuilleter le dossier mais réfléchissait plus qu'autre chose. Finalement, elle referma la chemise et la rendit à son propriétaire.

- Pourquoi avez-vous besoin d'un hackeur en plus de Jade pour cette mission ?

- On pourrait se débrouiller sans, mais ta présence nous aiderait. Il faut un hackeur qui sera sur les lieux, avec les chasseurs, pour récupérer toutes les données. Mais un en dehors serait aussi très pratique : pour l'alarme, les caméras, la police et tout ce qui s'ensuit. Si tu acceptes, tu serais cette seconde personne. Robin n'accepterait pas que je te mette sur le terrain de toute façon.

- Et j'imagine que ça vous arrange bien, vous ne me faîtes toujours pas totalement confiance.

- On ne peut rien te cacher, concéda Maxime. Alors, qu'en dis-tu ?

Amétrine prit un instant pour réfléchir.

- J'ai une question.

- Je t'en prie.

- Les salariés de la banque, ceux qui n'ont rien à voir avec le trafic, ils seront impactés ?

- Si nous arrivons à nos fins, la banque fermera très probablement. Mais vu l'importance de l'établissement, et puisque les politiques et la justice feront tout pour éviter le scandale, ils n'auront probablement aucune difficulté à retrouver un nouveau travail.

- « Probablement » ?

Le patron de l'organisation ne put s'empêcher de sourire.

- Si cela peut te motiver à participer à la mission, je ne vois aucun inconvénient à mobiliser quelques hommes pour s'assurer que tous les salariés s'en tirent avec presque aucun dommage. Tu pourras même y participer si tu le souhaites.

La jeune femme opina lentement, signe qu'elle avait entendu la proposition. Le projet était bien ficelé, et le plus important, il semblait juste.

- Alors ? Qu'en dis-tu ? reprit Maxime, impatient d'avoir sa réponse.

La jeune femme appuya confortablement son dos contre le dossier du fauteuil et plaça ses mains derrière la tête.

- J'en dis que je vais faire mes recherches de mon côté, étudier le cas de cette banque, et si les informations que je trouve sont en accord avec tout ce que vous venez de me dire, alors je marche. Je vous donne ma réponse d'ici deux heures.

Ce n'était pas une question, mais Maxime prit tout de même la peine de montrer son accord envers sa proposition. Il savait déjà probablement qu'il avait obtenu ce qu'il voulait.

Hacker GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant