Chapitre 22

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¤ Le départ

Le blondinet fourre quelques vêtements dans son sac à la va-vite. La porte de sa chambre s'ouvre. Étonné, il lève la tête pour dévisager sa mère. Elle lui sourit d'un air timide, tout en replaçant une mèche de cheveux fraîchement lavés derrière son oreille.

- Coucou, mon chéri. Tu t'en sors ?

- Oui, répond-il d'un ton froid.

Il connaît cette stratégie depuis bien trop longtemps pour faire semblant. Avec une moue déçue, elle s'assoit sur le lit de son fils. Puis, commence à plier des vêtements adaptés pour la marche avant de les mettre dans un bagage. Une boule serre la gorge de Meliodas. Le parfum à la fois doux et épicé de la femme qui lui a donné la vie le ramène à des bons souvenirs de son enfance. Les câlins après avoir manger, les batailles de guilis, les après-midis à jouer ensemble... Il s'éclaircit la voix.

- T'as rencontré encore quelqu'un ?

- Bien sûr que non, s'étonne-t-elle.

- Alors pourquoi tu fais ça ?

- Faire quoi ?

- Arrêter de picoler, te doucher, être propre sur toi, sourire et passer du temps avec moi.

Une lueur blessée traverse fugitivement les prunelles brunes de sa mère.

- Je sais que je n'ai pas toujours été une mère exemplaire. Et je m'en excuse.

Toujours le même discours.

- J'ai entendu parler d'une randonnée avec le lycée. C'est là que je me suis rendue compte que je n'étais pas là pour toi, que j'ignorais tout de ce qu'il passait dans ton monde, et que... que tu avais besoin de moi.

Il ne nie pas. Il ne nie pas parce que cela est vrai. Il a besoin d'elle. Il ne veux pas rester tout seul à la maison, à ruminer ses idées noires et à se débrouiller seul. Il veut une présence chaleureuse, réconfortante, juste se laisser porter et profiter. Il veut tellement croire à ce qu'elle lui dit. Juste une fois. Mais la fin est tellement prévisible. L'espoir est vite étouffé, tué dans l'œuf.

- Tu sais où sont mes chaussures de marche ? dit-il.

Un large sourire illumine le visage maternel. Elle sait que la trêve est signée. Elle hoche la tête avec enthousiasme et va les chercher.

Son déjeuner à la main, il est sur le seuil de la porte. Lentement, le blond se retourne. Il entend le "à bientôt mon grand" de sa mère, pleins de larmes. Il s'approche avec précaution. Et se blottit contre elle. D'abord surprise, elle referme les bras sur son plus jeune fils, comme pour le protéger. Elle est belle, pense-t-il. Elle est belle quand elle est sobre et joyeuse. Quand elle ne laisse pas les souvenirs assombrirent son présent.

- Je t'aime, Maman.


- Meliodas !!!! s'écrie une voix féminine dans la foule de lycéens stagnant près de l'autobus.

Il scanne du regard la masse grouillante afin de repérer ses amis. Aucune tignasse rose fluo, brune ou argentée. En revanche, la silhouette longue et musclée de Ban lui saute aux yeux. Attiré comme un aimant, le jeune homme se dirige vers lui. En pleine conversation avec un homme ressemblant fortement à un bodybuildeur, le bleuté ne le remarque pas immédiatement. Ignorant superbement son interlocuteur, il sourit au blondinet et lui fait un check en guise de salut. L'homme se racle fortement la gorge.

- Oh, excuse. Melio, j'te présente mon père.

La ressemblance frappante saute aux yeux de "Melio". Seuls les bras énormes et les fils d'un blanc pur qui sillonnent la chevelure couleur ciel du père les différencient. Une vague de malaise envahit le lycéen lorsque le regard désapprobateur du géniteur se pose sur lui. Il fait claquer sa langue avec mépris une fois sa petite inspection terminée.

- Papa, voici Meliodas, un ami du lycée.

- Ravi de vous rencontrer, déclare ce dernier en souriant.

