Chapitre 15

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Le lendemain, Florence s'était levée tôt. Elle en avait eu assez de se tourner et se retourner dans son lit, sans espoir de retrouver le sommeil.

Elle était en train de déjeuner, lorsque Jules arriva dans la cuisine, étonné d'y trouver déjà sa mère. Il lui dit bonjour en l'embrassant. Il sentit qu'elle était tendue. Encore plus que les jours précédents, ce qui n'était pas peu dire... Son rendez-vous chez la psy la stressait inévitablement. Il était au courant et bien décidé à rester avec elle en ce début de matinée, autant pour lui tenir compagnie et l'y conduire que pour s'assurer qu'elle irait effectivement. Car elle était bien capable de se défiler au dernier moment...

À 9h45, Jules dit à sa mère qu'il était temps d'y aller, elle allait finir par être en retard. Il avait raison... Aucun des deux ne parla durant le trajet. Arrivés à destination, Jules embrassa sa mère et lui souhaita bon courage. Elle lui sourit faiblement avant de sortir de la voiture. Il redémarra après s'être assuré qu'elle était rentrée dans l'immeuble et qu'elle n'en ressortait pas.

La psychologue reçut Florence immédiatement et la fit mettre à l'aise. Elle demanda à Florence de fermer les yeux.

Puis elles commencèrent la séance. Doucement d'abord, puis les questions de la psychologue se firent de plus en plus précises. Elle avait étudié avec attention le dossier de Florence, relu les notes sur sa séance de la veille et savait exactement où amener sa patiente.

Elle sentait qu'elle commençait à s'approcher du point de rupture de Florence. La respiration de celle-ci devenait plus rapide. La psychologue marqua un léger temps de pause pour la laisser souffler un peu, puis elle reprit en accentuant encore la pression de ses questions.

Toute la difficulté de l'exercice pour la psychologue consistait à pousser sa patiente le plus loin possible dans ses retranchements, au plus près du point de rupture sans jamais l'atteindre ou le dépasser. Un exercice d'équilibriste, en quelque sorte. Et, là, elles étaient toutes les deux sur la corde la raide. La psychologue n'avait pas le droit au faux pas, au risque d'anéantir tous les efforts que Florence avait faits jusque là. Dès qu'elle sentait Florence sur le point de craquer, elle lui permettait de récupérer avant de poursuivre.

Et la méthode portait ses fruits, Florence finit par se livrer complètement, comme elle ne l'avait encore jamais fait. La psychologue la ramena alors doucement à la réalité et lui dit qu'elle pouvait ouvrir les yeux.

La sonnette retentit. La psychologue se dirigea vers l'entrée en prenant soin de refermer la porte du bureau derrière elle. Ce n'est qu'à ce moment-là que Florence réalisa que ses joues étaient mouillées. Elle pleurait, depuis un moment déjà probablement car le col de son chemisier était trempé. Elle ne s'en était même pas rendu compte.

La psychologue ouvrit. Jules se présenta. Elle le fit entrer dans la salle d'attente et lui demanda de patienter quelques minutes. Sa mère en avait besoin pour recouvrer un peu ses esprits. La séance avait été fructueuse mais éprouvante. Peut-être Florence éprouverait-elle le besoin de se confier à lui. Il n'aurait qu'à l'écouter, mais il ne devait pas la forcer à lui parler. Chacun réagissait différemment après ces séances.

Elle laissa Jules et retourna dans le bureau. Florence reprenait lentement ses esprits. La psychologue lui demanda comment elle se sentait.

- A vrai dire, je ne sais pas trop...

- On se revoit demain, à la même heure ?

- Demain ? la voix de Florence était faible et tremblante. Elle ne supporterait pas une telle épreuve deux fois de suite...

- Je sais que ça n'a pas été facile, mais on a bien avancé aujourd'hui, fit remarquer la psy avec un sourire compatissant. Et ce que je prévois pour demain ne ressemble pas du tout au travail qu'on a fait aujourd'hui, si ça peut vous rassurer.

- ...

- Florence, vous n'avez pas fait tout ça pour rien. Il faut aller au bout.

Florence soupira et acquiesça d'un mouvement de tête, elle n'avait pas la force de faire plus. La psychologue revint vers elle et lui demanda gentiment si elle était prête pour retrouver son fils. Florence secoua la tête pour dire oui et se leva, péniblement. Elle suivit la psy vers la salle d'attente où Jules l'attendait. Quand la porte s'ouvrit, Jules fut bouleversé en voyant sa mère : elle avait l'air si fragile, les yeux encore rougis et humides. Il s'avança vers elle :

- Maman... et l'entoura de ses bras.

Florence se serra contre lui et lui rendit son étreinte. Elle avait besoin de puiser de la force auprès de son fils. Ils sortirent et Jules la ramena au chalet, où il avait préparé un bon déjeuner. De quoi lui remonter un peu le moral. Ils déjeunèrent tranquillement. Florence semblait beaucoup plus détendue que les jours précédents, mais ne se confia pas vraiment sur sa séance. Puis Jules dut partir travailler. Il n'était pas rassuré à l'idée de la laisser seule, mais n'avait pas vraiment le choix.

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