Chapitre 14

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¤ M'aimes-tu ?

Tourmenté par ses insomnies et ses questions qu'il jugeait insignifiantes par rapport à son avenir, Meliodas sortit du self. Bizarrement, le fait de regarder son plateau avancer lentement sur le tapis roulant gris souris l'apaise. Il sourit en se faisant cette réflexion. Ses mains poussent sans réelle difficulté les portes du self. Le soleil effleure sa peau. Le froid glacial le fait frissonner. Quel paradoxe, un ciel dégagé avec un soleil rayonnant couplé à un froid hivernal. Il croise le regard d'Elizabeth. Les joues de la jeune fille rosissent tandis qu'elle se détourne. Ses longs cheveux argenté volent dans son dos lorsqu'elle se met dos au blondinet, échangeant dans le même temps quelques mots avec une camarade de classe. Un pincement serre l'organe vital du lycéen. Il aimerait tellement que tout redevienne comme avant... Malheureusement, une telle chose est tout bonnement impossible à réaliser. Un choc au niveau de son épaule manque de le faire trébucher. Il se rétablit en maugréant et tombe face à face à un regard noir.

- Fais gaffe où tu marches, mec !

Le blond aux yeux émeraudes se rendit compte qu'une fois de plus, il s'était tellement absorbé dans ses pensées qu'il avait fait abstraction du reste, à savoir la vie réelle. Devant son regard hébété, une lueur de curiosité apparaît dans les yeux du petit brun. Il s'agissait de King, l'un des amis de Ban. Également celui qui avait insulté le couple Diane-Howzer en début d'année. Depuis que le géant et Meliodas étaient devenus amis, la globalité du lycée laissait le petit groupe tranquille. 

- Désolé, réponds le blondinet.

Il contourne King, va s'assoir sur un banc et sort un vieux livre écorné. La lecture l'apaise. Il en oublie même le froid s'infiltrant dans l'intégralité de ses vêtements. Il ne bronche pas lorsque Diane s'installe à côté de lui. La jeune femme partage son temps entre Elizabeth et Meliodas. Elle avait deviné avant tout le monde les tendres sentiments qu'éprouvaient la dernière fille du directeur pour le blond solitaire. Et elle ne supporte pas la souffrance de son amie, ni le malaise du jeune homme.

- Yo, fit-elle.

- 'lut, Diane. Ça va ?

- Howzer me saoule avec sa passion folle pour les grenouilles.

Ils rirent en chœur pendant quelques instants, avant que la gravité ne revienne comme une chape de plomb sur eux.

- Sérieux, parle à Elizabeth. J'en peux plus de vous voir distants et mal à l'aise. Je veux retrouver mes amis, merde !

Soupir de la part du blond.

- Très bien. Si ça peut arranger les choses, je vais le faire.


- Hum, Elizabeth ?

Surprise, l'interpellée se retourne vivement. Elle se mord la lèvre et joue avec une mèche de cheveux argentés. Elle soupire de soulagement en ne sentant pas son visage ainsi que ses joues brûler, comme cela se produisait chaque fois que ses yeux croisaient ceux de son crush.

- Oui ?

- On peut parler ? Je veux dire... sans regards indiscrets, précise-t-il en balayant la foule de lycéens d'un geste de la main.

L'espoir et l'appréhension se mélangent dans son esprit. Un flot d'adrénaline parcourt ses veines. Elle rassemble rapidement ses affaires et se lève d'un bond. Meliodas, ouvrant le chemin, l'amène dans le jardin côtoyant le lycée. Selon les rumeurs, il appartenait à un propriétaire ronchon comme l'hiver et très vieux. Quoi qu'il en soit, c'était devenu le repère des fumeurs et un coin où l'on pouvait discuter sans crainte d'être entendu. Il suffisait juste d'accrocher un ruban rouge à un arbre (de manière à ce qu'il soit visible, bien entendu) pour signaler que le territoire était déjà pris. Le jeune homme prit une profonde inspiration avant de se lancer.

- Je ne sais comment gérer tout cela.

- Tout cela ? Je ne comprends pas...

Elle fait semblant de ne pas comprendre, de ne pas laisser le sens des mots se faire analyser par son cerveau. Au fond, peut-être n'avait-elle pas envie de cette discussion, de connaître la réponse ainsi que quels sentiments son amour pas si secret que ça éprouvait pour elle. Peut-être préfère-t-elle le confortable cocon que lui procurait cet amour intérieur, le fait d'aimer de loin son ami, sans risques et sans dangers.

- Elizabeth, m'aimes-tu ?

Hate me Love meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant