Chapitre 15

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¤ Il aimait

Ils allèrent dans la cour, aussi silencieux l'un que l'autre.


- Oui, répondit Elizabeth en baissant la tête, gênée.

Le blond lui redressa tendrement le menton. Hypnotisée par ses iris émeraudes, elle se figea. Qu'était-il en train de se passer ? Elle entrouvrit inconsciemment ses lèvres, prête à recevoir les lèvres de Meliodas. Tout son corps brûlait, s'enflammait à cause de l'attente insupportable. La proximité de celui qui faisait battre son cœur la torturait. Doux prémices de l'enfer. Elle le sentit reculer. Une amère déception la submergea.

- Excuse-moi, Elizabeth.

Elle commença à se sentir mal. La panique brouilla ses yeux et fit flancher ses fines jambes.

- Je ne sais pas ce qu'est l'amour. Mes... mes parents n'étaient pas le couple modèle, et... et mon père...

Il laissa sa phrase en suspens, traversé par les flashbacks. Jusqu'à quel point pouvait-il lui dire la vérité ?

- Je crois qu'il aimait ma mère, mais tellement mal qu'ils se sont séparés.

Il avait opté pour une demie-vérité.

- Pour se donner une idée de l'amour, c'est généralement nos parents qui incarnent cette idée.

- Donc, tu as peur de mal aimer ?

- J'ai peur de faire comme mes parents et je... je ne sais pas même pas comment savoir si j'aime quelqu'un ! J'ai cherché sur Internet mais...

- Tu sais, l'amour n'est pas universel. Il varie selon les personnes. Chacun vit les choses de différentes manières. Peut-être ton père était-il maladroit ou ne savait pas exprimer ce qu'il ressentait à propos de ta mère. Pour moi, quand une personne prend toute la place dans ton esprit, que tu t'inquiètes pour elle et que tu te sens étrange en sa présence, comme si elle faisait remuer quelque chose en toi, tu l'aimes. Tu te sens attiré par sa personnalité, son esprit, ses traits de caractères, par tout en fait.

Il eut l'impression de recevoir un coup dans l'estomac. Il aimait.

- C'est ce que tu ressens pour moi ? demanda-t-il.

Un hochement de tête lui répondit par l'affirmative.

- Puis-je réfléchir à tout ce que l'on vient de se dire ?

- Bien sûr ! Prends ton temps.

Elle n'avait pas songé que la vision que son ami portait sur le monde était différent. Elle pensait juste qu'il hésitait parce qu'il ne voulait pas gâcher leur amitié. Son intuition lui disait qu'il ne lui avait pas tout dit, qu'il cachait une partie de l'histoire. Un frisson parcourt sa colonne vertébrale.


Le blondinet pianote sur son téléphone. Puis, il éteint l'écran et le fourre dans sa poche. Il croise le regard de son amie. Un sourire vient réchauffer son visage blafard. Il prend sa main, tout doucement. Comme s'il tenait entre ses doigts quelque chose de précieux et d'infiniment fragile. Sa manière à lui de se faire pardonner pour l'angoissante attente qu'il lui faisait subir.

- On va voir les autres ? J'ai fini ma journée et je pensais qu'on pourrait aller prendre un café tous ensemble.

- Il me reste une heure avant de reprendre. Je suis partant !

- Cool ! Envoie un texto aux gars pendant que je trouve Diane.

Il clique sur l'application message en souriant. Elle ne lui en voulait pas. Il était heureux. Il aimait. Mais cet amour était-il seulement réciproque ? Il s'efforce de chasser ses questions lorsqu'ils se dirigèrent vers le petit café ayant élu domicile pas très loin de leur lycée. Il les oublie très vite. Qu'est-ce que cela faisait du bien de rire avec ses amis ! Comme avant. Il n'y avait plus aucun malaise et ils se sentaient bien. Diane adresse un sourire complice à Meliodas.

Hate me Love meWhere stories live. Discover now