Chapitre 12

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¤ Sur cette porte acajou

Les jours passent, se ressemblent et diffèrent. Il ne reste désormais plus rien des douces chaleurs d'automne. Un froid glacial règne à présent sur la ville, gelant les corps et les esprits. Une fatigue intense s'abat sur les lycéens. Trop de devoirs, trop de contrôles, trop de cours.

- Hey, lance Ban.

Meliodas se retourne, trop épuisé pour être méfiant, et sourit en voyant son ami derrière lui.

- J'peux faire un bout de chemin avec toi ? poursuit-il en passant inconsciemment une main derrière sa nuque.

- Of course.

- C'est trop d'honneur, mister english, rit-il.

Un son cristallin aux intonations un peu triste. Plus le lycéen se rapprochait du géant musculeux, plus il percevait autour de lui une aura mélancolique et triste. Comme une chanson à la mélodie triste ou une bruine glacée qui colle à la peau, refusant de s'en aller.

Son sac sur une épaule, le bleuté s'avance. Ils marchent d'un pas vif afin de se réchauffer. Discutant des dernières nouvelles, des derniers potins. Le blond avait fini par se confier au jeune homme au sujet d'Elizabeth. Plus ils se voyaient, plus les sentiments de la jeune femme envers lui étaient clairs. Pour être honnête, il ne savait pas comment réagir. Il ne savait même pas ce qu'il ressentait pour elle.

- Alors, avec la bourgeoise ?

Un soupir forme un nuage blanc près des lèvres de l'adolescent. Il détestait le surnom que son ami lui avait attribué. Certes, Elizabeth est peut-être riche, mais jamais elle ne s'en vante ni ne dénigre quiconque par rapport à son statut social, elle reste modeste et attentionnée envers tout le monde. Le contraste est assez plaisant, rafraichissant même.

- On a discuté un peu ce midi.

- Et ? 

- C'était dur de faire semblant, comme si tout était normal et qu'on était juste amis. Je déteste faire ça ! Mais d'un autre côté, je veux pas la blesser ou lui donner de faux espoirs.

- Logique.

Un silence plane au-dessus d'eux pendant un moment. Ils entendent seulement le bruit de leurs pas sur le pavé ainsi que l'agitation urbaine. Cette fois-ci, le jeune homme aux dents semblables aux crocs d'un renard suit le blond jusqu'à sa maison. Agréablement surpris, ce dernier ne protesta pas, savourant la compagnie silencieuse mais néanmoins apaisante du bleuté. Arrivé devant la porte couleur acajou de la petite demeure, Meliodas fouille dans ses poches avant de trouver ses clés. Ban étouffe un rire en le voyant grogner et s'agiter pour mettre la main sur son trousseau. La clef tourne dans la serrure. Un léger déclic parvient à leurs oreilles.

- Bah alors, tu me proposes pas d'entrer ? demande le géant en voyant le lycéen commencer à s'engouffrer dans l'ouverture.

Une étrange lueur passe dans les yeux du blond aux yeux émeraudes. Une désagréable sensation envahit le bleuté. Son estomac se noue en comprenant.

- Euh... si tu veux, je...

- Je plaisante, chef, dit-il avec son fameux sourire en coin. On se voit demain en enseignement scientifique.

- Ouaip ! A plus, mec.

- Ah, et au fait ! continue-t-il en s'approchant dangereusement de son ami.

Meliodas avale avec difficulté sa salive.

- Que ressens-tu pour la bourgeoise ?

- Je... je sais pas.

- C'est-à-dire ?

- C'est mon amie, je l'ai jamais considéré autrement et je suis pas sûr de vouloir tenter l'expérience avec elle.

- L'expérience ? s'esclaffe le jeune homme musculeux. Relax, on parle d'un couple, pas de ta première fois.

Les joues du lycéen de petite taille s'enflamment. Il ne voulait pas discuter de ce genre de choses avec lui. C'était bien trop gênant. Et pourtant une myriade de questions tournoient désormais dans son esprit. L'avait-il fait ? Avec qui ? Comment ? Les yeux d'un rouge intense de Ban se fichent dans ceux, vert profond, de Meliodas. La main de celui qu'on appelle "renard" est posée négligemment à côté de sa tête couleur blé.

- Chaque expérience vaut la peine d'être vécu, dit-il avec douceur. Et chacune est unique. Mais c'est à toi de voir si tu veux la tester. Car elle t'amène de nombreux horizons que tu n'aurais jamais cru explorer.

Il dépose sa joue légèrement piquante contre celle, presque imberbe, de l'adolescent. Une bise en somme tout ce qu'il y a de tout à fait normale. Ban s'éloigne, décontracté. Le visage brûlant de gêne, Meliodas referme la porte. Qu'est-ce que voulait dire les dernières phrases de son ami ? Y avait-il un sous-entendu ? Savait-il ?

La peur. Voilà l'étrange lueur qui était passé dans les prunelles du petit homme. La peur. Que me caches-tu, Meliodas ?

Hate me Love meUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum