Chapitre 13 : La reprise

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Amétrine, toujours somnolente, se retourna dans le lit. Un rayon lumineux frappa alors avec violence son visage. Elle grogna, fit marche-arrière, puis finit par ouvrir les yeux. Toute la chambre d'Hippolyte était intégralement éclairée par le soleil matinal. Cet idiot n'avait pas fermé ses rideaux la veille.

Elle se redressa et tapa sur le téléphone de ce dernier pour consulter l'heure. 10h36. Elle n'avait clairement pas l'habitude de se lever aussi tard. Un courant d'air frais survola son ventre, et elle baissa les yeux. Sans grande surprise, elle était toujours nue. Elle se tourna pour voir si c'était également le cas d'Hippolyte mais découvrit le lit vide.

La jeune femme se leva, ouvrit sans gêne l'armoire à habit du chasseur, et lui vola un T-shirt. Elle n'aimait habituellement pas se trimballer sans culotte, mais elle n'avait aucune idée d'où était la sienne. Elle sortit ensuite de la chambre, et regarda un peu partout autour d'elle. Elle avait beau avoir l'appartement voisin, la disposition des pièces et des cloisons n'avaient rien à voir.

Elle perçut un vague bruit dans ce qui semblait être la cuisine et décida de s'y diriger. Elle y trouva Hippolyte, dos à elle, en train de fixer sa machine à expresso comme si le café allait y couler plus vite. Elle sourit : il n'avait pas l'air d'être du matin.

A pas de loup, elle s'approcha de lui, et se colla à son dos. Malheureusement pour elle, puisqu'elle s'était habillée, elle ne pouvait pas sentir son dos nu contre sa poitrine, mais elle pouvait au moins sentir son odeur.

- Oh, tu es vraiment adorable à me préparer un petit café ! C'est pour te faire pardonner pour avoir renverser mon chocolat chaud hier ? dit-elle.

Il grogna. Amétrine rit. Evidemment, l'expresso n'était pas pour elle et elle le savait.

Malgré le ton peu aimable du châtain, ce dernier se retourna, souleva son menton avec son index, et embrassa la jeune femme. Il n'y avait rien de charnel cette fois, simplement une petite attention après une nuit intense. La jeune femme sourit et répondit à ce traitement de faveur. Puis ils finirent par se séparer.

Il ne fallait pas méprendre leur complicité, ils ne comptaient pas s'engager dans une relation ensemble. Simplement, rien ne servait de nier : ce qui s'était passé ces deux dernières nuits allaient se reproduire.

- Hippo ?! entendit-on crier à la porte.

C'était Robin. Le châtain tourna la tête, et répondit par un « Oui ? » peu aimable.

- T'aurais pas vu Amétrine ? Elle est pas dans ses appartements et Jade la cherche.

Le tireur à gage allait répondre, mais la principale concernée le stoppa :

- Lui dis pas que je suis là.

- Pourquoi ? Il sait déjà qu'on a couché ensemble, ça change rien.

Elle nia de la tête. Elle n'avait pas non plus envie que son jumeau connaisse ses moindres faits et gestes. Hippolyte haussa un sourcil. Cela lui passait apparemment au dessus mais il finit par hausser les épaules.

- Hippo ?! répéta le brun.

- Je l'ai pas vu !

- Ok, pas grave, merci mec !

Il ne répondit rien. Amétrine remercia le châtain d'un hochement de tête puis se décolla de celui-ci, attrapa la tasse derrière lui, but d'une traite le café à l'intérieur en se brulant la gorge juste pour le faire enrager, et partit à la recherche de la salle de bain.

Le jeune homme étouffa une insulte et mit en route la machine à espresso une seconde fois.

A défaut de pouvoir prendre une douche ici, la hackeuse avait au moins envie de se rafraichir le visage. Sur le chemin, elle retrouva tous ses habits et en profita pour les enfiler.

La jeune femme ne resta pas longtemps dans l'appartement du châtain et préféra vite finir de se préparer pour reprendre son travail. Elle comptait aussi contacter ses premiers clients dans la journée : elle comptait rester à C. T. U. P. encore un moment alors elle allait bien devoir apprendre à travailler ici. Et cela était sans compter ce qu'elle devait faire avec Jade à propos du hacking de la veille.

