Chapitre 6 : L'organisation

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Le grand van se gara dans la cour d'un bâtiment tout aussi imposant. Cela faisait désormais quatre jours qu'Amétrine avait retrouvé son frère Robin à son agence, C. T. U. P. Ils avaient profité de ce temps pour se retrouver, même si honnêtement, c'était comme s'ils n'avaient jamais été séparés. La rancœur de la hackeuse n'était pas encore totalement passée, mais elle s'estompait à vue d'œil.

Hippolyte descendit du véhicule et referma la portière.

- Hey ! hurla Amétrine qui s'apprêtait à sortir derrière lui.

Elle ouvrit à nouveau la porte et fusilla le châtain en posant un pied sur le sol. Les faire s'asseoir à côté durant tout le trajet avait sûrement été la pire idée qui soit.

La femme aux cheveux violets prit quelques secondes pour observer le paysage autour d'elle. Tout était bien plus impressionnant que le QG secondaire de l'organisation. C'était assez moderne même si certaines parties semblaient appartenir à une époque plus lointaine, les jardins étaient soigneusement entretenus, et les véhicules trainants ci et là était tous plus effrayants les uns que les autres.

C. T. U. P. était un gang reconnu dans le milieu, et Amétrine en avait en effet entendu parler au détour de quelques missions. Son rayonnement était grand et sa richesse en constante évolution depuis plusieurs années désormais. Mais l'indépendante ne s'y était jamais intéressé de près parce que ses activités différaient des autres organisations. En effet, même si C. T. U. P. était bien entendu intéressé par l'argent, le respect, et toutes ces valeurs que la plupart des bandes criminelles recherchaient, elle avait en plus d'une sorte d'éthique du travail : l'agence ne travaillait que pour les causes jugées justes. Bien sûr, cela ne voulait pas dire que leurs activités étaient légales ou même toujours excusables, il s'agissait surtout de vengeance, de réponse à la violence par la violence et tout ce qui s'ensuivait. Mais ce n'était pas la même intention que les autres cartels.

C'était d'ailleurs aussi un aspect qui se voyait dans les tireurs à gages de l'organisme. Presque tous étaient des rescapés de prison, des hommes et des femmes que C. T. U. P. cachait de la police en échange de leur service. C'était Robin qui avait pu expliquer cela à sa jumelle, même si ce dernier échappait à la règle. En réalité, le patron de C. T. U. P. sélectionnait lui-même la plupart de ses chasseurs en jugeant si leur crime méritait ou non d'être enfermé derrière des barreaux. Tuer un père violent, voler une banque pour manger, défendre une femme se faisant agresser, vendre de la drogue pour survivre... ce n'étaient que quelques exemples des condamnations émises par la justice que le dirigeant du gang avait contournées.

Amétrine n'était pas toujours d'accord avec cette vision des choses : était-ce réellement une bonne chose de ne donner aucune condamnation pour des actes malgré tout violents et interdits ? Mais elle devait avouer qu'elle croyait malgré tout à la rédemption et donner une seconde chance à certains pour réparer leurs erreurs du passé n'étaient pas totalement insensé. D'autant plus qu'il ne suffisait que de quelques secondes pour se rendre compte que la plupart des employés étaient noirs, pauvres, immigrés, et ainsi de suite : beaucoup avaient été condamnés sévèrement non pas pour leurs actes, mais pour leurs origines ou leurs conditions de vie.

Ladite A. M. pénétra le bâtiment principal au côté de son frère. La décoration était plutôt moderne et minimaliste : les murs étaient vierges de tous cadres, le tapis au sol ne servait qu'à s'essuyer les pieds, et les commodes prenaient la poussière sur le dessus. Trois mots suffisaient à caractériser les pièces qu'Amétrine explorait : riches mais austères. Elle avait beau avoir un paquet d'argent sur son compte en banque, elle n'avait jamais pris la peine d'en dépenser dans un bien immobilier et de le décorer. Mais devant une telle froideur, elle se permettrait bien de rajouter quelques plantes.

Hacker GirlWhere stories live. Discover now