Chapitre 25

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¤ randonnée "découverte"

La première nuit est horrible. Chaque fois qu'il ferme les yeux, une image cauchemardesque s'imprime sur sa rétine. Chaque fois qu'il s'endort, des cauchemars lui font perdre la tête. Faites que tout ça s'arrête, pitié.

Le lendemain, il descend avec les yeux cernés de violet et une boule au ventre. Elizabeth l'accueille d'un léger baiser sur les lèvres et lui sert une tasse de café. Il salue tous les autres d'un signe de tête, trop fatigué pour parler. La sensation amère de la boisson sur la langue lui procure une sorte de réconfort. La nuit est passée désormais. Place au présent. Dreyfus, l'air sévère, observe la petite assemblée d'adolescents mal réveillés.

- Aujourd'hui, nous ferons une randonnée classée "découverte". Elle sera normalement facile et sera un bon moyen de connaître un peu les montagnes ainsi que les différentes espèces y vivant.

- En clair, ce sera une mise en jambe, ajoute Hendrickson avec un sourire en coin.

C'est avec espoir que les adolescents possédant une condition physique moindre se regardèrent. Ban, le visage fermé, boit sans bruit son café noir, tenant d'une main la tasse vieillotte dénichée dans un des placards. Le blond regarde d'un coup d'œil circulaire les victuailles du petit-déjeuner éparpillées sur la table. Une vague de nausée le submerge à la vue de l'abondance de nourriture. Visiblement, ce n'était pas ce matin qu'il allait réussir à avaler quoi que ce soit. Diane, remarquant l'assiette vide de son ami, fronce les sourcils.

- Tu veux pas manger un petit quelque chose ?

- Pas faim, répond-il avec une moue désolée.

- Essaye quand même de manger, on va bientôt faire de l'effort physique et c'est mauvais de faire du sport à jeun.

- M'enfin ça va, c'est que de la rando, intervient Howzer. T'en fais pas pour lui, chérie, c'est un grand garçon.

Le grand garçon en question esquisse un mince sourire de remerciement. Il tend la main vers la coupelle de fruit et prend une banane. Au fond, la brune n'a pas tort. Et peut-être sera-t-il en meilleure forme après.


- Mais c'est quoi cette rando ?! gémit Gowther avec le peu de souffle lui restant dans les poumons.

- Boucle-la et marche ! réplique Ban en l'aidant à se relever de la souche de la bois sur laquelle le rosé s'était effondré.

- Économise ton souffle, Go', et ne pense qu'à mettre un pied devant l'autre, conseille la grande aux couettes en le faisant passer en tête de file.

La balade, en apparence facile et courte, s'est avéré en réalité une longue boucle d'une dizaine de kilomètres (pour avoir un meilleur aperçu de la région montagneuse) comportant beaucoup de dénivelés. Malgré les températures douces, à la limite entre la chaleur et le froid glacial, la petite troupe était en sueur et les pulls avaient rapidement volé. Ajoutant à la difficulté de la marche, ils peinaient à respirer parce qu'ils n'étaient pas encore habitués à la raréfaction de l'oxygène. Seuls les deux surveillants semblaient marcher sans peine, du moins pour le moment. Dreyfus se permit même l'audace de siffloter, faisant se retourner quelques têtes rendant rouges par l'effort physique qui le dévisageaient d'un air mauvais. Lorsqu'ils avaient voulus faire demi-tour, jugeant le niveau de la randonnée trop difficile, ils s'étaient rendus compte qu'ils ne se rappelaient plus par où ils étaient passés. Et que, comme par hasard, il n'y avait pas de réseau.

- Nous pouvons toujours suivre les panneaux en sens inverse, avait suggéré Elizabeth.

- Allez, les jeunes ! Un peu d'entrain ! avait rétorqué Dreyfus.

- Nous en sommes probablement à la moitié, ce serait dommage de faire demi-tour maintenant, non ? avait ajouté Hendrickson.

Et c'est ainsi que s'est clos le débat. Malheureusement pour eux, ils n'avaient fait qu'un quart de la boucle.


- Aaaaaaah, j'en peux plus ! J'crois que je vais mourir, geint le rosé.

- Faisons une pause pour nous reposer et nous hydrater, décide alors Hendrickson.

- Enfin ! soupirent d'aise Gowther et Diane.

- Bonne idée, acquiesce Dreyfus. On a une jolie vue ici.

Le frêle jeune homme aux cheveux fluo s'effondre par terre, grimaçant légèrement lorsque ses fesses heurtent durement l'herbe verte. Ses compagnons l'imitent, toutefois avec plus de délicatesse. Le bleuté repère Meliodas, à environ un mètre à côté de ses amis. Il échange quelques mots avec Escanor avant de rejoindre le blond. D'épaisses coulures de sueur sont visibles sur son ample tee-shirt, et son visage fatigué dessine un large sourire en voyant Ban. Ce dernier, vêtu d'un débardeur et d'un short de sport noir, s'assoit en tailleur près de lui.

- Tu tiens le coup ? demande-t-il en remarquant les poches violettes sous les yeux de Meliodas.

- Ça va, répond l'adolescent en haussant les épaules. Et toi, tu arrives à tenir la cadence ? reprend-il d'un ton malicieux.

Ban part d'un grand éclat de rire, faisant s'envoler quelques oiseaux gazouillant dans les arbres.

- C'est plus intense que les entraînements, c'est clair ! Mais bizarrement, je trouve ça plutôt agréable.

- Moi aussi. C'est apaisant d'être en pleine nature, éloigné de tout.

Ils se taisent, écoutant les insectes s'éveillant après le froid. Une libellule vient se poser sur la main du plus petit. Époustouflés, ils n'osent plus bouger. Soudain, cet être aux milles reflets et aux couleurs variant du bleu pur au vert le plus intense devient le centre de leur univers. Quand leur camarade de séjour rousse s'étire en soufflant, la libellule s'envole prestement. Comme si elle n'était qu'un rêve. Les prunelles verts émeraudes et les iris rougeâtres des deux amis se rencontrent. Regard empli de complicité, au goût de beauté.

- Me dites pas que vous allez vous embrasser, ronchonne Yuki.

L'impact de ces mots sont immédiat. Comme pris en faute, les deux garçons s'éloignent rapidement l'un de l'autre tandis que tous les regards se braquent sur eux. Embarrassés, leurs pommettes se colorent.

- Pfff, t'es bête, rit Diane, pensant qu'il s'agit d'une plaisanterie.

- Excusez-moi mais je trouve ça so gay, réplique la matheuse avec un sourire en coin.

L'argenté la fusille du regard. Puis, elle se lève pour s'assoir à côté du blondinet, et lui prend la main, marquant par ce biais son territoire.

Hate me Love meМесто, где живут истории. Откройте их для себя