C'est par ce dernier point qu'elle entama sa journée. Cela leur prit quatre heures – même si le fait qu'ils aient beaucoup parlé avait sans aucun doute ajouté de nombreuses minutes au compteur. Robin avait même eu la bonté de leur apporter un plateau repas pour le déjeuner afin de leur faire gagner du temps.

Après cela, elle avait mis le même temps à écouter sa boite vocale. Elle remerciait d'ailleurs son téléphone d'avoir la possibilité de passer les messages à double vitesse car elle avait enfin pu finir de rattraper son retard. Pour la majorité, elle décida de refuser l'offre. C'était souvent ainsi. Il fallait dire que dans le lot, beaucoup lui proposait des missions soit totalement ennuyantes, soit complètement stupides. Trafiquer le numéro gagnant du loto, trouver la sextape de telle ou telle star, aider à espionner la voisine sexy. Cela exaspérait Amétrine, et en général, elle mettait directement les clients sur liste noire.

Elle s'était délocalisée au milieu de journée pour travailler dans la cafétéria. Elle aimait travailler dans des lieux animés, avec du bruit et de l'ambiance. Cela lui permettait de ne pas avoir l'impression de faire un effort. Quand il s'agissait de places publiques, elle ne pouvait bien sûr pas travailler sur n'importe quoi : même si son écran affichait la plupart du temps des lignes de codes que la plupart ne savait pas lire, elle ne pouvait se permettre d'attirer l'attention sur elle ou d'être imprudente. Mais dans l'organisation, le problème ne se posait pas. D'autant plus qu'avoir des sucreries tout le long de la journée, agréablement servies par Erik, n'était pas négligeable. Le seul inconvénient, c'était que tout le monde entendait ses conversations, et puisqu'elle avait tendance à ne pas macher ses mots, elle instaurait parfois des blancs dans les discussions des tables voisines.

- Ecoutez, je ne suis pas votre babysitteur, vous allez peut-être réussir à vous débrouiller tout seul, non ? ... Comment ça, vous avez besoin d'un professionnel ? Vous foutez de moi ? Ce n'est quand même pas bien compliqué de fouiller dans le téléphone de votre copine ! Elle prend une douche et hop, vous regardez ! ... Et alors, je m'en fiche si vous me payez ou non ! Je suis hackeuse, pas cupidon ! ... Ecoutez, d'après mes statistiques, si vous avez un doute, y a 90% de chance qu'elle vous trompe, alors partez du principe que c'est le cas et laissez-moi gérer des affaires plus intéressantes. ... Je m'en fiche. Au revoir.

Elle raccrocha au nez d'une petite-amie désespérée et souffla.

- Tu survies ? demanda le barman qui passait par là.

- Ouais, grogna-t-elle. Y a trop de cons sur cette planète. Y a même une femme qui m'a appelé pour retrouver son gosse qui était dans le grenier !

- Ils doivent se dire que tu as besoin d'argent et que tu n'es pas très sélective, tenta-t-il de positiver.

- Mon cul, ils pensent surtout que leurs problèmes sont les plus importants du monde.

Amétrine bascula la tête en arrière, et prit son visage dans ses mains.

- Il me manque le temps où j'étais contactée par des clients pour connaitre les horaires des jets privés des personnes qu'ils voulaient assassiner ! s'exclama-t-elle. Pourquoi ils sont tous nuls mes jobs en ce moment ?!

- T'as dit qu'un gouverneur qui t'avais laissé un message, lui rappela Robin en continuant de lire son livre.

Sa jumelle se redressa et le pointa du doigt avec vivacité :

- Ça c'est vrai ! Mais avec le décalage horaire je peux pas encore l'appeler, je dois attendre ce soir.

La jeune femme était à la fois incroyablement professionnelle dans sa façon de choisir ses clients et de les contacter, et à la fois si familière avec eux qu'on avait l'impression d'avoir affaire à deux personnes différentes.

Son téléphone vibra et elle y répondit avec hâte. Elle espérait de tout cœur que ce client aurait quelque chose d'intéressant à lui proposer.

Hacker GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant