7. Team

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De retour en classe, la sonnerie retentit avant même que nous ne regagnions nos chaises, et c'est avec soulagement que nous avons dit au revoir à Descartes et Kant.
D'un pas pressé, Clément mena l'ensemble de la classe vers le préau où nous allions avoir notre premier cours de sport spécialisé. Jusque-là nous avions travaillé la théorie et postulé pour le type de discipline que nous voulions présenter pour les épreuves du baccalauréat. A présent, nous devions nous diviser en fonctions des sports choisis.
Je vis avec stupeur la majorité des filles de la classe, dont Charlotte, Nour et Alice se diriger vers la poule natation/badminton/gymnastique. Pendant que je marchais à reculons vers la poule athlétisme/natation/basket principalement constituée de garçons, dont Corentin, Clément et Mehdi. Ce n'est pas que j'avais peur de me casser un ongle, je n'étais vraiment pas ce genre de fille. J'appréhendais juste les tensions avec des garçons qui, visiblement ne me portaient pas dans leur cœur. La métisse d'il y a quelques heures passa devant moi :
"Oh. En voilà une qui n'a pas peur de transpirer. Ça change..." siffla-t-elle avant de poursuivre son chemin, suivie de près par un essaim de jeunes filles. Je balayai le préau du regard avant d'être piégée dans celui de Charlotte qui cherchait apparemment mon attention depuis un moment. Elle me désigna du doigt, avant de me faire un signe de mort, me désigner à nouveau du doigt, puis Corentin, puis me faire un nouveau signe de mort. Je déglutis. Celui qu'elle surnommait Féfé Jambd'acier n'était pas présent aujourd'hui. Felix n'avait été assigné à aucun groupe, son handicap le dispensait de participer à l'épreuve de sport au Baccalauréat.
"Où est Thomas?" demanda M. Rouland, une liste à la main.
"Il est encore aux Philippines, il revient pas avant fin Septembre." répondit Corentin. Le prof d'EPS fronça les sourcils, et Corentin resta silencieux. Une autre personne prit sa place en tant que porte-parole du dénommé Thomas :
"Billets d'avion. Il allait pas payer 200 euros de plus pour vos beaux yeux M. Rouland." glissa Charlotte, de sa voix la plus hypocrite.

"L'essentiel des cours auront lieu dans le gymnase Léo Lagrange, à quelques pas du lycée. Je vous demanderai d'être assidus, et sérieux. Ma matière n'a pas un gros coefficient, mais elle peut faire la différence." insista-t-il, avant de dévorer Clément du regard. "Surtout si vous n'êtes pas intelligents."
"Pourquoi vous me regardez en disant ça? Je suis très..." commença le bouclé. Il hésita avant de poursuivre : "Intelligent..." finit-il à voix basse, déclenchant une vague de fou rire au sein de la classe. Son regard se perdit dans le néant, et j'en eus un pincement au cœur. Il ne parvenait même pas à se convaincre qu'ils se trompaient sur lui. Pauvre enfant.
"C'est ça oui. Le groupe de basket, vous serez avec moi. Le groupe de bad' avec les Terminales ES, celui de natation, les premières S ..." énuméra-t-il d'une voix claire, tandis que les différents élèves autour de moi ramassaient leurs affaires. Je fis de même, mais fut interpellée.
"Oh, et ... Emma? C'est ça?"
"Oui..." répondis-je, d'un ton amer, me rappelant du coup fourré du jour de la rentrée. Il s'avança jusqu'à moi de sa démarche chaloupée et plongea ses yeux verts dans les miens.
"Il semblerait que vous soyez sujette à des crises d'asthmes, et que vous avez une ordonnance vous autorisant à quitter mes cours..."
"Ouais il m'arrive d'avoir des crises pendant l'effort, mais rien de grave, j'ai juste besoin de pouvoir utiliser ma bombe quand je panique."
"D'accord. Je voulais juste faire le point avec vous..."
"OK." soufflai-je avant de marcher d'un pas vif vers la sortie.
"Hum... Mademoiselle Veillon?"
"QUOI ENCORE?!" hurlai-je malgré moi. Trente paires d'yeux se braquèrent sur moi et mon teint vira au rouge. Damien Rouland m'adressa son sourire le plus éclatant, apparemment ravi de m'avoir contrariée, avant de m'indiquer la direction opposée.
"Le gymnase c'est par là." répondit-il d'un ton nettement moins plaisantin. La classe se tut. "J'espère que tu mettras autant d'énergie sur le terrain." marmonna-t-il à voix basse en griffonnant sur sa liste. La manière dont il passa sa langue sur ses lèvres me fit froid dans le dos, et c'est très incertaine que je me dirigeai vers le gymnase.

MYTHOLOGIESWhere stories live. Discover now