11. Apollon et sa Pythie

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Et sur ces mots elle quitta le bar. J'attendis quelques minutes, tentant de comprendre la gravité de la situation et quittais le bar à mon tour. De retour dans ma chambre, j'ouvrais le livre de ma mère. Clément ne donnait toujours pas signe de vie et je décidais de le laisser tranquille. J'avais eu ma dose de... Voilà. Je cherchais dans le livre de ma mère des informations sur le lien entre Héra et Echo.

D'après un récit le plus connu, Ovide, raconte qu'une nymphe, nommée Écho, avait la coupable habitude de retenir l'attention d'Héra par d'incessants bavardages lorsque Zeus trompait son épouse légitime et folâtrait avec les belles mortelles. Un jour, Héra s'aperçut de la ruse et punit Echo en la condamnant en ces termes : « Tu auras toujours le dernier mot, mais jamais tu ne parleras la première. »

Je refermais le livre d'un coup sec. Clara était en train de se foutre dans la merde. Et une merde bien noire. Je me laissais une note à moi-même : sortir ma pote de ce guet-apens avant qu'elle ne se fasse avoir... Une deuxième fois.

[...]

Ma prophétie sur la prof de Philosophie s'accomplissait. Je la voyais plus souvent que ma mère et cela ne semblait pas gêner cette dernière. J'avais même l'impression qu'elle se réjouissait de mon absence, ou peut-être que j'étais trop parano. Je passais naturellement mes week-ends avec Clément. Il était bien plus distant qu'avant, ce n'était plus pareil. Son appart était tellement grand que nous pouvions parfois passer une journée entière sans se voir, hormis pour dîner. Les fêtes s'étaient arrêtées, la chambre secrète avait été fermée à clef.
J'étais super casanière et je ne voulais pas qu'il prenne ça pour du squat. J'avais une maison, une mère un foyer, je ne voulais juste pas y retourner. Et je l'avais bien accueilli dans ma chambre après tout. Au bout de la troisième semaine je sentais qu'il était temps pour moi de partir. On était tout le temps ensemble. Clara passait des examens et je me rabattais sur Clément. Il était littéralement dévoré de l'intérieur par son chagrin d'amour et en restant chez lui je partageais son fardeau. J'étais restée une serpillère à émotions, beaucoup trop empathique. Je devais apprendre à maitriser ce pouvoir.

Je décidais donc de répondre aux avances de Léo. Il voulait se faire pardonner, rentrer dans mes bonnes grâces. Me prouver qu'il était loyal, et je savais que Yaëlle aussi, mais elle était trop fier pour l'avouer. Ils allaient bien ensemble.

Les deux groupes ne se mélangeaient jamais. Il était vraiment rare de trouver la Team de Yaëlle et les filles de Léo au même endroit au même moment, j'étais fascinée. J'allais donc chez Yaëlle dans un premier temps. Comme d'hab' nous allions faire du sport avec sa Team. Je n'étais pas traitée comme un intrus au contraire. Puis venait le temps des micro-conférences de Yaëlle où elle nous expliquait ses concepts féministes un peu radicaux.

"Si vous gardez la chatte fermée jusqu'en Terminale vous avez tout gagné." commença-t-elle, d'un ton beaucoup plus détendu que la dernière fois. "Les mecs au Lycée vont tout, je dis bien TOUT faire pour perdre leur virginité, ils s'en battent les couilles de vos fondants au chocolat en forme de cœur." s'exclama-t-elle.

Un débat fut lancé. Les pour ou contre la virginité après le lycée. Je restais silencieuse, personne n'avait besoin de savoir ce qui se passait là-dessous.

"Moi je pense qu'il faut le faire. Parce qu'ils ont plus d'expérience que nous après et ils font grave les malins !" cria l'une.
"Je mérite plus que du sexe médiocre jusqu'à la fin de ma vie, je préfère être lesbienne." affirma une autre. Tout le monde éclata de rire. Yaëlle toussota.
"Heuh, déjà de base on est censées toutes rester vierges." interjecta Sonia, plus sérieusement. Elles éclatèrent toutes de rire.

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