Chapitre 10

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Le lendemain matin, le procureur convoqua Florence au palais de justice.

Il l'attendait, en compagnie de Vasseur, qui avait pris sa décision et l'annonça sans attendre. Elle avait tiré sans être en légitime défense, mais avec des circonstances atténuantes. Elle serait mise à pied pendant un mois, et pourrait reprendre son service sous réserve de l'accord de la psychologue de la police. Florence fit la moue, mais elle savait que c'était la procédure, elle ne pourrait donc pas y échapper. Vasseur quitta le bureau. Le procureur informa Florence qu'étant donnée la situation, il différait d'un mois supplémentaire la transmission de sa lettre de démission, lui laissant ainsi tout le temps de réfléchir à sa décision.

Une fois Florence sortie du bureau, le procureur appela le capitaine Roche pour l'informer de la décision de l'IGPN. L'intérim du commissariat lui revenant de fait, puisqu'il était le plus haut gradé après Florence. Quand il serait de retour après son arrêt de travail, évidemment. En attendant, pour quelques jours, le procureur assurerait directement la supervision administrative et les lieutenants Maleva et Marchand assureraient conjointement la direction des opérations sur le terrain.

Pascal n'avait aucune envie de diriger le commissariat dans ces circonstances, mais il n'avait pas vraiment le choix. Il essaya à nouveau d'appeler Florence, sans aucun résultat. Il lui laissa un nouveau message, il n'avait plus qu'à espérer qu'elle l'écouterait.

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Florence en voulait à Jules, et l'avait méchamment renvoyé à sa coloc' la veille. Jules avait décidé de la jouer profil bas pendant quelques temps pour que sa mère puisse se calmer.

Au bout de trois jours, Jules était toujours sans nouvelle de sa mère, alors qu'il avait essayé de l'appeler à plusieurs reprises. Il finit par s'inquiéter sérieusement de son silence et se décida à aller la voir.

Il la trouva vautrée sur le canapé en tenue d'intérieur, les cheveux en bataille et l'air hagard.

- Maman ?

Elle tourna la tête vers lui sans vraiment le voir, ce qui inquiéta Jules.

- Maman ? ça va ?

- ....

- T'as pris quelque chose ?

- Hein ? non... elle semblait atterrir. Qu'est-ce que tu fais là ? t'es pas au travail, en quête d'un scoop ? demanda-t-elle d'un ton sarcastique.

- Maman...OK, j'ai fait une grosse connerie. J'ai compris. Et ça me servira de leçon, tu peux me croire.

- J'espère bien !

- Maman, tu peux pas rester comme ça. Il faut réagir. Regarde toi...tu as mangé au moins ?

- Pourquoi ? il est quelle heure ? Elle remarqua alors qu'il faisait nuit...déjà ?

- 21h. T'as pas mangé depuis quand ?

- .....

- Maman ?! Bon, je vais te préparer un truc vite fait.

Il se dirigea vers la cuisine, ouvrit la porte du frigo : vide. Les placards : à peu près pareil...

- Maman, depuis quand t'as pas fait les courses ?

Il fit avec ce qu'il trouva puis ils dinèrent en silence.

- Je peux rester dormir ici ? Jules s'inquiétait pour sa mère. Il était en grande partie responsable de la situation.

- Si tu veux.

Sa mère se plaignait toujours de ne plus le voir depuis qu'il habitait en colocation, alors cette réponse peu enthousiaste lui fit l'effet d'une douche froide. Il gagna tristement sa chambre.

L'humeur de sa mère ne s'arrangeant pas, il décida de revenir habiter chez elle quelques temps, pour être au moins sûr qu'elle mange un peu...

Le lendemain soir, il était rentré après avoir fait les courses pour remplir un minimum le frigo et les placards. Il prépara à dîner puis mangèrent à nouveau en silence. L'ambiance ne s'était pas vraiment améliorée...

Ils gagnèrent chacun leur chambre sans avoir échangé plus de quelques phrases au cours de la soirée.

Jules dormait lorsqu'un cri le réveilla en sursaut. Il réalisa qu'il venait de la chambre de sa mère. Il s'y précipita inquiet, alluma la lumière et trouva sa mère assise dans son lit, tremblante et en larmes.

- Maman...

Florence remarqua alors la présence de son fils.

- Je t'ai réveillé, je suis désolée...

- c'est pas grave. Hé...ça va ?

Il s'approcha et s'assit sur le bord du lit. Les pleurs de Florence redoublèrent. Jules s'installa alors à côté de sa mère sur le lit et passa un bras autour de ses épaules puis la ramena doucement vers lui. Florence se laissa faire et se calma lentement, au rythme de la respiration de son fils. Au bout d'un moment, ils s'endormirent ainsi, tous les deux.

Le matin, Jules se réveilla le premier. Il se dégagea doucement pour ne pas réveiller sa mère et fila vers la salle de bain pour se préparer. Avant de partir travailler, il prépara un bon petit déjeuner, pour lui mais surtout pour Florence quand elle se lèverait, il laissa un petit mot à côté de sa tasse qu'il avait posée sur la table.

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