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Era

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Era

Je devais être maudite.

Immobile devant la grande porte noire fermée, mes membres semblaient pétrifiés à l'instar d'une statue de pierre, incapable d'esquisser le moindre mouvement ou la moindre respiration. Mon cœur lui, était loin d'être figé, battant à tout rompre contre mes côtes tandis que ses tambourinements incessant semblaient résonner jusque dans ma tête.

Cette réaction ne me ressemblait pas. D'ordinaire, je savais contenir mes angoisses, les transformants en force pour me donner plus d'assurance et me pousser à agir sans me poser de question. Mais là, devant cette grande porte qui renfermait toute mes plus sinistres et ancienne craintes, je me retrouvais désarçonnée.

Allait-il me reconnaître ? Devrais-je le prendre dans mes bras ? L'appeler Papa ?

Les questions fusaient dans mon esprit, m'assaillant de toute part sans me donner un instant de répit pour contre-attaquer.

Dans quel merdier m'avait-on embarqué ?

La veille, j'étais encore dans ma petite chambre simple et confortable, perdue au beau milieu de l'Ohio avec ma mère, mon beau-père et vivais une existence d'étudiante banale, entourée de quelques amis avec qui je passais mon temps à faire la fête . Et puis, en un instant, le cadre pourtant si tranquille de ma vie avait volé en éclat et je me retrouvais jetée dans le premier avion avec un allé simple pour la Californie où j'allais retrouver mon père, un homme mystérieux et dangereux que je n'avais plus revue depuis presque dix ans. Un étranger...

J'inspirai et expirai lentement pour tenter de me détendre et après une légère hésitation, toquai deux fois contre le bois noir de la porte. Au bout de quelques secondes silencieuses m'aillant parût durer une éternité, une voix grave et forte s'éleva :

-Entrez.

Ne me laissant plus le temps de céder à nouveau à la panique, j'appuyai sur la poignée et m'engouffrai dans le bureau en retenant mon souffle.

Debout face aux grandes baies vitrés, l'homme me faisait dos. Sa carrure imposante était identique à mes souvenirs, tout comme ce costume noir lui donnant l'apparence d'un homme d'affaire qui semblait être comme une seconde peau pour lui. La seule différence s'avérait être ses cheveux court désormais grisonnant, gage des années qui s'étaient écoulées depuis la dernière fois où je l'avais vue.

Lorsqu'il se tourna vers moi, une lueur de surprise traversa son regard polaire avant qu'il ne reprenne son ordinaire impassibilité grâce à laquelle il arrivait à masquer ses émotions, ne le rendant alors que plus intimidant. Il m'observa longuement tandis qu'un doux sourire chaleureux venait courber ses lèvres. Il paraîtrait presque heureux de me voir...

-Mais où est passé ma petite fille ? dit-il alors en se rapprochant.

Je lui adressai un léger sourire avant qu'il ne m'encercle de ses bras. Un instant troublée et ne sachant pas bien comment réagir, je finis par répondre avec une certaine timidité à son étreinte. Au bout de quelques temps, il se détacha légèrement puis sembla détailler chaque recoin de mon visage avec attention.

-C'est fou comme tu lui ressembles, m'avoua-t-il plus bas, à la manière d'un secret. Comment va-t-elle d'ailleurs ?

Je fuyai légèrement son regard tout en répondant avec une certaine appréhension :

-Bien, très bien même... Je crois que Franck la rend vraiment heureuse.

Mon père esquissa un sourire crispé. Ma mère et son nouvel amant s'avéraient toujours être un sujet sensible pour lui. Après avoir échangé quelques banalités, il m'invita à aller m'asseoir sur un siège de cuir face à son bureau et sortit d'un pas rapide, me laissant seule au milieu de cette grande pièce où tout respirait l'opulence. À ce que je pouvais constater de par ces fauteuils de cuirs, ces dalles de marbre noir, ce bureau en bois d'acajou et ce grand tableau d'art abstrait, être chef d'un cartel de drogue s'avérait être un emploi assez bien rémunéré...

Agacée d'attendre prostrée dans ce siège trop confortable, je me levai afin d'explorer un peu plus en détail la grande pièce. L'immense baie vitrée offrait une vue à couper le souffle, sublimée par le soleil perçant à travers les nuages noirs. Je sursautai quand tout à coup, la porte s'ouvrit à nouveau. Mon père s'avança jusqu'à s'arrêter à mes côtés, fixant à son tour l'horizon s'étendant face à nous.

-La vue est splendide d'ici n'est ce pas ? C'est pour cette raison que j'ai fait construire le repère à cet endroit. Je voulais pouvoir la contempler tous les jours, m'avoua-t-il alors.

Je tournai mon regard vers lui pour étudier ses traits quelques instants, redécouvrant petit à petit cet homme avec qui je partageais un lien du sang tristement plus fort que les liens du cœur. Après quelques minutes de silence, il m'invita à retourner m'asseoir sur le siège alors qu'il prenait place derrière le bureau face à moi. La mine sérieuse, il joignit ses deux mains devant lui avant de plonger ses yeux dans les miens.

-La situation est plus grave que ce que tu ne crois Erato, ce n'est pas un jeux.

-J'en suis persuadée. Sinon, jamais tu n'aurais pris la peine de me faire venir ici, rétorquais-je.

Ma franchise sembla quelques peu le surprendre avant qu'il ne m'adresse finalement un regard contrit. Je ne voulais pas de ses remords. Il avait fait le choix très tôt de me faire sortir de sa vie pour des raisons évidentes et personne ne pouvait changer ça. Mais malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de lui lancer quelques piques afin qu'il ne s'imagine pas pouvoir se faire à nouveau une place dans ma vie avec une si grande facilité. J'avais par le passé trop souffert de son départ soudain pour me refaire avoir une fois de plus et ne voulais pas risquer de rouvrir si vite des plaies ayants prit autant de temps à cicatriser.

Il se racla la gorge et continua d'une voix monocorde :

-Pour assurer ta sécurité face à cette situation de crise, j'ai chargé un de mes hommes de te surveiller et te protéger vingt-quatre heures sur vingt-quatre...

-En d'autres terme, tu as demandé à un de tes gros loubards dangereux, violent, armé jusqu'au dents et psychopathe sur les bords de prendre soin de moi ? ironisais-je.

-C'est à peu près ça en effet, répondit-il dans un demi-sourire.

Je croisai les bras et m'enfonçai un peu plus dans mon siège en le fixant dubitative, un sourcil haussé.

-Et pourrais-je savoir qui aura l'honneur de tenir ce rôle ?

Alors qu'il s'apprêtait à prendre la parole, la porte s'ouvrit à la volée, me faisant me retourner vivement.

Tout à coup, comme la matérialisation physique de la réponse à mes questions, une silhouette qui m'était loin d'être étrangère s'avança dans le bureau, plongeant son regard ombrageux dans le miens alors que je sentis tout espoir de survie quitter peu à peu mon corps.

J'étais définitivement maudite.

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Et voilà les deux premiers chapitres de Fallen Angel sont postés ! :)
J'espère qu'ils vous auront plu et vous auront donné envie de continuer l'histoire hihi !

N'hésitez pas à me donner vos impressions que ce soit sur les personnages, l'écriture ou bien même l'histoire en elle même, ça me ferait très plaisir d'avoir des retours.

À très vite <3

Fallen Angel (sous contrat d'édition chez BMR)Where stories live. Discover now