- Enchanté, bougonne le père qui n'en pense visiblement pas un mot.

- Bon, on y va. Le bus va bientôt partir ! lance Escanor de sa puissante voix en faisant un geste de la main au père de Ban.

- A plus, lance Ban en s'éloignant.

Meliodas adresse un dernier regard méfiant à l'homme avant d'imiter le bleuté. Arrivé à la hauteur de son ami, il lui adresse un regard interrogateur.

- Un sacré numéro, hein ? T'en fais pas, au fond il n'est pas méchant. C'est juste qu'il n'accepte pas mes choix.

- De quels choix tu parles ?

Le brouhaha ambiant l'empêche d'entendre la réponse. Ils sont bientôt séparés par le mouvement de foule. Howzer saisit le blond par le bras et l'emmène vers un bus un peu à l'écart, déserté par l'ensemble des adolescents. Il éclate de rire en voyant sa tête interloqué.

- Eh oui, ça s'appelle le talent.

- Mais pourquoi personne n'y va ?

- Parce que tout le monde est allé à l'endroit où il y avait de la foule. Et ils ont sûrement eu la flemmardise de marcher jusqu'ici avec leurs grosses valises pleines de godasses et de fringues.

- Pas la peine de faire la description de l'intérieur d'une valise. On a tous pris les mêmes choses.

- Dépêche-toi, Howzer ! tonne la voix à moitié endormie de Diane.

Avec un sourire mortifié en direction du blond, il monte dans le car. Meliodas pose sa valise dans la soute, donne son nom au professeur surveillant le bus et monte. Diane, assise à l'avant, a la tête posé sur les genoux de son petit ami. Griamore et Gilthunder, sont juste derrière, en train de rire à quelque chose probablement déniché sur le net. Il s'assoit sans bruit derrière eux, tire sa capuche d'un bleu nuit profond et met ses écouteurs. La musique l'apaise presque aussitôt. Il se laisse emporter par le rythme envoûtant des instruments et par la voix planante de la chanteuse. Une petite tape sur l'épaule le fait subitement réintégré son corps. Bougon, il se tourne vers la personne l'ayant dérangé. Avant de totalement changer d'expression en voyant le visage du lycéen.

- Je croyais que t'étais dans l'autre bus, s'étonne-t-il.

- Ferme la bouche, tu vas gober des mouches, réplique le bleuté en se laissant tomber sur le siège vide à côté du blondinet. Plus sérieusement, quand je suis arrivé à la soute, un prof m'a dit que tout était plein. Idem pour tous les autres bus. Donc, par le fabuleux hasard qui me guide, je suis là. Et ton pote aux cheveux roses m'a dit que tu étais vers le début.

- Je me demande bien pourquoi il te l'a signalé. Tu m'aurais vu de toute façon.

- Au fait, t'étais pas censée te mettre à côté de la bourgeoise ?

Regard noir de la part du jeune homme.

- Normalement, oui. Mais je ne sais pas où elle est.

- Bravo l'implication, se marre Ban.

Tout de même amusé, le blond lève les yeux au ciel, un sourire aux lèvres. Quelques instants après, il reçoit un texto de sa petite amie.

Conversation avec Liz'

| désolée du retard, mon chat. me suis disputée avec mon père et ça a pris plus de temps pour venir du coup.

| merde, ça va ?

| oui, t'en fais pas. par contre le bus est plein à craquer :/

| je me suis installée à côté de Gowther. il m'a dit que Ban était ton voisin de siège.

| ouais.

| désolé de pas passer le trajet avec toi. je sais que t'avais hâte.

| t'inquiètes. on aura le retour <3

- Elle est dans le bus avec Gowther.

- Je sais.

- Tu lis mes messages maintenant ?!

- Mais non, abruti. Je les vois !

Ils éclatent de rire. Un pressentiment noue soudain le ventre de l'adolescent de petite taille. Il en est certain, quelque chose va se passer durant cette semaine de randonnée. Quelque chose qui va tous bouleverser leur vie.

Hate me Love meWhere stories live. Discover now